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Liban - Crise des déchets

Exportation des déchets : et si les compagnies n’ont pas l’autorisation des pays de destination ?

L'opération serait compliquée à mettre en œuvre étant donné les critères stricts de transport, mais elle reste sérieusement envisagée.

Akram Chehayeb au cours de la conférence du PSP et de Friedrich Ebert : Les Libanais face à trois options après l’échec de la mise en place du plan d’urgence. Photo Marwan Assaf

La résolution de la crise des déchets, qui dure depuis le 17 juillet dernier, était hier au menu d'une réunion de la commission ad hoc chargée de ce dossier avec le Premier ministre Tammam Salam au Grand Sérail. À sa sortie, le ministre de l'Agriculture Akram Chehayeb, auteur avec une commission d'experts d'un plan d'urgence resté lettre morte, a déclaré à la LBC que des propositions sérieuses pour l'exportation ont été faites par certaines compagnies (à d'autres médias, il a avancé le délai de 48 heures avant de convoquer ces dernières). Mais si cette option d'exportation devait être retenue, a-t-il ajouté, il faudrait former un comité d'experts qui s'assure que le Liban obtiendra le meilleur prix possible et qu'il ne fera pas face à des problèmes, étant donné qu'il a signé la convention de Bâle (sur le transport des déchets dangereux), qui impose des critères très stricts. M. Chehayeb était injoignable hier en soirée.

Auparavant dans la journée, le ministre de l'Agriculture avait participé à l'inauguration d'une conférence sur le rôle des municipalités dans la gestion des ordures, organisée par l'Association des diplômés du Parti socialiste progressiste (PSP) et par la Fondation Friedrich Ebert. Après avoir énuméré les raisons de l'échec de la mise en place du plan d'urgence préparé par la commission d'experts (qui reposait sur la création de deux décharges pour une période transitoire de 18 mois), M. Chehayeb a estimé que les Libanais avaient désormais trois options : garder le problème des déchets irrésolu, mettre en application le plan d'urgence – ce qui lui semble très peu probable, selon ses dires –, ou recourir à l'exportation, un choix onéreux et qui doit être relié à la condition d'une préparation des municipalités à leur rôle dans la gestion des déchets dans un délai maximal de 18 mois. Il a estimé que « cette solution, la pire de toutes », a été rendue inévitable par tous ceux qui ont incité au refus des autres options.

Selon le journaliste Bassam al-Kantar, ancien membre de la commission d'experts de Chehayeb, « cette solution d'exportation reste très difficile à appliquer ». « Selon mes informations, il y a plusieurs sociétés qui ont présenté des dossiers au gouvernement, pour une exportation vers divers pays d'Afrique ou d'Europe, explique-t-il. Mais aucune de ces sociétés, selon les données que je possède, n'a une autorisation de la part du pays où elle est implantée, et où elle compte transporter les déchets (NDLR : cette information nous a été confirmée par une autre source). Il sera quasiment impossible à l'État libanais de signer un contrat avec une quelconque société sans cette autorisation préalable, ou de dépenser un budget faramineux sur une opération tellement risquée. Surtout que tous les regards sont braqués sur le gouvernement depuis le début de cette crise. »


(Lire aussi : L’exportation des déchets, une procédure coûteuse, indispensable et contestée)

 

Un choix « immoral »
Bassam al-Kantar a avancé des chiffres, lors de son intervention à la conférence citée plus haut : l'exportation des déchets devrait coûter au plus bas mot 230 à 250 dollars la tonne, avec une moyenne de 80 à 100 dollars pour la préparation au Liban (collecte, tri, emballage, transport vers le port...), puis 150 dollars au moins pour le transport par voie maritime.
L'exportation devra concerner les déchets nouvellement produits, étant donné que les déchets accumulés peuvent difficilement remplir les critères pour cela. Reste une question pour l'instant sans réponse : comment le gouvernement compte-t-il financer une opération telle que celle-là et pourquoi opter pour le choix le plus onéreux ? Selon certaines sources qui ont suivi le dossier, si la tonne exportée devrait coûter plus de 200 dollars, son traitement au Liban par enfouissement n'aurait pas excédé les 30 dollars...

(Repère : Actes citoyens, précautions à prendre : que faire, au niveau individuel, face à la crise des déchets)


Interrogé en marge de la conférence, le journaliste et militant Habib Maalouf pense que « toutes les propositions actuellement en gestation sont quasi impossibles à mettre en place ». « Le règlement de la crise des déchets prendra encore beaucoup de temps, à moins qu'il ne soit inclus dans ce compromis politique général proposé actuellement par le Hezbollah, et ce n'est pas le cas pour l'instant », a-t-il ajouté. Pour ce qui est de l'exportation des déchets, il estime qu'« il ne s'agit pas seulement d'un choix difficile et très coûteux, mais aussi d'un choix immoral, comme si d'autres devaient servir de dépotoirs pour nous ».
Il s'explique : « J'ai bien peur que, si l'exportation des déchets est adoptée, elle ne soit concrétisée par des mafias. Je vois mal comment elle se ferait suivant des accords d'État à État, parce que les critères, dans ce cas, sont excessivement difficiles à respecter, puisqu'un tel trafic est régi par des conventions internationales. Ils vont probablement se rabattre sur des États faibles ou affaiblis, comme cela a été notre cas lorsque des déchets toxiques ont été importés par voies mafieuses sur notre territoire durant la guerre civile. »

 

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commentaires (2)

Donc, nous Libanais, descendants des Phéniciens, sommes incapables de trouver une solution à la gestion de nos ordures ? Quelle immense honte !!! Irène Saïd

Irene Said

19 h 51, le 19 novembre 2015

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Commentaires (2)

  • Donc, nous Libanais, descendants des Phéniciens, sommes incapables de trouver une solution à la gestion de nos ordures ? Quelle immense honte !!! Irène Saïd

    Irene Said

    19 h 51, le 19 novembre 2015

  • QUESTION... ??? QUE FAITES-VOUS... VOUS DORMEZ DEBOUT ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    12 h 27, le 19 novembre 2015

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