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Moyen Orient et Monde - Analyse

L’EI au centre de toutes les stratégies

Dans un contexte où les forces progouvernementales et leurs alliés reprennent le contrôle des positions occupées par l'Etat islamique pour sécuriser l'axe Damas-Alep, Washington se prépare à envoyer des forces spéciales au sol.

Des combattants des Unités de défense populaire kurdes (YPG) dans la province d’Hassaké, près de la frontière irakienne. Delil Souleiman/AFP

L'armée russe a annoncé, pour la première fois lundi, des raids aériens dans la région de Palmyre, dans le désert syrien, contrôlée par le groupe État islamique (EI) depuis le 21 mai dernier. Cette nouvelle intervient alors que les troupes loyalistes et leurs alliés ont pu regagner du terrain et fait reculer l'EI le long de l'axe stratégique Alep-Damas.
Le renforcement significatif des forces loyalistes par le soutien aérien russe avait permis le 6 octobre le lancement d'opérations offensives simultanées sur plusieurs axes pour harceler les groupes d'opposition armés et réduire leur mobilité. Les forces progouvernementales ont ainsi attaqué à Hama, Lattaquié, au nord de Homs, dans la Ghouta orientale (banlieue de Damas), dans la province d'Alep et à Sahl el-Ghab. Mais, profitant de ces offensives, l'EI a relancé ses attaques à l'est de Hama et l'est de Homs. L'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) a confirmé dimanche 1er novembre la prise de contrôle par l'EI de la ville de Mahin et ses avancées en direction de Sadad, à une soixantaine de km au sud de Homs et à 14 km de l'autoroute internationale Damas-Alep. Cette percée fulgurante de l'EI a été facilitée par les conditions météorologiques défavorables de ces derniers jours, qui ont réduit l'efficacité des raids aériens russes, et la volonté de Moscou de frapper les bases des autres groupes armés de l'opposition.
Les combattants de l'EI ont ainsi pu couper la ligne de communication entre Hama et Alep en prenant à l'Est les localités d'Ithraya et de Khanasser avant d'être refoulés par les forces du régime. Selon les sources de L'Orient-Le Jour sur le terrain, l'armée syrienne et ses alliés ont repris le contrôle de Jabal Uhud sur l'autoroute reliant Khanasser à Ithraya. Ils ont lancé l'assaut contre l'EI venu d'Ithraya pour s'emparer d'un tronçon de 28 km sur cette voie, et sont parvenus à en récupérer 21 km.
Mais pour réussir à sécuriser la route Damas-Alep avant de lancer les opérations en direction d'Idleb, les forces loyalistes doivent reprendre le contrôle de la localité d'al-Hader à 25 km au sud de la ville d'Alep. L'objectif principal des forces du régime et de leurs appuis reste la sécurisation du pays « utile », à savoir l'axe de liaison entre le nord et le sud de la Syrie, Hama-Homs-Damas-Alep.

 

(Lire aussi : Impliquer le monde sur la question syrienne)

 

Posture ou politique ?
Parallèlement, les Kurdes, dont l'action militaire a permis de mettre à mal le projet de l'EI de liaison entre Raqqa et Mossoul, devraient recevoir le renfort d'une cinquantaine de membres des forces spéciales américaines dans les zones kurdes du nord du pays, selon l'annonce faite par le président américain Barack Obama le vendredi 30 octobre.
Or des experts militaires et des officiers américains sont déjà présents depuis plusieurs mois au moins sur le territoire syrien et assurent la coordination logistique avec les forces kurdes, comme cela a pu être constaté notamment dès le début de la bataille de Kobané. S'agit-il alors d'un simple effet d'annonce sous la pression des républicains pour montrer que les États-Unis tiennent encore un rôle de premier plan dans la gestion de la crise syrienne et qu'ils sont résolument engagés dans le combat contre le terrorisme ? Si l'envoi sur le terrain de 50 éléments des forces spéciales ne peut avoir d'incidence sur le rapport de forces en cours, on peut néanmoins se demander si cette nouvelle décision ne serait pas la réponse stratégique à un engagement supplémentaire des forces russes.

 

(Pour mémoire : Un mois de frappes russes en Syrie : qu'est-ce qui a changé?)


Pour Peter Harling, qui dirige le projet Égypte/Syrie/Liban du programme Moyen-Orient de l'International Crisis Group, ce sont là des postures qui visent à masquer l'absence de politique étrangère cohérente des États-Unis. Selon lui, « la Maison-Blanche se sent, sous la pression, contrainte de faire quelque chose, en raison d'événements qui remettent en question sa politique du laisser-faire, et se contente de quelques gestes auxquels elle ne croit même pas. Il n'y a donc pas de chargement de fond : elle gère sur le mode des relations publiques son absence de politique étrangère ».
En revanche, pour Fabrice Balanche, spécialiste de la géographie politique de la Syrie, il y aurait une politique américaine beaucoup moins ambitieuse, mais néanmoins claire en Syrie. Cette décision s'inscrirait dans « la doctrine Obama des 3R : Ramadi, Raqqa, Raids, dans le cadre de la concurrence russo-américaine en Syrie. Ne pas envoyer de troupes au sol apparaîtrait comme un aveu de faiblesse, bien que ce ne soit pas le même degré d'engagement ».
Toujours d'après M. Balanche, cette décision répondrait surtout à une préoccupation majeure, celle d'« empêcher que les Kurdes qui font monter les enchères entre Moscou et Washington ne basculent dans le camp de la Russie », si Moscou leur donne les moyens de concrétiser leur projet d'unité territoriale des trois cantons de Jazira, de Kobané et d'Afrin, autrement dit la mise en place d'une zone autonome kurde du nord-est de la Syrie au nord-ouest de l'Irak. « Les États-Unis veulent maintenir un contrôle sur les forces kurdes afin de s'assurer que l'aide militaire et les armes livrées servent à combattre l'EI et ne seront pas utilisées au service de la réalisation de leur projet d'autonomie », conclut M. Balanche.

