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Diaspora - Publication

« Autrefois, un village du Liban », l’autobiographie de Michel Saad*

L'écrivain, établi à l'île de La Réunion depuis de nombreuses années, s'exprime sur son dernier livre, qui raconte l'histoire de son village d'origine, Doueir er-Roummane (Chouf), entre 1900 et 1983. Il a présenté son œuvre au Salon du livre francophone.

La couverture de l’ouvrage de Michel Saad.

Michel Saad est un écrivain qui a plusieurs cordes à son arc: il a écrit sur des sujets aussi divers que la résurrection de la harpe médiévale, les droites remarquables en géométrie, les programmes en informatique, les contes pour enfants ou encore les romans pour adultes. Comment lui est venue l'idée d'écrire l'histoire de son village? «En fait, l'idée d'écrire l'histoire de ma vie, pourtant bien remplie et riche en événements, ne m'a jamais effleuré l'esprit, affirme l'écrivain. Je n'ai jamais voulu le faire, étant convaincu que ma vie n'intéresse personne. Jusqu'au jour où vous (Roberto Khatlab) m'avez rendu visite à Doueir et m'avez convaincu de la nécessité d'écrire l'histoire de mon village. Il a fallu aussi l'encouragement de Ziad el-Asfar, président de la municipalité, et aussi l'émerveillement de mon fils Léonide, 36 ans, face aux lieux du passé de son père. L'idée de lier mon autobiographie à l'histoire de Doueir a alors germé dans mon esprit. Mais il a fallu affronter mes problèmes de santé qui freinaient la bousculade de mes souvenirs et les soubresauts de mon inspiration.»
Un livre qui est donc un véritable tour de force. Mais devrait-il être lu comme un conte de fées ou comme un manuel d'histoire? Michel Saad ne peut s'empêcher de rire à la question. «Si c'était un conte, les petits bouderaient sa longueur, souligne-t-il. Si c'était de l'histoire, les autres lecteurs s'arrêteraient à la première page. Disons qu'il y a l'histoire et les histoires. Par endroits, le texte s'appuie sur des recherches historiques. Néanmoins, de peur de lasser le lecteur, je l'ai parsemé d'anecdotes et d'une touche d'humour dans des situations parfois dramatiques.»
Un tel ouvrage est un véritable casse-tête au niveau des noms... à commencer par celui du village lui-même. «Si l'on s'en tient à la phonétique, il y aurait plusieurs façons d'écrire le nom du village, si bien que le lecteur ne se retrouverait plus, reconnaît-il. Il faut harmoniser les choses et opter pour une seule orthographe: Doueir er-Roummane, comme on la trouve sur Internet.» Et les autres noms? «Certaines localités ont déjà leur orthographe reconnue comme Jouzanieh, Mighrayqa, Fouar, Ountar... dit-il. Mais il est des lieux, des sources, des routes qui ne sont pas encore baptisés. Dans quelques années, s'il y a toujours la paix, Doueir aura pris de l'ampleur. Je souhaiterais que l'on adopte les noms inscrits dans mon livre: "Tariq Zihri", "Ayn Layla", "Ayn Hiléni", "Nab3it Fadwa"...»

« Une page d'histoire n'est pas une aventure simple »
Parlant de paix, la situation est très délicate, ce village ayant connu une vague de déplacement de populations durant la guerre, d'autant que les gens se connaissent, s'accusent et gardent parfois rancune... Comment a-t-il fait pour tirer son épingle du jeu? «Je me suis expliqué dans l'avant-propos du livre, répond Michel Saad. Pour moi, écrire une page d'histoire n'est pas une simple aventure. Plus cette histoire est récente, plus elle fait des histoires. On doit citer des noms, préciser des lieux, donner des dates, révéler des faits en détail, mener des enquêtes d'une façon objective chez les uns et les autres, sans accuser ni innocenter personne...»
Il ajoute: «Sans être un spécialiste d'histoire, ni un juge chargé de statuer dans des affaires de crimes contre l'humanité, j'ai recueilli les témoignages des uns et des autres, tantôt touchants et tantôt écœurants. Les querelles de voisinage ont toujours existé. Gandhi et Jésus nous ont appris qu'il est des situations où tendre l'autre joue n'est ni un signe de lâcheté ni d'humiliation, mais un acte de bravoure visant à stopper l'escalade de la violence. Mieux vaut encore trahir la vérité pour une cause noble que l'honorer pour entretenir la haine et l'esprit de vengeance.»

*Michel Saad, né à Doueir er-Roummane, Mont Liban, en 1943. Diplômé en sciences et en lettres de l'Université libanaise, il s'est installé à l'île de La Réunion où il a enseigné la physique, les mathématiques et l'électronique (voir nos éditions du 18 février 2008 et du 7 juin 2010). En 2010, les habitants de Doueir er-Roummane, son village natal, lui ont décerné le prix du Cèdre en récompense de l'ensemble de ses œuvres scientifiques, littéraires et artistiques.

Michel Saad est un écrivain qui a plusieurs cordes à son arc: il a écrit sur des sujets aussi divers que la résurrection de la harpe médiévale, les droites remarquables en géométrie, les programmes en informatique, les contes pour enfants ou encore les romans pour adultes. Comment lui est venue l'idée d'écrire l'histoire de son village? «En fait, l'idée d'écrire l'histoire de ma vie,...