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Nos Lecteurs ont la Parole - Sybille BADRUDDIN

Le terrorisme en ébullition

Qui n'a pas été stupéfait par les nouvelles du 13 novembre, qui n'a pas cessé de suivre les informations en passant d'une chaîne télévisée à une autre, qui n'a pas partagé les couleurs de la France en réalité ou sur les pages des réseaux sociaux ?...
Voilà le terrorisme qui frappe une nouvelle fois, d'une ampleur toujours sans précèdent et d'une intensité double pour nous ici, à peine remis des attentats de la veille. En effet, personne n'est mieux placé pour compatir avec la France, en joignant nos pensées aux siennes, mêlées à l'incompréhension et à la colère face à de tels événements.
Ce sont ces valeurs que la France nous a enseignées, celles du respect de l'autre, de la tolérance et du droit. C'est aussi sa langue qu'elle nous a enseignée, l'atout principal qui rapproche les cultures et les peuples, sans oublier que l'enseignement public y est à la portée de tous, sans aucune discrimination ethnique. Dans cet esprit, celui de l'enseignement et des connaissances, le cadre de l'une des nombreuses et prestigieuses universités a été choisi pour rendre hommage aux victimes, en réponse aux emplacements eux aussi très symboliques choisis pour déclencher en France une crise qui ne ressemble pas.
La France a ouvert ses portes à ceux en danger, parce que, selon elle, en période de crise, ce sont les valeurs humaines qui l'emportent sur les intérêts. Suite aux attentats elle a mis en avant la guerre qu'elle mène contre les terroristes.
D'une part, alors que le terrorisme visait surtout des hommes d'État liés à des causes politiques bien définies, il prend sans cesse de nouvelles formes depuis qu'il s'adresse aux personnes civiles, parce qu'aux yeux des terroristes, chacun représente la politique de l'État visé. D'autre part, dans l'histoire, la guerre avait principalement pour objectif de conquérir des ressources et des territoires. Or, contrairement aux guerres habituelles, la « guerre contre le terrorisme », telle qu'elle avait été intitulée par les États-Unis au lendemain du 11 septembre 2001, a comme caractéristique principale d'aller au-delà des frontières et de ne pas être délimitée par un territoire particulier.
Seulement, plus récemment encore, un territoire a été créé et un État formé, peuplé et gouverné au nom de la religion (scénario familier?) avec, comme caractéristique principale, le terrorisme lui-même.
Au premier abord, confiné à ce territoire, le terrorisme semble avoir un aspect plus concret qu'il serait plus évident à combattre. Il y a quelques années, la problématique de la lutte contre le terrorisme international divergeait entre l'unilatéralisme ou le multilatéralisme. Aujourd'hui, bien que les positions diffèrent, la lutte elle-même converge vers cet État.
Malheureusement, les risques qu'il engendre se sont avérés être bien moins simples à évaluer et, par conséquent, à gérer, tout en amplifiant la violence sur laquelle l'État présumé s'est construit. De plus, l'évolution et la multiplication des derniers événements montrent que son éradication n'élimine pas, à elle seule, la dissémination de ses militants bien trop conditionnés, et qui se trouvent au-delà de toute frontière.
Ainsi, qu'un territoire lui soit artificiellement attribué ou pas, le terrorisme continue de se manifester sous diverses formes, notamment les attentats, les fusillades, les prises d'otages ou encore le crash aérien. Ce sont ses fins qui demeurent constantes, celles de vouloir générer partout dans le monde une peur irrationnelle fondée sur l'impuissance ressentie face à un avenir toujours plus menaçant.
La guerre en tant que telle ne suffit donc ni à contenir ni à réduire la réalité d'un terrorisme en renouvellement permanent. Là encore, personne n'est mieux placé pour affirmer ce que les guerres en tout genre ont en commun : il n'y a pas de victoire dans une guerre ; la victoire appartient uniquement à ceux qui l'ont subie.

Sybille BADRUDDIN

Qui n'a pas été stupéfait par les nouvelles du 13 novembre, qui n'a pas cessé de suivre les informations en passant d'une chaîne télévisée à une autre, qui n'a pas partagé les couleurs de la France en réalité ou sur les pages des réseaux sociaux ?...Voilà le terrorisme qui frappe une nouvelle fois, d'une ampleur toujours sans précèdent et d'une intensité double pour nous ici, à...

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