Rechercher
Rechercher

Liban - Otages militaires

Faux espoirs et désillusions accablent, malgré le vent d’optimisme, les familles des militaires otages

Une fillette allumait une bougie hier devant le mur où sont exposés les portraits des militaires tués et ceux des militaires toujours pris en otage par les groupes islamistes depuis août 2014 à Ersal. Photo Rania Raad Tawk

Hier soir, les informations rapportées par les médias concernant une éventuelle opération d'échange dans la nuit entre des prisonniers islamistes incarcérés à Roumieh et les otages militaires détenus par le Front al-Nosra dans le jurd de Ersal ont ravivé l'espoir dans le cœur des parents des détenus qui n'osent même plus y croire.
Vingt-cinq soldats et policiers sont toujours aux mains des jihadistes de l'État islamique et du Front al-Nosra depuis les affrontements sanglants avec l'armée libanaise à Ersal, dans la Békaa, en août 2014. Quatre ont déjà été assassinés en captivité, et seuls quelques-uns ont été relâchés.

« Je ne sens rien de nouveau pour être honnête avec vous, rien dans mon cœur ne m'a soulagée après avoir entendu les nouvelles, je sens le même désespoir, et la douleur qui retient mon souffle est toujours présente », lance la sœur du soldat détenu Pierre Geagea avec une voix étranglée par l'émotion. « Personne ne nous met au courant de rien, nous avons reçu comme tout le monde des informations selon lesquelles il y aurait un échange imminent, nous avons accouru, sans réfléchir, vers la place ici afin de nous retrouver entre parents de détenus et partager toute nouvelle information, nous nous soutenons mutuellement depuis un an et demi », reprend-elle, laconique.

La place Riad el-Solh ressemble à un champ de bataille. Devant le Grand Sérail qui trône majestueusement dans le secteur s'entremêlent dans un périmètre restreint les crises qui paralysent l'État actuellement : des sacs d'ordures lacérés et traînant sur les fils barbelés rappellent la crise des déchets ; juste derrière, les tentes accueillant les parents des otages militaires, dont les portraits ornent tous les recoins et qui sont exposés sur un mur devant lequel sont allumées des bougies, rappellent l'impuissance de l'État à protéger et libérer ses citoyens. Les caméras des journalistes, à l'affût de scoop, traînent sur les trottoirs, faute de bonnes ou mauvaises nouvelles.

« Ce n'est pas la première fois qu'on nous promet la libération de nos enfants, qu'est-ce qui prouve que cette fois-ci ils tiendront leurs promesses ? Nous ne savons plus qui croire et à quel responsable nous vouer, mais le général (Abbas) Ibrahim nous a promis qu'il poursuivra ses efforts et que la médiation est toujours en cours, sans qu'il puisse pour autant nous tenir au courant de plus de détails », explique le frère du détenu Abbas Mcheik. « Nous n'avons plus ni les nerfs ni l'énergie de croire en de faux espoirs, nous ne nous réjouirons qu'au moment où nous nous retrouverons face à face avec nos enfants et frères », conclut-il.

« Dieu est le seul garant, il est le seul témoin de nos souffrances et de celles des soldats éloignés de leur familles et qui sont sûrement dans un état psychique lamentable à force d'attendre, seuls, face à leurs ravisseurs sans aucune information qui les rassure », reprend la sœur de Pierre Geagea. « Depuis trois mois, nous n'avons plus aucune nouvelle et nos responsables nous promettent depuis plus d'un an d'étudier sérieusement le dossier, mais aucune percée n'est en vue », dit-elle. « Nous nous relayons entre plusieurs familles afin d'assurer une permanence à Riad el-Solh. Hommes, femmes et enfants se retrouvent souvent avec la même lueur de détresse dans le regard. Qui peut conforter qui ? Nous sommes à bout, il est temps de mettre un terme à cet épisode douloureux et humiliant », se lamente-t-elle en détournant ses yeux creusés par la fatigue et la tristesse.

Plusieurs groupes se forment et des informations sont partagées dans la tente principale où des membres des familles se sont regroupés devant le petit écran, dans l'attente d'une nouvelle les éclairant sur le sort de cette possible opération d'échange. Ce qui les rassemble est plus fort que tout. La douleur de la séparation d'un être cher nécessite pour eux la mobilisation de la République entière car sa dignité en dépend. La nuit est encore à son début et combien d'entre eux rêveraient-ils ce soir de se réveiller sur une bonne nouvelle les retirant de ce cauchemar quotidien! Pour le moment, ils n'osent pas y croire et préfèrent patienter et espérer comme ils le font depuis un an et demi et comme ils continueront probablement à le faire demain jusqu'à ce que le général Abbas Ibrahim ou le chef du gouvernement déclare officiellement la libération des otages.

 

Pour mémoire
Les familles appellent la Turquie à intervenir auprès des ravisseurs

« Ces militaires représentent tous le Liban. Si le dossier n’est pas clos, il n’y aura de solution à rien »

 Qui sont les militaires libanais otages des jihadistes?

Hier soir, les informations rapportées par les médias concernant une éventuelle opération d'échange dans la nuit entre des prisonniers islamistes incarcérés à Roumieh et les otages militaires détenus par le Front al-Nosra dans le jurd de Ersal ont ravivé l'espoir dans le cœur des parents des détenus qui n'osent même plus y croire.Vingt-cinq soldats et policiers sont toujours aux...

commentaires (1)

"Le cauchemar" de ces familles est compréhensible. Souhaitons qu'ils en sortent immédiatement.

Halim Abou Chacra

17 h 08, le 28 novembre 2015

Tous les commentaires

Commentaires (1)

  • "Le cauchemar" de ces familles est compréhensible. Souhaitons qu'ils en sortent immédiatement.

    Halim Abou Chacra

    17 h 08, le 28 novembre 2015

Retour en haut