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Campus - Libre cours

L’Association francophone de journalisme se penche sur la formation des étudiants et novices

Ils constituent la relève et représentent le futur de la profession. Les étudiants en journalisme sont, de plus en plus, au centre des intérêts de l'Association francophone de journalisme (Afej). Rencontre avec Nidal Ayoub, journaliste, professeure à l'Usek et à l'Université antonine et présidente de l'Afej.

La journaliste Nidal Ayoub, présidente de l’Afej.

Quels sont selon vous les défis majeurs auxquels font face, aujourd'hui, les facultés de journalisme au Liban ?
Il y a, d'abord, le niveau culturel des étudiants. Le journalisme ne peut être pratiqué sans certains prérequis intellectuels tels qu'un esprit structuré développé par la réflexion, la logique et l'analyse, et une perspicacité « compréhensive » acquise au contact de la pensée d'autrui. Les défaillances linguistiques sont l'une des manifestations majeures de cette baisse généralisée du niveau culturel. Les étudiants ont des lacunes dramatiques en arabe, en français et en anglais. Les outils technologiques et numériques dont les jeunes sont friands encouragent l'impulsif et ont un impact très négatif sur la qualité de l'écriture. Ce sont des défis que les facultés ne sont pas encore parvenues à relever. D'un autre côté, la dimension pratique du journalisme n'est pas encore assez travaillée au niveau universitaire. Les cours disposent d'une partie théorique énorme comparée à leur apport pratique.

Comment l'Afej contribue-t-elle à la formation au journalisme ?
L'Afej propose un complément aux apprentissages universitaires, et cela à travers des partenariats avec diverses universités, l'organisation de séminaires d'excellence pour les étudiants en journalisme, et la diffusion de publications spécialisées (guides et manuels), la promotion du journalisme professionnel étant l'un de ses objectifs principaux. Surtout qu'aujourd'hui, avec les nouvelles technologies, le journalisme n'est plus ce qu'il était. Il y a trop d'informations qui circulent, mais de moins en moins d'informations fiables et crédibles. La frénésie du « copier-coller » et la mode du citoyen–journaliste ont occulté la vérification de l'information qui est pourtant l'un des principes fondamentaux du journalisme. C'est d'ailleurs l'une des raisons pour lesquelles l'Afej insiste à ce que les étudiants en journalisme soient conscients des exigences professionnelles de notre métier, en l'occurrence : l'honnêteté, la disposition intellectuelle, la rigueur éthique... devenues, hélas, des denrées rares.

Comment les journalistes en herbe peuvent-ils entrer en contact avec l'Afej et bénéficier des différentes opportunités qu'elle pourrait leur offrir ?
En consultant notre site à l'adresse : www.afej-journalisme.com. Plusieurs rubriques leur sont adressées et peuvent leur être très utiles telles que « Conseils aux jeunes journalistes » qui offre des astuces pointues et des recommandations utiles pour une écriture journalistique efficace. Ils peuvent également contribuer à la page « À vos crayons ! » qui les invite à partager leurs écrits. Les textes seront édités par notre équipe de rédaction avant d'être publiés. Nous invitons tous les étudiants à s'exprimer et à profiter de cette plateforme mise à leur disposition.

Comme d'habitude, l'Afej sera présente au Salon du livre francophone de Beyrouth qui commence demain au Biel. Pouvez-vous nous donner un aperçu de vos activités ?
Pour la 4e année consécutive, l'Afej propose un agenda d'activités polyvalentes. Sont prévues deux tables rondes sur des sujets actuels et polémiques. La première intitulée « Migrations et médias : Le monde en mutation. Transmission en direct » aura lieu le samedi 31 octobre à 19h. Y interviennent Michel Eddé, ancien ministre et PDG du quotidien L'Orient-Le Jour, Najla Chahda, spécialiste de la migration, et Benjamin Barthe, directeur du bureau du journal Le Monde au Moyen-Orient. Ils évalueront les impacts politiques, économiques et sociaux des flux migratoires intensifiés par la multiplication des conflits armés dans le monde. La seconde, prévue le dimanche 1e novembre à 18h, aborde les dangers de l'image en tant qu'instrument de manipulation. En effet, le titre de ce débat « L'image ou la terreur " nouvelle vague ". Aylan et Daesh en perspectives » est révélateur de la problématique qui sera discutée par Patrick Baz, directeur-photo de l'Agence France Presse pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, Rabih Haddad, consultant en image et enseignant à l'Institut des sciences politiques de l'USJ, et Stéphane Bazan, chercheur et consultant en Web Science.
Deux ateliers d'écriture, spécialement conçus pour les étudiants en journalisme, sont organisés le lundi 26 octobre et le mercredi 28 octobre à 17h au stand de l'Afej. Ils seront animés par Gisèle Eid et Roula Mouawad, toutes deux journalistes émérites. Sous des dehors ludiques, les participants apprendront des techniques créatives et innovatrices pour rédiger des reportages... autrement !
Aussi au stand de l'Afej, des rencontres rassembleront auteurs et journalistes autour de sujets de discussion variés...

Pour conclure, quel message adressez-vous aux jeunes qui veulent devenir journalistes ?
Pour moi, le journalisme est une vocation. En étant un pouvoir démocratique de changement, cette profession permet d'avoir un apport social positif et constructif. Au Liban, on en a besoin. Au lieu d'aller crier à tort et à travers dans la rue, quitte à être entendu ou pas, on peut devenir journaliste. En étant crédible et authentique, sa voix sera bien écoutée et on deviendra une référence. Pour moi, c'est un cheminement autant professionnel que personnel puisque, à mon avis, on ne peut pas être journaliste sans être d'abord une personne impliquée dans son environnement sociopolitique.

Et aux jeunes journalistes qui viennent de se lancer sur le marché du travail ?
Je leur dis : il faut qu'ils travaillent leur crédibilité. On n'est ni lu, ni écouté si on n'est pas crédible. Et la crédibilité ne se construit pas en un jour, en une nuit. Se construire une bonne réputation exige un souffle long, de la rigueur et de l'assiduité. Il faut être très exigeant avec soi-même, éviter les erreurs, se respecter et respecter son public en lui présentant des produits journalistiques — articles, reportages, documentaires, etc. — très bien travaillés. On pourra alors devenir une référence et contribuer au changement positif dans son pays.
Le journalisme ne se réduit pas à des techniques. C'est avant tout une passion indéfectible et un parcours sans fautes !

Quels sont selon vous les défis majeurs auxquels font face, aujourd'hui, les facultés de journalisme au Liban ?Il y a, d'abord, le niveau culturel des étudiants. Le journalisme ne peut être pratiqué sans certains prérequis intellectuels tels qu'un esprit structuré développé par la réflexion, la logique et l'analyse, et une perspicacité « compréhensive » acquise au contact de la...

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