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À La Une - Turquie

50.000 personnes aux obsèques d'un célèbre avocat kurde tué lors d'une fusillade

Les partisans de Tahir Elçi dénoncent un "assassinat planifié".

Plus de 50.000 personnes ont rendu un dernier hommage au bâtonnier de l'ordre des avocats de Diyarbakir, Tahir Elçi, en accompagnant son cercueil, recouvert du drapeau kurde aux couleurs rouge, verte et jaune, dans les rues de la grande ville à majorité kurde.

Des dizaines de milliers de personnes ont assisté dimanche à Diyarbakir, dans le sud-est de la Turquie, aux obsèques du célèbre avocat kurde Tahir Elçi, dont la mort par balle la veille lors d'une fusillade nourrit les suspicions contre le gouvernement d'Ankara.

Plus de 50.000 personnes ont rendu un dernier hommage au bâtonnier de l'ordre des avocats de Diyarbakir en accompagnant son cercueil, recouvert du drapeau kurde aux couleurs rouge, verte et jaune, dans les rues de la grande ville à majorité kurde.

Derrière une immense banderole noire "nous ne t'oublierons pas", de nombreux avocats venus de toute la Turquie ont accompagné leur confrère, emmenés par le président du conseil national des barreaux de Turquie Metin Feyzioglu et des élus. "Les martyrs ne meurent pas, Tahir Elçi est immortel", ont scandé les manifestants au passage de la dépouille de la victime, recouverte d'oeillets rouges.
"Nous sommes très tristes. La balle qui l'a tué visait la paix et laisse tout un peuple orphelin", a déclaré dans la foule Kadri Kavut, 47 ans. "C'est une attaque contre le peuple kurde, mais le peuple kurde ne se taira pas comme ça", a promis Mehmet Tekin, 56 ans, "nous avons perdu un Tahir mais 1.000 autres prendront sa suite".

Défenseur renommé de la cause kurde et des droits de l'Homme, Tahir Elçi 49 ans, a été tué samedi à Diyarbakir alors qu'il venait d'achever une conférence de presse. Une fusillade a éclaté à proximité entre des hommes armés non identifiés et des policiers. L'avocat a été atteint d'une balle en pleine tête, sans qu'il soit encore possible de déterminer s'il a été spécifiquement visé ou victime d'une balle perdue. Deux policiers ont également été tués et plusieurs autres personnes blessées.

La mort de M. Elçi a ravivé les tensions dans le sud-est de la Turquie, où des combats meurtriers ont repris depuis l'été entre les forces de sécurité turques et les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), après plus de deux ans de cessez-le-feu.

 

(Lire aussi : « En Turquie, il y a vraiment des gens atteints du syndrome de Stockholm »)


'Assassinat planifié'

Ces affrontements ont sonné le glas des pourparlers de paix engagé fin 2012 pour mettre un terme à un conflit qui a déjà fait plus de 40.000 morts depuis 1984.

Bien que réputé pour sa modération, Tahir Elçi faisait l'objet de poursuites judiciaires pour avoir déclaré mi-octobre à la télévision que le PKK "n'est pas une organisation terroriste (...) même si certaines de ses actions sont de caractère terroriste". Il risquait jusqu'à sept ans et demi de prison pour "apologie du terrorisme".
Les partisans de M. Elçi ont dénoncé un "assassinat planifié" et intimé le gouvernement de faire "toute la lumière" sur ses circonstances.

"Nous doutons que le mystère autour de ce meurtre politique soit un jour levé", a regretté le chef de file du Parti démocratique des peuples (HDP, prokurde), Selahattin Demirtas, lors des funérailles. "Ce qui a tué Tahir n'est pas l'Etat, c'est plutôt l'absence d'Etat qui l'a tué", a-t-il dénoncé.

Les autorités turques ont jusque-là refusé de confirmer l'hypothèse d'un assassinat. Comme le président Recep Tayyip Erdogan la veille, le Premier ministre islamo-conservateur Ahmet Davutoglu a mis en cause dimanche les rebelles kurdes. "Il est désormais clair que le pistolet (qui a tué M. Elçi) appartient aux terroristes qui ont tué nos policiers", a affirmé M. Davutoglu devant la presse. "L'organisation terroriste à l'origine de ces incidents est responsable de ce qui s'est passé et nous continuerons donc à la combattre jusqu'au bout", a-t-il ajouté.

Plusieurs ONG, dont Human Rights Watch et a Fédération internationale des droits de l'Homme (FIDH), ont exigé "une enquête complète et indépendante" de la Turquie après la mort de l'avocat et insisté pour ses auteurs soient "déférés devant la justice". Depuis treize ans au pouvoir, le parti de MM. Erdogan et Davutoglu a remporté les législatives du 1er novembre sur la promesse d'éradiquer le PKK.

 

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