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Culture - Galeries

« Marfa’ », arrivée à bon port...

Joumana Asseily inaugurait hier soir son nouvel espace avec l'exposition « Collapsing Clouds of Gas and Dust » de Vartan Avakian. Et cette question : y a-t-il encore de la place pour une énième galerie beyrouthine ? Éléments de réponse avec la principale intéressée...

Joumana Asseily: «Les œuvres et les artistes présentés, à travers différents médias, feront la spécificité de la galerie.»

Lancer une nouvelle galerie est toujours un saut dans l'inconnu. Joumana Asseily n'y échappe pas. Durant les derniers jours qui ont précédé l'ouverture de Marfa', la jeune trentenaire devait être sur tous les fronts: éclairage, livraisons, activation de ses réseaux et gestion des imprévus matériels. Après des études à Paris et après avoir habité pendant cinq ans à Los Angeles, Joumana Asseily a eu le déclic: ouvrir sa propre galerie en mars 2015. Sept mois plus tard, c'est désormais chose faite.
De retour au Liban en 2006, sa curiosité du monde artistique et culturel ne s'est pas érodée, malgré la distance et l'absence pendant cinq ans. Bien au contraire. Ashkal Alwan ou le Beirut Art Center deviennent alors ses repères, impressionnée qu'elle est par « toutes ces fondations qui s'activent sans aucune aide de l'État ». Elle participe à de nombreuses conférences, organise des ateliers, puis monte la bibliothèque d'Ashkal Alwan. Une fois son réseau d'artistes édifié au fil des rencontres, son envie d'avoir un lieu qui lui appartienne la travaille pendant plusieurs années. « Cela a été un long cheminement, cela me démangeait depuis longtemps. J'avais besoin d'une raison pour être au Liban et l'ouverture de la galerie m'a permis de trouver un sens à tout cela », justifie la jeune brune.

Coup de cœur marin
La galeriste s'est installée dans l'enceinte du port par opportunité, mais aussi suite à un coup de cœur. « J'ai aimé que ce soit un endroit de passage industriel, le fait qu'il y ait des douaniers, le contraste entre le fracas du matin et le calme du soir. Cela me plaît qu'il y ait de la vie, que nous soyons à l'entrée de la ville », revendique-t-elle. Située dans deux anciens garages (de 52 mètres carrés chacun), il était hors de question de « rentrer dans la forme du cube » pour sa propriétaire. « Je voulais aussi avoir un espace double, avec la possibilité de monter deux expositions séparées, d'installer une table d'échange ou une projection », raconte-t-elle.
Plusieurs galeries voient le jour chaque année à Beyrouth, alors comment se distinguer des autres ? « L'identité de la galerie Marfa' se définira au fil des expositions. Je ne veux pas dire dès aujourd'hui ce qu'elle deviendra demain. Les œuvres et les artistes présentés, à travers différents médias, feront la spécificité de la galerie », soupire Joumana Asseily.

Long terme, sinon rien
Mais comment convaincre les acheteurs et les artistes de venir dans sa galerie plutôt que chez les concurrents ? Le marché des galeristes ne serait-il pas déjà saturé ? « Bien sûr qu'il y a de la place pour une nouvelle galerie, sinon je ne m'aventurerais pas à lancer Marfa'. Les galeries existantes ont déjà leurs programmations et leurs spécificités. Le marché grandit, il ne faut pas se limiter à Beyrouth. La ville peut être utilisée comme plateforme régionale et internationale », se défend la galeriste, qui refuse de donner un ordre d'idée de l'investissement financier de départ. « C'est un projet à long terme, s'il faut attendre trois, cinq, voire dix ans, il faudra essayer de s'accrocher. Ce sera la qualité des expositions qui fera la différence », rajoute sans ciller Joumana Asseily.
De la poigne, des idées, des artistes, des investisseurs : pour l'instant, Marfa' a tout ce qu'il faut pour survivre. Même à une forte houle.

*Aujourd'hui vendredi 23, samedi 24 et dimanche 25 octobre, de 19h à minuit exceptionnellement, puis du mardi au samedi de 12h à 19h, Marfa', port de Beyrouth. Jusqu'au 12 décembre.

« Dans dix ans, nous pourrons nous rappeler que nous avons fait la différence »
Avant que la peintre Tamara Samara n'investisse la galerie, le Libanais Vartan Avakian ouvre le bal des artistes qui défileront durant les prochains mois à Marfa'. Son exposition est une réflexion sur les lieux mémoriaux et emblématiques. L'artiste récolte des poussières qu'il transforme en cristaux ou fabrique des collages photos avec des particules argentées et autres morceaux d'anciens négatifs abandonnés. Interview express...

En quoi consiste «Collapsing Clouds of Gas and Dust»?
L'idée est de chercher à comprendre ce qui constitue un lieu de mémoire, ce qui fait que c'est un lieu d'attente. Pourquoi est-il davantage symbolique qu'un autre ? Pourquoi tel ou tel lieu devient un endroit de pèlerinage ? Il doit bien y avoir une raison, et j'essaie de la proposer en collectant des débris et des poussières de lieux de mémoire.

Qu'est-ce que ce lancement a de spécial ?
C'est tellement facile de travailler avec des galeries existantes... Cette ouverture est un réel défi. Aussi, j'apprécie le fait de participer à l'installation, ne pas simplement venir et me montrer au vernissage.

Pourquoi avoir choisi d'exposer vos œuvres à la galerie Marfa' ?
L'ouverture de cette galerie est une chance de construire quelque chose avec Joumana, de faire ce voyage ensemble. Ce qui m'intéresse dans ce projet, c'est de pouvoir imaginer que dans dix ans nous pourrons nous rappeler que nous avons collaboré et fait la différence.

Lancer une nouvelle galerie est toujours un saut dans l'inconnu. Joumana Asseily n'y échappe pas. Durant les derniers jours qui ont précédé l'ouverture de Marfa', la jeune trentenaire devait être sur tous les fronts: éclairage, livraisons, activation de ses réseaux et gestion des imprévus matériels. Après des études à Paris et après avoir habité pendant cinq ans à Los Angeles,...

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