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Moyen Orient et Monde - USA

Démocrates et républicains se déchirent au lendemain des attentats de Paris

Les deux grands partis américains ultradivisés sur la question de la guerre à outrance contre Daech et l'accueil des réfugiés. En attendant la visite, mardi prochain, de François Hollande à Washington...

Barack Obama a refusé de se laisser entraîner par les républicains pour participer à un débat sur les réfugiés. Saul Loeb/AFP

Jusque-là, les attentats de Paris ont généré deux grandes polémiques : celle des pro et anti-guerre à outrance contre Daech (acronyme arabe de l'État islamique – EI), et celle de l'accueil ou du rejet des réfugiés. Deux sujets brûlants qui, en pleine période électorale, causent de profondes divisions, notamment entre les partis démocrate et républicain.

Pour l'administration de Barack Obama, il fallait définir ce conflit avec le plus de précisions possible. D'abord, en réaffirmant clairement que les États-Unis ne sont pas en guerre contre l'islam et qu'ils sont du côté des « modérés » parmi les pays arabes et musulmans en qui ils voient des alliés. Pour Washington, ces modérés sont le meilleur outil contre Daech, sachant que l'option d'en finir avec ce groupe uniquement par les raids aériens semble quasi impossible. Son but est donc de l'affaiblir et de l'empêcher de se prétendre unique représentant du milliard six cent millions de musulmans dans le monde. Cela explique ainsi la réticence du président américain à changer sa stratégie et à envoyer au front les soldats malgré les pressions, d'autant qu'il estime qu'il a commencé la guerre avec Daech, il y a un an, avec les raids américains contre ce groupe en Irak et les quelque 3 000 conseillers militaires sur place.

Certes, le succès est limité. Mais l'option du président américain est confortée par des stratèges et des analystes de renom. Ainsi, Anthony Cordesmen, l'expert US le plus respecté pour sa connaissance du Moyen-Orient et qui siège au Center for Strategic and International Studies, affirme qu'« il est impossible pour n'importe qui de bombarder Daech et de le ramener à l'âge de pierre ». Pour Stephen Riddle, de l'Université George Washington, « l'attaque de Paris peut créer une atmosphère politique pour faire davantage, mais c'est une erreur d'envoyer des soldats sur le terrain », ajoutant que la défaite de Daech demanderait la mobilisation de centaines de milliers de soldats des pays occidentaux.

(Lire aussi : Syrie : si la France a modifié ses priorités, elle n'a pas touché à ses fondamentaux)

 

Surenchères électorales
La saison électorale américaine battant son plein, les surenchères se multiplient. Avant Paris, tous les candidats étaient pour l'accueil des réfugiés syriens ; aujourd'hui, tous les républicains sont contre et la division entre eux et les démocrates est prégnante. Les deux partis sont avant tout des machines électorales. Mais à présent harcelé par l'extrême droite et les fanatiques religieux, le parti Républicain en arrive à prendre des positions discriminatoires envers les réfugiés. Le Congrès, sous domination républicaine, s'apprête par exemple à voter une loi interdisant l'acceptation des réfugiés. Jebb Bush, lui, ne veut accepter que les chrétiens. Un autre candidat, Mike Huckabee, s'écrie : « On sent beaucoup le falafel par ici! » Un troisième, le sénateur Marco Rubio, fils d'un réfugié cubain, compare l'islam au nazisme. Presque la moitié des gouverneurs des États US refusent catégoriquement et publiquement d'accueillir les réfugiés.

Les présidentiables démocrates en sont outrés. Réponse de Hillary Clinton : « Les républicains tombent de plus en plus bas. » Pour le sénateur Bernie Sanders, « It is not american » (Ce n'est pas américain). De toute manière, le peuple américain, à travers son histoire, a toujours refusé, et souvent violemment, les nouvelles vagues d'émigrés.
Barack Obama, en tournée en Asie depuis samedi dernier, a refusé de se laisser entraîner par les républicains pour participer à un débat sur les réfugiés et sur l'incitation d'engager l'Amérique dans une nouvelle guerre, en affirmant : « I am too busy for that » (Je suis trop occupé pour cela).


(Lire aussi : Frappes contre l'EI, les conséquences d'une diplomatie improvisée)

 

Aider la France...
L'attaque de Paris a également provoqué un rapprochement entre la Russie et les pays occidentaux. Ainsi, Vladimir Poutine a déjà eu un tête-à-tête avec Barack Obama, le week-end dernier en Turquie. Et, selon un observateur averti, le danger auquel est confrontée la France a mené François Hollande à « pousser pour ce rapprochement ». Plusieurs briefings réservés à la presse à Washington ont en outre souligné que le président français a été impopulaire dans son pays pour avoir montré ses muscles au Mali, en Irak et en Syrie. Mais, en faisant de même après les opérations suivant les attentats du 13 novembre, il a donné de l'ampleur à son statut d'allié de Barack Obama.

Mardi prochain, le président américain se réunira à la Maison-Blanche avec son homologue français (qui, deux jours plus tard, sera à Moscou). Une rencontre destinée à aider la France et non un signe que l'Amérique va entrer en guerre, comme certains voudraient bien le laisser croire. Washington a bien envoyé le porte-avions Truman au Moyen-Orient en le faisant transiter par les eaux européennes, mais entre-temps aussi, la France a été notifiée que l'Otan n'envisage pas d'entrer collectivement dans une guerre.

 

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Jusque-là, les attentats de Paris ont généré deux grandes polémiques : celle des pro et anti-guerre à outrance contre Daech (acronyme arabe de l'État islamique – EI), et celle de l'accueil ou du rejet des réfugiés. Deux sujets brûlants qui, en pleine période électorale, causent de profondes divisions, notamment entre les partis démocrate et républicain.Pour l'administration de...

commentaires (2)

C'EST LA DÉMOCRATIE ! ILS DÉCIDENT DU SORT DU MONDE ENTIER... SEUL... LE FANATISME AVEUGLE DES PARTIS PRIS NE PEUT PAS LE COMPRENDRE...

LA LIBRE EXPRESSION

17 h 56, le 19 novembre 2015

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Commentaires (2)

  • C'EST LA DÉMOCRATIE ! ILS DÉCIDENT DU SORT DU MONDE ENTIER... SEUL... LE FANATISME AVEUGLE DES PARTIS PRIS NE PEUT PAS LE COMPRENDRE...

    LA LIBRE EXPRESSION

    17 h 56, le 19 novembre 2015

  • C'est du même ordre que coca cola et pepsi cola qui se battent pour gagner des parts de marché ! et certains y voient des donneurs d'ordre à de nouvelles puissances mondiales , l'abrutissement est en effet sans limite !

    FRIK-A-FRAK

    14 h 55, le 19 novembre 2015

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