 

 

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L'armée russe a annoncé, pour la première fois lundi, des raids aériens dans la région de Palmyre, dans le désert syrien, contrôlée par le groupe État islamique (EI) depuis le 21 mai dernier. Cette nouvelle intervient alors que les troupes loyalistes et leurs alliés ont pu regagner du terrain et fait reculer l'EI le long de l'axe stratégique Alep-Damas.Le renforcement significatif des...

commentaires (4)

Jamais un proverbe n'a été si pertinent: "iza kitro el toubbakhin, intaza3it el tabkha"! L'on se croit au concours guide Michelin ou mieux à Top Chef! Mais c'est quoi ce plat que chacun concocte de son côté? Et qui est le jury? Et qui va le manger ce plat? Pauvre Proche Orient qui a la malchance d'être la terre des trois religions mono et celle du pétrole et du gaz (les autres dieux). Pauvres Libanais, voisins des ces richesses et qui paient le prix sans gouter aux bénéfices (sauf certains). Semble-t-il que seuls les pauvres, qui on top trainent dans la poubelle, iront au paradis. Espérons que cela soit vrai. Inchalla. Bruxelles, 04.11.2015

PPZZ58

21 h 32, le 04 novembre 2015

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Commentaires (4)

  • Jamais un proverbe n'a été si pertinent: "iza kitro el toubbakhin, intaza3it el tabkha"! L'on se croit au concours guide Michelin ou mieux à Top Chef! Mais c'est quoi ce plat que chacun concocte de son côté? Et qui est le jury? Et qui va le manger ce plat? Pauvre Proche Orient qui a la malchance d'être la terre des trois religions mono et celle du pétrole et du gaz (les autres dieux). Pauvres Libanais, voisins des ces richesses et qui paient le prix sans gouter aux bénéfices (sauf certains). Semble-t-il que seuls les pauvres, qui on top trainent dans la poubelle, iront au paradis. Espérons que cela soit vrai. Inchalla. Bruxelles, 04.11.2015

    PPZZ58

    21 h 32, le 04 novembre 2015

  • POUTINE AVEC SON AVIATION ET SES SOLDATS AU SOL... BABA OBAMA DE MÊME ET UN PEU PLUS... EXERCICES CONJOINT DANS LES AIRS ET ÉCHANGES INFORMATIQUES AUJOURD'HUI... DEMAIN SUR LE SOL... ET LA GRANDE CONNIVENCE... ANNONCÉE PAR LES INTERNAUTES ÉCLAIRÉS SUR CE FORUM... SE DÉVOILE COMME UNE LADY AU GRAND JOUR ! ET... ET... BIEN SÛR... RIRONT BIEN ET FORT QUI RIRONT LES DERNIERS...

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 33, le 04 novembre 2015

  • Le titre et quelque part bluffant...! , l'EI est en déroute dans bon nombres de zones ...et la débâcle.... ne fait que commencer ...les terroristes n'ont pas de vraies structures de commandement...ni de logistique ...le temps de la vérification de ces aspects sur le terrain ....ne vont pas tardé a se valider....

    M.V.

    13 h 19, le 04 novembre 2015

  • Pour ceux qui savent lire le francais et surtout le comprendre . L'armée russe a annoncé, pour la première fois lundi, des raids aériens dans la région de Palmyre, dans le désert syrien, contrôlée par le groupe État islamique (EI) depuis le 21 mai dernier. POURQUOI JAMAIS LES COALISES NE L'ONT FAIT ? eST CE QUE LES RUSSES ONT EU BESOIN DE FEU VERT JAUNE ROUGE POUR LE FAIRE ? Les forces progouvernementales ont ainsi attaqué à Hama, Lattaquié, au nord de Homs, dans la Ghouta orientale (banlieue de Damas), dans la province d'Alep et à Sahl el-Ghab. N'EST CE PAS UN DEMENTI QUE LES FRAPPES RUSSES N'ONT RIEN CHANGE SUR LE TERRAIN? Selon les sources de L'Orient-Le Jour sur le terrain, l'armée syrienne et ses alliés ont repris le contrôle de Jabal Uhud sur l'autoroute reliant Khanasser à Ithraya. Ils ont lancé l'assaut contre l'EI venu d'Ithraya pour s'emparer d'un tronçon de 28 km sur cette voie, et sont parvenus à en récupérer 21 km. N'EST CE PAS UNE CONFIRMATION DU PREOGRES DES LOYALISTES ? ET COMME JE N'AURAI PLUS ASSEZ D'ESPACE POUR LE RESTE , ON LIT BIEN QUE LES US SONT CONTRAINTS DE S'ENGAGER POUR FREINER LES AVANCEES RUSSES EN SYRIE ET AU KURDISTAN . JE COMPRENDS POURQUOI CET ARTICLE RENCONTRE TRES PEU DE COMMENTAIRES. IL DEMENT ET CONFIRME QUE LA DONNE CHANGE VRAIMENT SUR LE PLAN MILITAIRE ET BIEN SUR POLITIQUE .RIEN A VOIR AVEC DES CONNIVENCES DE CAID DE COUR DE RECRE . ON LE VERRA BIENTOT .

    FRIK-A-FRAK

    10 h 29, le 04 novembre 2015

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