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Liban - Conférence internationale

La 8e session de la WPC à Montreux axée sur le terrorisme, la guerre syrienne et la crise des réfugiés

La Conférence sur la gouvernance mondiale (« World Policy Conference », WPC) a ouvert les travaux de sa 8e édition annuelle hier matin à Montreux, en Suisse. Les deux discours de la séance inaugurale ont été axés sur la dernière vague de terrorisme, le ministre suisse des AE qualifiant « d'actes de barbarie » les récents attentats à Paris et Beyrouth.

Les travaux de la World Policy Conference sont organisés sous forme de session plénière ou d’ateliers de travail qui s’étendent sur trois jours.

Tout un symbole : c'est dans le cadre historique – et idyllique – de Montreux, au Montreux Palace, sur les bords du magnifique lac Léman, que s'est ouverte hier la 8e édition de la Conférence sur la gouvernance mondiale (World Policy Conference, WPC), en présence de nombreuses personnalités (triées sur le volet) du monde politique, diplomatique, académique, économique et de la presse. Le cadre est historique, car c'est dans ce somptueux établissement hôtelier que se sont déroulées certaines séances des pourparlers internationaux sur la crise syrienne ainsi que sur le dossier nucléaire iranien. L'emplacement est symbolique du fait que, précisément, les travaux de cette rencontre internationale de la WPC sont axés sur les retombées multiples de ces deux dossiers, concernant notamment l'expansion du terrorisme, la coexistence pacifique entre les religions, la crise des réfugiés ou les rapports entre l'Iran et le Moyen-Orient.

Pendant trois jours – par le biais de panels et de divers ateliers de travail –, hauts responsables politiques et économiques, diplomates, universitaires, chercheurs, journalistes et représentants de la société civile débattront de ces dossiers d'une brûlante actualité, mais aussi de problèmes plus récurrents, tels que l'ordre économique mondial, la situation au Moyen-Orient en général (sous l'angle du conflit israélo-palestinien), la sécurité alimentaire, le problème de l'eau, l'énergie, les défis des technologies numériques, la santé, le climat et l'environnement.

La World Policy Conférence est un forum international qui a été lancé en 2008 par Thierry de Montbrial, président de l'Institut français des relations internationales (Ifri) et membre de l'Académie des sciences morales et politiques de l'Institut de France. L'objectif de ces rencontres annuelles est d'engager des échanges entre « des personnalités de haut niveau originaires des cinq continents, dans un climat de confiance et un esprit de tolérance, pour réfléchir, débattre, et proposer des solutions constructives aux grands enjeux régionaux et internationaux », comme l'a souligné Thierry de Montbrial dans son discours d'ouverture des travaux de la conférence hier matin (voir ci-dessous). Un discours qui a été axé, entre autres, et avec beaucoup d'émotion, sur les attentats terroristes du 13 novembre à Paris. Des attentats qualifiés « d'actes de barbarie » par le conseiller fédéral de la Suisse et chef du département fédéral des Affaires étrangères (ministre des AE), Didier Burkhalter, qui a souligné que la Suisse condamne avec « la plus grande fermeté » les attaques portées « contre la liberté, l'égalité, les droits de l'homme, contre les valeurs fondamentales de l'humanité, à Paris, à Beyrouth, au Sinaï, au Nigeria ou à Bagdad » (voir ci-dessous le discours d'ouverture de M. Didier Burkhalter).

Au terme des deux discours qui ont marqué le coup d'envoi de cette 8e édition de la WPC, les sessions tenues hier matin ont porté principalement sur des thèmes économiques, notamment l'état des lieux de l'ordre économique mondial et l'avenir de la mission des Banques centrales, l'accent étant mis sur la « géo-économie » (l'intersection de l'économie internationale et de la géopolitique).
Évoquant l'évolution de l'ordre économique mondial, notamment à la suite de la crise de 2008, le premier directeur général adjoint du FMI, John Lipsky, a souligné que la principale réponse à la crise économique internationale a été la formation du G 20 qui avait pour but de relancer le commerce international, mais cette instance n'a pas de structure interne et n'est pas dotée de l'autorité qu'ont les institutions internationales, a-t-il précisé. De ce fait, le G 20 mine en quelque sorte le fonctionnement des institutions internationales existantes, a relevé M. Lipsky.
L'ancien ministre des Finances de la République de Corée, Il Sakong, a lui aussi relevé le caractère informel du G 20, soulignant que cette instance devrait être plus opérationnelle « car le monde a besoin d'accroître le libre-échange ».
Ancien chef du gouvernement italien, Mario Ponti a relevé de son côté que la mondialisation a progressé aux niveaux commercial et technologique mais stagne sur les plans politique et institutionnel.

