Les amateurs d'objets archéologiques qui dans le monde entier achètent des pièces pillées en Syrie et en Irak "participent au financement du groupe Etat islamique (EI) et donc du terrorisme", a assuré vendredi à Paris le directeur général des Antiquités et des musées de Syrie, Maamoun Abdulkarim.
De passage en France dans le cadre d'une tournée européenne, M. Abdulkarim a, dans une interview à l'AFP, lancé un appel aux amateurs d'antiquités pour qu'ils cessent tout achat, afin d'assécher le marché clandestin international.
"S'il n'y avait plus d'acheteurs, il n'y aurait plus de vendeurs", a-t-il dit. "Nous devons convaincre les acheteurs. Le monde entier doit nous aider dans ce combat. Seuls, nous ne pouvons rien. J'appelle le monde entier à nous aider, à travailler avec nous, loin de la politique. Notre combat n'est pas un combat politique mais culturel, pour l'humanité".
"Je l'ai dit à Rome, je l'ai dit à Londres, aujourd'hui je suis à Paris: ceux qui achètent des objets qui viennent de Syrie et d'Irak ont choisi d'être avec les terroristes. Ce sont leurs complices. Il ne faut pas financer leur guerre contre les peuples syriens, irakiens, yéménites, on ne sait pas où demain", a-t-il ajouté.
"Si un acheteur veut acheter quelque chose, il faut nous contacter : nous pourrons lui dire si cet objet est volé ou non. Mais malheureusement les acheteurs ne le font jamais", a regretté Maamoun Abdulkarim.
( Voir : Patrimoine : la carte des sites détruits ou endommagés par l'EI en Irak et en Syrie )
Interrogé sur le fait que le trafic d'antiquités n'est pas récent dans la région, et ne concerne pas que les zones tenues par l'EI, il a admis qu'il avait toujours existé, en Syrie et en Irak une "mafia des antiquités".
"Mais ce n'est plus seulement la mafia classique des antiquités", a-t-il assuré. "Maintenant, ça finance le terrorisme. Acceptez-vous d'être dans cette guerre aux côtés de l'EI ? Il ne faut plus acheter. Si vous n'achetez pas, vous donnez une chance d'assécher ce marché, c'est un signe de protection du patrimoine en Syrie et en Irak".
Dans une étude publiée mercredi à New York par le journal Near Eastern Archaeology, Jesse Casana, professeur associé à l'université de Dartmouth (nord-est des Etats-Unis) a estimé, sur la base d'images satellites, que 21,4% des sites ont été endommagés dans les régions sous contrôle du groupe EI, 16,5% dans les zones tenues par le régime et environ 26% dans les régions tenues par les Kurdes ou d'autres groupes d'opposition.
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LA LIBRE EXPRESSION
13 h 53, le 14 novembre 2015