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À La Une - conflit

Sukhoï russe abattu : Qu'en pensent les Turcs?

Six personnes interrogées par L'Orient-Le Jour réagissent au plus grave accrochage survenu depuis l'intervention russe en Syrie.

Un manifestant turc lance des œufs en direction du consulat russe à Istanbul lors d'une manifestation, le 24 novembre 2015, contre l'implication militaire de Moscou en Syrie. AFP PHOTO/OZAN KOSE

Mardi, un chasseur-bombardier russe a été abattu par la Turquie à sa frontière avec la Syrie. Cet accrochage, le plus grave survenu depuis le début de l'intervention militaire russe en Syrie fin septembre, a provoqué une grave crise entre Ankara et Moscou, mais aussi de vives réactions de la part de certains Turcs interrogés par téléphone par L'Orient-Le Jour.

"Nous étions dans notre bon droit", déclare Yavuz, un Stambouliote qui ne cache pas son positionnement nationaliste. C'est également ce que pense la jeune kurde Dilek qui affirme que "la Turquie avait raison d'agir ainsi".

Rüçhan, jeune étudiant d'Antakia, l'ancienne Antioche, aux portes de la Syrie, abonde dans le même sens : "Pendant cinq minutes, notre espace aérien a été violé à dix reprises et à chaque fois, l'armée turque a adressé des avertissements à l'avion russe. Mais à aucun moment les Russes n'ont daigné répondre à ces avertissements".

Certains vont même plus loin en dénonçant une provocation pure et simple de la part de Moscou. "La Russie teste notre patience et viole nos frontières", lance ainsi Selman, un policier à Ankara.

 

"Nettoyer la région de la présence des Turkmènes"
Özkan, un étudiant en théologie, tient, pour sa part, à rappeler que dans la région que survolait le Sukhoï Su-24, "les Turkmènes sont massacrés" par les Russes.

Les Turkmènes sont une minorité ethnique turcophone vivant côte à côte avec des populations arabes et kurdes. Leurs relations avec le régime des Assad sont traditionnellement tendues. Les Turkmènes tentent depuis des décennies de sauvegarder leur culture en Syrie, résistant aux politiques d'assimilation arabes du régime de Damas, qui les a souvent considérés comme œuvrant en faveur d'Ankara.

L'aviation russe, qui intervient depuis près de deux mois en soutien du régime de Damas, a bombardé cette semaine des villages turkmènes. Furieuse, la Turquie a convoqué vendredi l'ambassadeur de Russie pour le mettre en garde et exigé "l'arrêt immédiat de cette opération".

 Fatih, paysan de la province de Sakarya (ouest), estime dans ce contexte que "le but de la Russie est de nettoyer la région de la présence des Turkmènes pour la remettre à Assad !".

 

"Soutenir dans l'ombre l'EI"
Réagissant mardi au crash de l'avion, le président russe, Vladimir Poutine, a accusé la Turquie de lui avoir asséné "un coup de poignard dans le dos", avertissant qu'un tel acte ne saurait rester sans conséquences.

Des menaces qui n'ébranlent pas le soutien des Turcs interrogés par L'Orient-Le Jour à l'action des F-16 mardi soir. "Bien entendu, nous nous attendons à des représailles russes. Mais que voulez-vous, nous ne pouvions pas laisser passer l'affront, c'est comme ça", lance Yavuz. "On doit s'attendre avant tout à des sanctions économiques comme, par exemple, la coupure de l'approvisionnement en gaz naturel (60% du gaz naturel consommé en Turquie vient de Russie, ndlr)", poursuit-il, espérant néanmoins que les Russes "s'en tiendraient à ça".

Özkan, quant à lui, reste confiant. Il ne s'attend pas à une riposte russe forte en Turquie "en raison du nombre d'alliés qui soutiennent Ankara, membre de l'Otan".
D'ailleurs, les propos de Vladimir Poutine ont été nuancés mercredi par son ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, qui a indiqué que son pays "ne fera pas la guerre" à la Turquie".

