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Moyen Orient et Monde - Décryptage

Pourquoi le régime syrien n’avance pas, malgré l’intervention russe

Les guerres civiles se gagnent et se perdent au sol. La supériorité dans les airs a beau être un avantage considérable, elle n'est déterminante que si elle est accompagnée d'une offensive terrestre menée par des unités efficaces, suffisantes en nombre et connaissant parfaitement le terrain. Les Américains avaient appris cette leçon à leurs dépens au Vietnam, et plus récemment en Irak et en Afghanistan. Après avoir connu pareille situation en Afghanistan, les Russes semblent confrontés à nouveau à ce problème en Syrie. Malgré les 1 631 raids menés par leur aviation depuis le 30 septembre dernier, force est de constater que leurs alliés au sol ne sont pas en train d'avancer. Bien au contraire, ces derniers jours, ils accumulent les défaites.

L'Observatoire syrien des droits de l'homme rapportait hier que des groupes islamistes, dont Ahrar al-Cham, se sont emparés d'Atchane et de localités proches, récupérant ainsi toutes les localités prises par le régime syrien il y a un mois dans la province de Hama. Seize membres de l'armée syrienne et de groupes prorégime et au moins sept rebelles ont été tués dans les combats à Atchane, selon le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane. « Tous les gains réalisés par les forces du régime avec l'appui des bombardements russes (dans la région) ont été perdus. C'est un échec » pour le régime de Bachar el-Assad, a-t-il affirmé. Jeudi, l'armée avait perdu au profit des jihadistes de Jund al-Aqsa Morek, la seule localité qui était aux mains de l'armée depuis 2014 sur l'autoroute-clé entre Alep et Hama.

 

(Pour mémoire : Un mois de frappes russes en Syrie : qu'est-ce qui a changé?)

 

Trois raisons
Si l'importance de ces revers ne doit pas être exagérée, compte tenu du fait que les lignes de front restent très mouvantes, il est tout de même possible d'établir un premier constat : l'intervention russe n'a pas permis, pour l'instant, de modifier sensiblement les rapports de force sur le terrain. Plusieurs raisons semblent expliquer ce paradoxe. Un : les groupes rebelles ont reçu un nombre important de missiles antichars de fabrication américaine TOW, qui ont permis jusqu'alors de détruire 123 chars de l'armée syrienne en octobre, selon le « Bureau des forces révolutionnaires en Syrie ». En livrant ces armes aux groupes rebelles, les Américains et les Saoudiens ont sérieusement court-circuité, à moindre frais, les plans russes. Deux : dans la province de Hama, l'armée syrienne et ses alliés tentent d'avancer dans des zones très majoritairement sunnites, où la population leur est particulièrement hostile. Trois : l'armée syrienne est trop faible pour réaliser des percées fulgurantes sur le terrain.
Même si l'intervention russe a eu un impact important sur le moral des soldats du régime, ces derniers restent épuisés par quatre ans de guerre, démotivés à l'idée de combattre dans « des zones sunnites », et insuffisamment nombreux. Plus que des raids aériens russes, l'armée syrienne semble surtout avoir besoin d'avantage d'hommes sur le terrain. Et cela, ni les Russes, qui ont pour l'instant exclu une intervention au sol, ni les Iraniens, qui semblent avoir atteint la limite de leurs capacités de mobilisation, ne sont capables de le lui offrir.

L'intervention russe a permis à Moscou de reprendre l'initiative diplomatique et d'éviter l'effondrement du régime, en sécurisant les zones les plus sensibles, comme la province de Lattaquié. Mais à l'instar des frappes de la coalition contre l'organisation État islamique (EI), elle ne peut, en l'absence de partenaires efficaces et fiables sur le terrain, mener à la défaite totale de ses ennemis.
En plus de réjouir les Américains, un possible enlisement russe en Syrie pourrait permettre d'accélérer les conditions diplomatiques d'une sortie de crise. Mais plus le temps passe, plus les interventions étrangères se multiplient dans le ciel et sur le sol syrien, et plus les « positions modérées », dans les deux camps, deviennent inaudibles. Au point de rendre quasiment inutile tous les efforts entrepris par les diplomates qui se réunissent « au vendredi de Vienne » pour trouver une issue à ce conflit.

