Les pourparlers internationaux qui ont commencé dans un grand hôtel de Vienne visent à trouver une issue politique à la crise syrienne, qui a fait plus de 250.000 morts en quatre ans. Mais tout porte à croire que le chemin vers une solution négociée risque d'être encore long.
Que signifie la présence, inédite, de l'Iran dans une réunion internationale sur la Syrie?
Selon Karim Bitar, directeur de recherches à l'Institut français de relations internationales (IRIS), spécialiste du Moyen-Orient, "le fait que les Saoudiens aient accepté la présence des Iraniens est déjà significatif. C'est pour cela qu'on peut s'attendre à ce que ne ce soit pas une réunion pour rien".
"La seule solution pour trouver une solution à la crise syrienne, c'est de mettre le plus d'acteurs possible autour de la table", ajoute un haut diplomate européen qui demande à rester anonyme. "En cela l'ouverture de négociations, même si ce n'est qu'un début, est une bonne chose".
Téhéran, soutien clé de Damas, n'avait pas été convié, à la demande des Etats-Unis et de l'Arabie saoudite, aux précédentes rencontres internationales sur la Syrie, à Genève, qui n'avaient pas abouti.
Sur quoi portent les discussions ?
La question cruciale est la mise sur pied d'un processus de transition politique entre le régime de Bachar el-Assad, soutenu par la Russie et l'Iran, et un gouvernement représentatif de toutes les composantes syriennes, à l'exclusion des groupes islamistes radicaux.
"Clairement", a estimé avant de prendre l'avion pour Vienne, John Kirby, porte-parole de la diplomatie américaine, "la discussion la plus importante portera probablement sur ce à quoi pourra ressembler un gouvernement de transition, comment il pourra être composé, organisé".
Mais la question du départ ou non du président syrien, et à quelle échéance, pourrait constituer une pierre d'achoppement: si certains, comme la Turquie ou l'Arabie Saoudite, souhaitent qu'il soit le plus rapide possible, d'autres, comme la Russie ou l'Iran, n'acceptent pas d'en faire un préalable.
"La question est de savoir maintenant si les Russes et les Iraniens ne vont pas proposer une période de transition très longue, qui finirait par s'éterniser", précise Karim Bitar. "Selon qu'on passe d'une période de six mois ou une période de deux ans, on passe d'une dimension à l'autre".
Ce processus politique pourrait-il aboutir rapidement ?
Les positions initiales des différents protagonistes sont si éloignées que les pourparlers risquent au contraire de se prolonger. "Il est bon que nous nous rencontrions. Cette conférence est bienvenue", a estimé jeudi le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius. "Il peut y avoir, espérons-le, un accord sur une méthode, mais un accord sur le fond, malheureusement, c'est encore prématuré. Il y aura certainement plusieurs sessions".
A Washington, des responsables du Département d'État ont également prévenu qu'il ne fallait pas s'attendre à une avancée importante vendredi et estimé qu'il faudrait compter sur des semaines et même plutôt des mois de tractations. Tout en se félicitant que des puissances régionales rivales comme l'Iran et l'Arabie Saoudite aient accepté de s'assoir à la même table.
La réunion de vendredi va surtout permettre à chacun de préciser sa position de départ.
"L'important est de trouver un format pour mener des négociations" ajoute le même diplomate européen. "Cela a été le cas avec les négociations sur le nucléaire iranien: cela a pris des années, mais ça a fini par marcher".
Repère
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Selon Karim...
commentaires (5)
SOLUTION NÉGOCIÉE ET DÉMOCRATIE... LES DEUX DEMANDES INITIALES DU PEUPLE SYRIEN. ET LA VICTOIRE DU PEUPLE SYRIEN EST INDÉNIABLE !!! LA VOIX DU PEUPLE C'EST LA VOIX DE DIEU !!!
LA LIBRE EXPRESSION
10 h 01, le 31 octobre 2015