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Économie - numérique

Libertés sur Internet : Bon élève de la zone Mena, le Liban reste néanmoins à la traîne

Si le Liban a légèrement progressé dans le classement de l'ONG Freedom House, les nombreux obstacles infrastructurels, juridiques ou pratiques relevés entravent l'essor de l'écosystème numérique.

Ocus Focus / Bigstockphotos

Le Liban est toujours considéré comme un pays « partiellement libre » en matière d'Internet, selon la dernière édition du rapport de l'ONG américaine Freedom House qui recense l'évolution des libertés sur Internet entre juin 2014 et mai 2015. L'étude porte sur 65 pays et les compare à travers trois catégories : les obstacles à l'accès à Internet, les limites en matière de contenu et la violation des droits des utilisateurs. L'indice attribué à chaque pays varie de 0 à 100 – 0 constituant le score le plus élevé en matière de liberté. Avec un score de 45 – contre 47 en 2014 –, le Liban est considéré comme le troisième pays le plus libre en la matière dans la zone Mena (derrière la Tunisie et le Maroc), et se classe à la 36e place parmi l'ensemble des pays étudiés.

Lenteur et conflit d'intérêts
Dans la catégorie des obstacles à l'accès à Internet, le pays du Cèdre obtient 13 points (sur 25). Le rapport observe d'abord une sensible amélioration de la pénétration des services Internet – estimée à 75 % fin 2014 par l'Union internationale des télécommunications, soit 30 % de plus qu'en 2009 – attribuée en partie à la politique de baisse des tarifs et d'augmentation des capacités de connexion du ministère des Télécoms. Mais cela est aussitôt nuancé par le fait que « l'une des principales raisons de la lenteur des connexions est l'obsolescence des infrastructures », notent ses auteurs, qui mentionnent notamment le fait que le réseau de fibre optique (...) n'est toujours pas effectif.

Initié en 2010 par le ministre Charbel Nahas, ce réseau de 4 700 km de fibre optique doit, selon les nouveaux plans de l'actuel ministre Boutros Harb, être graduellement déployé de manière intégrale jusqu'au domicile de tous les ménages à l'horizon 2022. Le rapport mentionne aussi les restrictions de la connectivité du pays, qui seraient, selon ses auteurs, notamment dues à la structure monopolistique des réseaux de téléphonie fixe et mobile. Il s'attarde notamment sur le fait que l'opérateur public Ogero soit dirigé par le directeur général des Télécommunications, Abdel Menhem Youssef, dans une situation de « conflit d'intérêts apparent ». Il dénonce aussi les effets anticoncurrentiels du duopole des opérateurs de téléphonie mobile et de la fixation de leurs tarifs par le gouvernement. Quant à l'Autorité de régulation des télécoms, « censée être indépendante, elle est soumise à l'influence de groupes politiques, ce qui la rend impuissante dans les faits », notent ses auteurs.

« Tactique d'intimidation »
Dans la catégorie des limites en matière de contenu, le Liban obtient une note de 12 (sur 35). Après avoir salué le fait que le Liban jouit de « l'un des paysages numériques les plus diversifiés de la région », le rapport relève notamment que le nombre de sites Internet bloqués par le gouvernement a diminué de 22 % à 50 entre juin 2014 et mai 2015. « Le contenu bloqué est lié aux services d'escortes, à Israël, aux jeux d'argent, ou soupçonné de pédopornographie », précise-t-il. Il évoque aussi le blocage aléatoire des services de communications vocales sur Internet (VoiP), toujours interdit par la loi.

Dans la catégorie de la violation des droits des utilisateurs, le Liban obtient 20 points (sur 40). Parmi les griefs des rapporteurs figurent notamment : la faiblesse et l'incohérence du cadre juridique de la liberté d'expression sur les médias en ligne ; l'absence de véritable stratégie gouvernementale de lutte contre la cybercriminalité ; le fait que la loi sur la protection des données privées n'est toujours pas voté ; et surtout : « La tactique d'intimidation » du bureau de lutte contre la cybercriminalité contre les blogueurs, comme dans le cas de l'affaire Karim Hawa, convoqué sous un prétexte fallacieux et détenu pendant quatre jours pour avoir partagé sur les réseaux sociaux un article diffamatoire sur le ministre de l'Intérieur.

 

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