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Moyen Orient et Monde - Éclairage

Angela Merkel, la « tsarine de l’Europe »

Dix ans après son entrée en fonctions, la chancelière allemande est plus que jamais incontournable en dépit des crises et de sa baisse de popularité.

La chancelière allemande, Angela Merkel, serait le seul dirigeant européen que le président russe, Vladimir Poutine, respecterait. John MacDougall / AFP

Dix ans après son entrée en fonctions, la chancelière allemande Angela Merkel reste le porte-drapeau incontesté de l'Europe, confrontée à de multiples crises, et ce malgré une popularité en baisse dans son pays, selon les analystes.
Au nom des valeurs « morales » de l'UE, elle a décidé cet été d'accueillir généreusement des réfugiés en Allemagne. Auparavant, elle avait aidé à maintenir la cohésion au sein de la zone euro au plus fort de la crise grecque et organisé une réponse européenne au conflit ukrainien. La suprématie économique de l'Allemagne, combinée à la relative faiblesse de ses collègues européens, font d'elle la « tsarine de l'Europe », et ce, même si des Grecs ont par le passé brûlé son effigie et les pays de l'Est la rendent responsable de l'afflux des migrants. De fait, sa popularité vacille dans son pays au moment où l'UE a besoin de leadership.
« Comme l'UE s'est montrée incapable d'anticiper les crises, c'est devenu du ressort de Mme Merkel de prévenir l'implosion de l'Union », analyse Judy Dempsey, membre du think-tank Carnegie Europe, auteure d'un essai sur la chancelière allemande. « C'est un boulot peu enviable, plein de risques », écrit-elle. Preuve de son influence, Merkel a volé la 2e place au président Barack Obama, arrivant ainsi juste derrière Vladimir Poutine, dans le dernier classement des personnalités du magazine Forbes. L'influent hebdomadaire The Economist vient de la qualifier « d'indispensable Européenne » à sa une. « Ces dernières années, elle a joué un rôle déterminant dans la résolution des crises et des situations difficiles », explique Janis Emmanouilidis, du Centre de politique européenne (EPC).
C'est pourtant dans la discrétion que cette femme, originaire d'ex-RDA, avait commencé à diriger l'Allemagne en 2005, rétablissant progressivement les relations avec Washington après que Berlin, avec Paris, se fut opposé à l'invasion américaine de l'Irak en 2003. Docteur en physique, Mme Merkel, encline à une approche scientifique pour résoudre les problèmes, s'est d'abord montrée hésitante sur la crise des dettes souveraines dans la zone euro. Et la ligne dure représentée par l'Allemagne, prônant l'austérité dans des pays dévastés par la crise, a contribué à faire d'elle un objet de haine, particulièrement en Grèce où la mémoire de l'occupation nazie reste vive. Mais c'est elle qui a tranché cet été pour que la Grèce reste dans la zone euro.

Impérialisme moral
Concernant l'Ukraine, alors que le reste de l'Europe était tenu à l'écart, c'est encore Mme Merkel, qui, avec le président français François Hollande, s'est rendue à Minsk pour négocier un cessez-le-feu en février de cette année. La chancelière allemande serait aussi le seul dirigeant européen que le président Poutine respecterait.
La crise migratoire lui a donné une nouvelle occasion d'affirmer son leadership européen : face à l'afflux de réfugiés et alors que nombre de dirigeants européens s'inquiétaient de la montée en puissance des partis populistes, Mme Merkel a stupéfait tout le monde en ouvrant grandes les portes de l'Allemagne aux réfugiés syriens. Mais cette annonce a quelque peu ébranlé sa position en Europe. Ainsi, les nations d'Europe centrale et orientale l'ont accusé d'encourager les migrants à les submerger pour se rendre en Allemagne. Le Premier ministre hongrois, Viktor Orban, est même allé jusqu'à rejeter « l'impérialisme moral » de Mme Merkel.
Et surtout, la dirigeante allemande, habituée à survoler les sondages, a tout à coup vu sa cote de popularité baisser, ses compatriotes craignant l'arrivée d'un million de réfugiés chez eux cette année. « Elle est sous pression en Allemagne comme elle ne l'a jamais été jusqu'ici. Si elle doit faire face à d'autres problèmes, cela provoquerait une grande incertitude qui aurait des effets négatifs en Europe », relève M. Emmanouilidis. Sa décision soudaine sur les réfugiés rappelle une autre volte-face de Mme Merkel, en 2011, après la catastrophe nucléaire de Fukushima (Japon) qui l'a conduit à annoncer l'abandon progressif de l'énergie atomique en Allemagne. Un revirement qui a eu un impact majeur sur sa politique énergétique et industrielle. Pour Mme Dempsey, son annonce sur les migrants était une « erreur de jugement extraordinaire ». Et d'ajouter : « Le cœur, l'émotion, l'humanité et les valeurs morales sont extrêmement importants, mais elle n'a rien prévu sur la stratégie à suivre pour les jours d'après, et maintenant on essaye de recoller les morceaux... »
Mais même si elle est plus contestée qu'avant, Mme Merkel reste « la reine de l'Europe », un de ses surnoms, d'autant plus que l'influence du tandem franco-allemand décline dans le sillage de la faible popularité de François Hollande, s'accordent à dire les analystes. Et surtout, elle est à la tête de la première économie européenne, souligne M. Emmanouilidis, pour qui « rien d'important en Europe ne peut avoir lieu sans l'accord de l'Allemagne. Peu importe qui dirige à Berlin, il ou elle aura le rôle de leader en Europe ».
(Source : AFP)

Dix ans après son entrée en fonctions, la chancelière allemande Angela Merkel reste le porte-drapeau incontesté de l'Europe, confrontée à de multiples crises, et ce malgré une popularité en baisse dans son pays, selon les analystes.Au nom des valeurs « morales » de l'UE, elle a décidé cet été d'accueillir généreusement des réfugiés en Allemagne. Auparavant, elle avait aidé à...

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