 

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Les guerres civiles se gagnent et se perdent au sol. La supériorité dans les airs a beau être un avantage considérable, elle n'est déterminante que si elle est accompagnée d'une offensive terrestre menée par des unités efficaces, suffisantes en nombre et connaissant parfaitement le terrain. Les Américains avaient appris cette leçon à leurs dépens au Vietnam, et plus récemment en Irak...

commentaires (10)

çà doit faire mal au moral çà ! beaucoup de pro-bashar sont au bout du rouleau : les chiites Irakiens qui sont rentrés chez eux, les chiites afghan qui se sont fait décimés, les alaouites qui comptent leur morts par dizaines de milliers etc... Il n'y a que le Hezb-vaillant-resistant-blabla qui s'accroche et qui ne comptent pas ses morts. ah j'oubliais, il reste les Russes aussi. Mais même un enfant comprendrait que l’armée rouge (elle s'appelle toujours comme ça) en Syrie attirerait 10 fois plus de Djihadistes. alors bon courage les résistants, on en reparlera apres la chute de Homs, d'Alep ou de Hama

Lebinlon

12 h 29, le 09 novembre 2015

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Commentaires (10)

  • çà doit faire mal au moral çà ! beaucoup de pro-bashar sont au bout du rouleau : les chiites Irakiens qui sont rentrés chez eux, les chiites afghan qui se sont fait décimés, les alaouites qui comptent leur morts par dizaines de milliers etc... Il n'y a que le Hezb-vaillant-resistant-blabla qui s'accroche et qui ne comptent pas ses morts. ah j'oubliais, il reste les Russes aussi. Mais même un enfant comprendrait que l’armée rouge (elle s'appelle toujours comme ça) en Syrie attirerait 10 fois plus de Djihadistes. alors bon courage les résistants, on en reparlera apres la chute de Homs, d'Alep ou de Hama

    Lebinlon

    12 h 29, le 09 novembre 2015

  • LIMKARSAH MAFI LA YIRKOD WALA YIMCHI...

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 32, le 09 novembre 2015

  • Ah bon!?? En plus c'est une affirmation. Pas un doute ou... une question par exemple. C'est très fort!

    Ali Farhat

    17 h 12, le 08 novembre 2015

  • Parce qu'il est moribond, un point c'est tout...

    KHEIREDDINE EL-AHDAB

    00 h 01, le 08 novembre 2015

  • IXSIR ...c'est peut-être la solution....ou le problème pour ceux qui n'avancent pas...?

    M.V.

    21 h 09, le 07 novembre 2015

  • Peut etre qu'on attend la Chine ?

    FRIK-A-FRAK

    15 h 24, le 07 novembre 2015

  • L'intervention russe aura au moins un merite , c'est de lire que les yanky se sont fait battre au viet nam , ce sujet etait tabou avant cela . On fera un inventaire des echecs yanky et russes autant que francaises , mais on ne parlera pas des echecs israeliens au Sud Liban comme si cela ne ressemblait pas a un echec voir une defaite . Avoir bombarder le sud pendant 18 ans et finir par detaler honteusement , c'est assez serieux pour en parler un peu . 2006 , 33 jours et une debandade avec toutes les attaques par avion ca se mentionne aussi . Non ? Et justement pour ceux qui souhaitent 15 ans d'extra time dans la guerre , ca fait le compte pour le hezb resistant libanais qui a mis 18 ans de vaillants combats pour avoir la paix royale que les sudistes savourent en ce moment chez eux dans leurs maisons . Depuis 2006 .

    FRIK-A-FRAK

    11 h 36, le 07 novembre 2015

  • POUTINE CROYAIT QUE LE MARIAGE AVEC FOUTINE AVEC L,INTERVENTION PAR PROCURATION... FEU VERT... ET ENTENDEMENT DES FORCES SUPERIEURES ETAIT UN JEU OU LUI BOMBARDERAIT DES AIRS ET SES AMIGOS AVANCERAIENT SUR TERRE... OR LE JEU TOURNE MAL... CE SONT LES ENNEMIS QUI AVANCENT... BABA OBAMA S.V.P. VIENS-MOI EN AIDE !!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 34, le 07 novembre 2015

  • Les frappes n'arriveront jamais à soumettre les "rebelles" ou l'EI. Depuis Cuba !1959) et dans les petites guerres africaines (provoquée par Moscou), la guérilla est toujours sortie victorieuse Au Vietnam, les américains avaient déployés plus de 500.000 soldats, La France (guerre Indochine) 68.000 soldats ce qui a fait dire à Giap qu'il a eu beaucoup plus de mal à combattre les français que les américains Le général américain Westmorland avait raillé l'armée française à cette époque. C'est ainsi que l'armée américain avec sa formidable capacité aérienne, blindés et autres matériels sophistiqués est rentrée aux USA la queue entre les jambes Les russes ne feront pas de grands exploits militaires en Syrie. A part leur attrait pour la base navale de Tartous, et de se service de la Syrie comme un porte avion terrestre, il n'y a rien à gagner en Syrie Le pays est en ruine, et présente déjà une image lunaire

    FAKHOURI

    10 h 58, le 07 novembre 2015

  • En tant qu'éhhh libanais, je suis ravi ! Khâââï ! J'espère que cela va durer encore dix années de plus. Quelle belle et magnifique revanche libanaise ! Merci allâh woû yâ äâdrâh !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    02 h 51, le 07 novembre 2015

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