Moscou et Ankara s'opposent de longue date au sujet de la crise syrienne. La Turquie a fait du départ de Bachar el-Assad la condition sine qua non de tout règlement politique au conflit, qui a provoqué la mort de 250.000 personnes en quatre ans et demi. A l'inverse, la Russie soutient contre vents et marées, avec l'Iran, le président syrien.

Commentant le rôle que joue son pays dans ce conflit, Rüçhan estime qu'il ne faudrait pas interférer en Syrie et qu'il ne faudrait pas non plus oublier que "les véritables ennemis sont le groupe Etat islamique et le PKK (Parti des Travailleurs du Kurdistan)". Accusant le président turc de "soutenir dans l'ombre l'EI", ce jeune étudiant d'Antakia poursuit : "La Turquie a bien plus intérêt à rester en bons termes avec la Russie avec qui elle a de bonnes relations économiques plutôt que de trafiquer avec les islamistes".

 

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Mardi, un chasseur-bombardier russe a été abattu par la Turquie à sa frontière avec la Syrie. Cet accrochage, le plus grave survenu depuis le début de l'intervention militaire russe en Syrie fin septembre, a provoqué une grave crise entre Ankara et Moscou, mais aussi de vives réactions de la part de certains Turcs interrogés par téléphone par L'Orient-Le Jour.
"Nous étions dans notre...

commentaires (4)

la russie comme l iran n ont pas de frontieres avec la syrie contrairement a la turquie et n ont rien a faire dans ce pays...voila la realite....

HABIBI FRANCAIS

22 h 59, le 25 novembre 2015

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Commentaires (4)

  • la russie comme l iran n ont pas de frontieres avec la syrie contrairement a la turquie et n ont rien a faire dans ce pays...voila la realite....

    HABIBI FRANCAIS

    22 h 59, le 25 novembre 2015

  • SUKHOÏ ? Abattu ! Bien sûr, avec une "Marque" de vodka pareille !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    20 h 40, le 25 novembre 2015

  • Selon Konstantin Mourakhtine, le 2eme pilote sauvé ,l'armée turque n'a adressé aucune sommation à son avion de combat, avant de l'abattre, et son appareil n’a jamais violé l’espace aérien turc. "Il n'y a eu aucune sommation. Pas d'échange radio, ni de contact visuel. Il n'y a eu aucun contact", a déclaré Mourakhtine, filmé de dos par plusieurs chaînes de télévision russes. «S’ils avaient voulu nous prévenir, ils auraient pu se montrer en se mettant à notre hauteur», a raconté Mourakhtine, au débit calme et posé (selon l’AFP) et qui reçoit actuellement des soins médicaux dans la base aérienne russe de Lattaquié. «De plus, le missile a frappé la queue de notre appareil, surgissant de nulle part. Nous n’avons même pas eu le temps d’effectuer une manœuvre d’évitement», a révélé le copilote. Lorsqu'un journaliste lui demande s'il est entré dans l'espace aérien turc, le pilote dit "l'exclure entièrement, même pas pour une seconde". «Il est impossible que nous ayons violé leur espace aérien, même pas pour une seconde. Nous volions à une altitude de 6 000 mètres, le temps était complètement dégagé. Je pouvais voir parfaitement sur la carte et au sol où se trouvait la frontière et où nous étions, et j’avais le plein contrôle de notre trajectoire pendant toute la durée du vol», a expliqué le pilote. Il a été secouru par 18 membres des forces spéciales syriennes et 6 combattants du Hezbollah, rapportent plusieurs des medias libanais.

    FRIK-A-FRAK

    20 h 28, le 25 novembre 2015

  • ILS FÊTENT BÊTEMENT...

    LA LIBRE EXPRESSION

    18 h 45, le 25 novembre 2015

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