Le rôle des Banques centrales
Les intervenants lors de la session sur le rôle des banques mondiales, dont notamment l'ancien président de la BCE, Jena-Claude Trichet, ont mis l'accent de leur côté sur le fait que les Banques centrales sont sur la première ligne de front pour régler les crises internationales, comme c'est le cas de la Fed et de la BCE qui assurent la liquidité sur les marchés. Les participants à ce panel ont souligné la nécessité que d'autres secteurs, comme le secteur privé et les ministères des Finances, stimulent des réformes structurelles qui permettraient à la croissance de reprendre et au chômage d'être résorbé.
L'une des personnalités présentes à cette session a évoqué le cas d'école que constitue dans ce cadre le Liban, relevant que la Banque centrale à Beyrouth est devenue quasiment le seul acteur local au niveau de la mise en œuvre de plans de stimulation de l'économie, du fait que les autres acteurs institutionnels sont quasiment paralysés.
Il ressort du débat, auquel ont participé le gouverneur de la Banque nationale de Pologne, Marek Belka, le bouverneur de la Banque nationale de Roumanie, Mugur Isarescu, et l'ancien gouverneur de la Banque d'Israël, Jacob Frenkel, que cette situation déséquilibrée concernant le rôle des Banques centrales devrait prendre fin d'ici au début de l'année prochaine, la Fed devant, notamment, en toute vraisemblance, relever les taux et sortir de la situation de taux zéro. M. Mario Ponti a affirmé dans ce contexte que la politique devrait dans ce domaine reprendre ses droits et que les technocrates ne devraient plus être en première ligne dans les efforts visant à résorber les crises.

Débat avec le ministre qatari des AE
Les deux sessions d'ordre économique ont été suivies d'un déjeuner-débat dont l'hôte de marque était le ministre des Affaires étrangères du Qatar, Khaled ben Mohammad al-Attiyah, qui a axé son intervention sur la crise syrienne « qui ne concerne plus uniquement les pays arabes, mais le monde entier, désormais, du fait de ses retombées aux niveaux du terrorisme et de l'afflux des réfugiés ». « Notre stabilité dans la région est vitale pour chacun d'entre vous, a-t-il relevé. Il existe 1,5 milliard de musulmans modérés dans notre région, qu'il faut mettre en évidence. Nous sommes les mieux placés pour combattre le terrorisme, mais nul ne peut mener à bien cette mission seul, d'autant que nous sommes tous sur le même bateau. »

Évoquant la récente conférence de Vienne sur la Syrie, le chef de la diplomatie qatari a souligné que le cessez-le-feu projeté doit s'accompagner d'une manière concomitante d'un mécanisme de solution politique « car la population en Syrie est prise entre la tyrannie du régime et la sauvagerie du terrorisme ». « Il faut écouter la voix du peuple syrien, les voix de ceux qui ont combattu le régime, a ajouté M. Attiyah. On ne peut pas être à des milliers de kilomètres de la Syrie et dicter des solutions parachutées. Bachar el-Assad a tué des centaines de milliers de personnes et d'aucuns cherchent encore à le maintenir en place, cela est inconcevable. Combattre le terrorisme et provoquer le départ de Bachar el-Assad doivent aller de pair, car les deux sont des terroristes. Il faut combattre les deux en même temps. Il faut écouter la voix de la population au lieu de miser sur un cheval perdant qui est condamné à disparaître. »
Le ministre qatari a par ailleurs insisté sur le fait que « les chrétiens du Moyen-Orient sont les piliers de la région, ils sont la pierre angulaire de la Syrie, et de ce fait, il faut tout mettre en œuvre pour les empêcher de quitter la région ».
Après s'être interrogé sur « le sérieux du combat mené contre le terrorisme », le chef de la diplomatie qatari a rendu un hommage marqué à l'Arabie saoudite en tant que facteur de stabilité dans le Golfe.

L'ensemble de la conjoncture géopolitique au Moyen-Orient, notamment sous l'angle des rapports israélo-palestiniens, des relations avec l'Iran et du dialogue des religions sera, entre autres, au centre des sessions prévues durant le week-end, la conférence devant s'achever demain après-midi par un débat général qui sera précédé d'une session sur la crise des réfugiés en Europe.


