Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a assuré mercredi que la Russie "fera tout son possible pour empêcher l'expansion du terrorisme au Liban". M. Lavrov a fait cette déclaration avant de recevoir à Moscou son homologue libanais, Gebran Bassil.
Ce dernier a de son côté salué "le rôle positif que joue la Russie dans son combat contre le terrorisme en Syrie". "Daech (acronyme arabe du groupe État islamique) ne constitue pas uniquement une menace pour la région, mais pour le monde entier et le dernier attentat en France en est la preuve", a affirmé M. Bassil.
Après leur entretien, les deux ministres ont tenu une conférence de presse conjointe au cours de laquelle M. Lavrov a fait part du "soutien total" de la Russie à l'armée libanaise et à la souveraineté du Liban. Moscou "déploiera des efforts afin de renforcer la sécurité du Liban par tous les moyens", a-t-il assuré. Concernant l'élection présidentielle, M. Lavrov a appelé les leaders politiques à "trouver les solutions constitutionnelles loin de toute intervention étrangère".
M. Bassil a pour sa part souligné l'importance des relations bilatérales entre la Russie et le Liban et appelé à une solution permanente au conflit au Moyen-Orient. "Le Liban n'est pas impliqué dans le conflit syrien, mais c'est la crise qui a un impact sur son territoire", a-t-il déclaré. "Le Liban pourrait demander à Moscou de le soutenir dans sa lutte contre le terrorisme", a-t-il ajouté, soulignant néanmoins qu'"une telle décision ne peut être prise sans l'accord de toutes les parties politiques".
Le ministre libanais a en outre souligné "la détermination du Liban à faire face à la crise des réfugiés" mettant en garde contre "un changement dans la région". "Un Liban faible pourrait devenir un hub pour les terroristes, mais un Liban fort les affaiblirait", a poursuivi M. Bassil. Il a appelé à la formation d'"un front uni pour faire face à la terreur" et à combattre les sources de financement des groupes terroristes.
(Lire aussi : L'EI aurait donné de nouvelles consignes : "Commencer à bouger, notamment au Liban et en Turquie")
"Inacceptable d'exiger le départ d'Assad"
Pour sa part, M. Lavrov a estimé qu'après les attentats de Paris, il est "inacceptable" d'exiger le départ du président syrien Bachar el-Assad comme "condition préalable à toute union contre le terrorisme", a déclaré mercredi le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov.
"J'espère qu'il y aura un changement de position chez nos autres partenaires occidentaux, comme il y en a eu, malheureusement au prix de terribles actes terroristes, chez nos collègues occidentaux", a déclaré M. Lavrov en référence à la France touchée par une série d'attaques meurtrières ayant fait au moins 129 morts vendredi soir dans le centre de Paris.
"Il faudra mettre de côté l'idée qu'une vraie lutte contre l'organisation Etat islamique et ses semblables ne peut avoir lieu que lorsque le destin de Bachar el-Assad aura été décidé", a-t-il affirmé. "Il est inacceptable de poser des conditions préalables à toute union contre le terrorisme", a insisté M. Lavrov.
Après les attentats en France, les Etats-Unis et la Russie ont commencé à rapprocher leurs positions sur le dossier syrien et décidé avec leurs partenaires du G20 en Turquie de renforcer leur coopération contre la menace jihadiste. Mais selon M. Lavrov, les Américains continuent de "promouvoir avec énergie" le départ de M. Assad avant toute union contre le terrorisme.
Moscou et Washington s'opposent depuis le début du conflit sur le sort du président syrien: le président russe a indiqué la semaine dernière qu'il ne se sentait pas le "droit" de demander au président syrien de quitter le pouvoir, tandis que les Etats-Unis exigent son départ.
De son côté, le président américain Barack Obama a estimé mercredi que la stratégie russe en Syrie cachait un "piège, c'est que Moscou est toujours intéressé à ce qu'Assad reste au pouvoir".
Mardi, la Russie a bombardé massivement les positions de l'EI en Syrie, après avoir annoncé que le crash d'un avion de ligne russe le 31 octobre dans le Sinaï égyptien, qui avait fait 224 morts, était bien dû à un attentat, revendiqué dès les premiers jours par l'EI.
Le président russe Vladimir Poutine, qui a annoncé une "intensification" des frappes aériennes russes en Syrie, a par ailleurs signé mercredi un décret instaurant une commission dédiée à la lutte contre le financement du terrorisme.
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Ce dernier a de son côté salué "le rôle positif que joue la Russie dans son combat contre le terrorisme en Syrie". "Daech (acronyme...
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LA LIBRE EXPRESSION
17 h 59, le 19 novembre 2015