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Économie - Conférence

Le français, langue de débouchés professionnels ?

Apprendre le français est-il encore utile pour accéder au monde du travail ? La question a été posée vendredi dernier lors d'une table ronde organisée par « Le Commerce du Levant » au Salon du livre, au Biel.

De gauche à droite : Sibylle Rizk (« Le Commerce du Levant »), Salim Eddé (Murex), Joe Saddi (Strategy&), Oussama Ammar (The Family) et Stéphane Attali (ESA). Photo Michel Sayegh

La maîtrise de la langue de Molière constitue-t-elle encore une compétence valorisable dans les affaires ? La question mérite d'être posée tant la domination de l'anglais (ou plutôt de sa version passe-partout, le « globish ») semble devenue sans partage. Une table ronde organisée samedi au Salon du livre francophone de Beyrouth par Le Commerce du Levant a été l'occasion pour des patrons francophones de faire le point.
Pour l'ensemble de l'assemblée présente, le constat est sans appel : « Le fait que la France ait perdu son poids économique, industriel et diplomatique a précipité le déclin de la francophonie », résume Joe Saddi, président du conseil d'administration du cabinet Strategy& au Moyen-Orient.
Certes, le français n'a, à maints égards, rien perdu de son aura : « La culture véhiculée par la langue française contribue à la richesse d'esprit, et elle est donc utile à la vie professionnelle », souligne Joe Saddi. Mais cela ne semble pas toujours faire le poids à l'heure où l'apprentissage d'une langue répond avant tout à des considérations utilitaires. « D'un point de vue pragmatique, parler anglais dans le domaine professionnel est aujourd'hui beaucoup plus rentable que de parler français », constate Stéphane Attali, directeur général de l'École supérieure des affaires (ESA). « L'anglais s'est imposé comme la Lingua Franca d'un monde des start-up de plus en plus "Glocalisé". Du coup, hormis quelques exceptions, apprendre le français n'est pas une nécessité lorsqu'on lance une start-up, fût-ce en Afrique », surenchérit Oussama Ammar, cofondateur de l'accélérateur français – au nom révélateur – The Family.

Opportunités stratégiques
Reste que si la maîtrise de l'anglais est devenue un exercice quasi imposé en termes de débouchés, le français n'est pas pour autant condamné. A fortiori dans une mondialisation de plus en plus multipolaire. « Quand un dirigeant ne s'exprime que dans une seule langue, sa capacité à gérer des équipes multiculturelles est extrêmement réduite et peut être vecteur de blocage », explique Stéphane Attali. Pour les jeunes diplômés, la maîtrise du français pourrait alors favoriser le développement de certaines compétences spécifiques, valorisables sur le marché du travail. « La France reste parmi les premiers pays dans le monde dans le domaine des mathématiques ou de l'informatique. La plus forte proportion de médailles Fields (NDLR : équivalent du prix Nobel en mathématiques) sont attribuées à des francophones », indique Salim Eddé, cofondateur de Murex. Le droit pourrait constituer un autre exemple de ce qu'Oussama Ammar appelle des « opportunités stratégiques », et notamment au Liban où la jurisprudence doit encore beaucoup à l'héritage français.
Un enjeu d'autant plus important que l'avantage éducatif historique du Liban dans la région est appelé à s'amenuiser au rythme des investissements massifs des pays du Golfe dans ce secteur. À terme, le plurilinguisme risque fort de devenir le seul véritable avantage comparatif des Libanais. « Il y a aujourd'hui une facilité à aller vers le tout anglais, et c'est en soi une erreur stratégique. D'autant que si l'anglais peut aisément s'apprendre à l'âge adulte, il est plus facile de maîtriser le français en l'apprenant dès le plus jeune âge... », conclut Stéphane Attali.

 

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