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Le ministre suisse des AE stigmatise les « actes de barbarie » commis à Paris et à Beyrouth

La séance d'ouverture de la 8e édition de la World Policy Conference a été marquée par un discours du ministre suisse des Affaires étrangères, Didier Burkhalter, qui a axé son intervention, notamment, sur les défis posés par la montée de la violence et du terrorisme dans le monde.
« Les attaques de ces derniers temps ont été portées contre la liberté, l'égalité, les droits de l'homme ; contre les valeurs fondamentales de l'humanité. À Paris, comme à Beyrouth, au Sinaï, à Yola au Nigeria, à Bagdad ou ailleurs encore..., a déclaré le chef de la diplomatie. La Suisse condamne avec la plus grande fermeté ces actes de barbarie (...). Nous ne céderons pas aux intimidations terroristes et sommes déterminés à travailler encore plus dur pour protéger nos populations et défendre les valeurs fondamentales de l'humanité. À nos yeux, il faut donner la première priorité à la prévention de l'extrémisme violent. »
Et d'ajouter : « Aujourd'hui, notre monde est devenu plus instable, plus complexe, plus dangereux. La résurgence de la violence armée – des conflits violents et du terrorisme – affecte toutes nos sociétés. Une barrière de feu s'est embrasée sur les flancs sud et est de l'Europe, qui allume des foyers jusqu'au cœur de notre continent. »
M. Burkhalter a d'autre part souligné : « Il n'y a pas que les conflits et le terrorisme qui occupent les chancelleries de nos jours. Une seconde dynamique se dessine clairement : le retour de la géopolitique. Ces deux facteurs conjugués – la géopolitique et la violence armée – marquent notre monde d'une empreinte profonde. Depuis un quart de siècle au moins, c'est la mondialisation qui façonne le destin du monde; et cette grande tendance perdurera. Mais ces deux éléments – la géopolitique et la violence armée – redéfinissent les contours de cette mondialisation, avec une incidence nette sur la politique étrangère. »
Le ministre suisse a par ailleurs souligné que « les écarts de développement entre les pays du monde se sont resserrés ». « Le nombre de personnes vivant dans l'extrême pauvreté dans les pays en développement est tombé de 47 % en 1990 à 14 % aujourd'hui. Nous sommes donc passés, en vingt-cinq ans, d'une personne sur deux à une personne sur sept ! a-t-il relevé. Mais il y a le revers de la médaille. La mondialisation a également favorisé de nouvelles inégalités. Le progrès économique demeure inégal. C'est en Chine et en Inde qu'a eu lieu l'essentiel du recul de la pauvreté, tandis que l'Afrique subsaharienne reste encore à la traîne. »


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Thierry de Montbrial : La coexistence pacifique des religion sest désormais une question géopolitique majeure

Dans son discours prononcé à l'ouverture de la 8e édition de la Conférence sur la gouvernance mondiale (World Policy Conference, WPC), M. Thierry de Montbrial, fondateur de la WPC, a dénoncé « la manipulation politique de l'islam » qui est devenue « une menace planétaire ».
Après avoir évoqué avec émotion les attentats terroristes du 13 novembre à Paris, M. de Montbrial a déclaré : « On ne vaincra pas le terrorisme en se cantonnant dans le registre des émotions. Seul l'apprentissage d'une politique authentiquement internationale permettra au monde de franchir le XXIe siècle sans retomber dans des drames comparables en ampleur à ceux qui l'ont tant bouleversé au XXe. Tel est l'état d'esprit qui nous a animés en lançant la WPC de l'autre côté du lac, à Évian, en 2008. Notre objectif est de contribuer à améliorer la gouvernance dans tous ses aspects, afin de promouvoir un monde plus ouvert, plus prospère, plus juste et respectueux de la diversité des États et des nations. Le respect est essentiel. Toute forme d'idéologie conquérante, même au nom des droits de l'homme, est nuisible à la paix. Chaque peuple a son histoire. Chaque peuple a sa culture, ses traditions. Chaque peuple mûrit à son propre rythme et élabore ses propres solutions. C'est pourquoi nous cherchons à rassembler un nombre toujours limité de personnalités de haut niveau originaires des cinq continents – dirigeants politiques et économiques, représentants de la société civile, chercheurs et journalistes – dans un climat de confiance et un esprit de tolérance, pour réfléchir, débattre et proposer des solutions constructives aux grands enjeux régionaux et internationaux. »
Après avoir souligné que « la Suisse joue un rôle unique dans le monde contemporain », M. de Montbrial a relevé que « la neutralité peut rester un atout important et l'expérience de la confédération helvétique est à cet égard un bien commun de l'humanité ».
Et d'ajouter : « La coexistence pacifique des religions est désormais une question géopolitique majeure. Mais le fait est que la manipulation politique de l'islam, cynique, haineuse et monstrueuse, par des leaders sataniques qui endoctrinent des jeunes sans repère pour en faire des kamikazes, est devenue une menace planétaire. » Et de conclure en affirmant la nécessité de « garder toujours la préoccupation éthique à l'esprit, quand on traite de la construction progressive d'une gouvernance mondiale capable de maintenir un monde raisonnablement ouvert et tolérant ».

 

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commentaires (4)

"Le ministre suisse des Affaires étrangères, Didier Burkhalter : Les attaques de ces derniers temps ont été portées contre les valeurs fondamentales de l'humanité. Nous ne céderons pas aux intimidations terroristes et il faut donner la première priorité à la prévention de l'extrémisme violent." ! Il aurait plutôt dire : "Notre voix ne se taira jamais face au bää bää bääSSyrianisme qui ne fait pas de distinction entre une religion et l'autre, une communauté et l'autre, un être humain et l'autre. Et nous souhaitons que le monde entier entende le cri de souffrance qui s'élève de cette Syrie avec ses plus de 250000 morts, et se rende compte que cette nouvelle Syrie Saine non-bääSSyrienne qui arrive est là pour servir de luminaire et de cœur, et non de tamis pour toutes les idéologies fascistes bääSSistes des années 30 du siècle précédent passé et dépassé !". Sacré "petit suisse", va !

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

08 h 06, le 23 novembre 2015

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Commentaires (4)

  • "Le ministre suisse des Affaires étrangères, Didier Burkhalter : Les attaques de ces derniers temps ont été portées contre les valeurs fondamentales de l'humanité. Nous ne céderons pas aux intimidations terroristes et il faut donner la première priorité à la prévention de l'extrémisme violent." ! Il aurait plutôt dire : "Notre voix ne se taira jamais face au bää bää bääSSyrianisme qui ne fait pas de distinction entre une religion et l'autre, une communauté et l'autre, un être humain et l'autre. Et nous souhaitons que le monde entier entende le cri de souffrance qui s'élève de cette Syrie avec ses plus de 250000 morts, et se rende compte que cette nouvelle Syrie Saine non-bääSSyrienne qui arrive est là pour servir de luminaire et de cœur, et non de tamis pour toutes les idéologies fascistes bääSSistes des années 30 du siècle précédent passé et dépassé !". Sacré "petit suisse", va !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    08 h 06, le 23 novembre 2015

  • A noter, au passage, que l'Arabie Saoudite se bat au Yemen mais pas contre Daesch....

    Beauchard Jacques

    11 h 28, le 21 novembre 2015

  • "Le ministre des Affaires étrangères du Qatar Attiyah, a axé son intervention sur la crise syrienne qui ne concerne plus uniquement les pays arabes, mais le monde entier, désormais, du fait de ses retombées aux niveaux du terrorisme et de l'afflux des réfugiés. Notre stabilité dans la région est vitale pour chacun d'entre vous. Évoquant la récente conférence de Vienne sur la Syrie, il a souligné que le cessez-le-feu projeté doit s'accompagner d'une manière concomitante d'un mécanisme de solution politique car la population en Syrie est prise entre la tyrannie du régime et la sauvagerie du terrorisme. Il faut écouter la voix de ceux qui ont combattu l'aSSadiot qui a tué des centaines de milliers de personnes et d'aucuns cherchent encore à le maintenir en place ! Cela est inconcevable ! Combattre le terrorisme et provoquer le départ de l'aSSadique doivent aller de pair, car les deux sont des terroristes. Il faut combattre les 2 en même temps. Il faut écouter la voix de la population au lieu de miser sur un cheval perdant qui est condamné à disparaître." ! Qu'est-ce qu'il y a de faux dans ce qu'il dit ?

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    04 h 27, le 21 novembre 2015

  • "Il ressort du débat que cette situation déséquilibrée concernant le rôle des Banques centrales devrait prendre fin d'ici au début de l'année, la Fed devant relever les taux et sortir de la situation de taux zéro. Ainsi, la politique devrait dans ce domaine reprendre ses droits visant à résorber les crises." ! Le relèvement des taux va donc résorber les crises ? Tel le chômage ?

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    04 h 16, le 21 novembre 2015

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