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Réfugiés syriens, nouvelles routes, hiver approchant : le point sur la crise migratoire

Plus de 600.000 personnes ont déjà traversé la Méditerranée depuis le début de l'année. Qui sont-elles? Pourquoi sont-elles prêtes à prendre tant de risques? Que fait l'Union européenne face à cet afflux?

Plus de 600.000 personnes ont déjà traversé la Méditerranée depuis le début de l'année 2015. AFP PHOTO / ARIS MESSINIS

Alternant marches interminables, trajets en train ou sur des embarcations de fortune, des milliers de migrants continuent d'affluer chaque jour vers l'Europe, déviant leurs parcours au gré des frontières qui se ferment devant eux. Plus de 600.000 personnes ont déjà traversé la Méditerranée depuis le début de l'année. Qui sont-elles? Pourquoi sont-elles prêtes à prendre tant de risques? Que fait l'Union européenne face à cet afflux?

 

 

La Syrie, un facteur clé

La crise dure en réalité depuis des années mais l'enlisement du conflit syrien, qui a déjà coûté la vie à plus de 250.000 personnes, a donné ces derniers mois une dimension rarement vue aux mouvements migratoires. "Nous faisons face à la plus grande crise migratoire et de réfugiés depuis la Seconde Guerre mondiale", a affirmé le secrétaire général de l'Onu, Ban-Ki Moon, comme plusieurs hauts responsables européens.

Ce sont en premier lieu la Turquie, le Liban et la Jordanie, voisins de la Syrie, qui ont dû faire face aux arrivées les plus massives. La Turquie accueille quelque 2,2 millions de Syriens. Et "il y a déjà plus d'enfants syriens à l'école au Liban que d'enfants libanais", a récemment illustré un commissaire européen, Johannes Hahn.

Les conditions de vie des réfugiés syriens dans ces pays voisins se sont "sensiblement dégradées" ces derniers mois, a souligné le Haut-Commissaire de l'Onu pour les réfugiés (HCR), Antonio Guterres, déplorant il y a quelques semaines à Bruxelles la baisse des financements des agences humanitaires œuvrant dans les camps installés dans ces pays.
L'enlisement du conflit syrien et la détérioration de la situation dans les pays limitrophes de la Syrie ont donc poussé de plus en plus de Syriens à venir gonfler les flux de migrants d'autres origines vers l'UE.

 

( Lire aussi : Le drame de la famille Safwan, victime comme tant d'autres de la crise socio-économique libanaise... )



Des migrants par centaines de milliers

Les mouvements migratoires irréguliers vers l'Europe ont quasiment triplé entre 2014 et 2015, selon les données du HCR et de l'Organisation internationale pour les Migrations (OIM).
Parmi le demi-million d'arrivants en Grèce depuis le début de l'année, près de 288.000 sont des Syriens, environ 77.000 des Afghans, près de 22.000 des Irakiens, quelque 14.000 des Pakistanais (chiffres OIM datant de mercredi).
Ceux qui sont arrivés en Italie sont, eux, majoritairement Erythréens (36.000 environ), Nigérians (près de 18.000) et Somaliens (10.000), selon la même source.
Au total, parmi les plus de 670.000 migrants qui sont arrivés en Europe par la mer en 2015 (chiffre de l'OIM datant de jeudi), il y a un mélange de migrants pouvant aspirer au statut de réfugiés -comme les Syriens, Irakiens et Erythréens - et des migrants économiques.

 

REUTERS/Srdjan Zivulovic

 

 

L'hiver ne sera pas forcément un frein

La dégradation des conditions climatiques pourrait ne pas décourager les migrants, préviennent des experts, relevant que la situation s'aggrave encore en Syrie. Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), 100.000 personnes fuyaient ainsi mardi l'offensive de l'armée syrienne dans les provinces de Hama, Alep et Lattaquié (ouest).

Le "désespoir" des Syriens, convaincus qu'"il n'y a absolument aucune chance de retour", et la crainte "que les portes se ferment bientôt" aux frontières européennes, créent un sentiment d'urgence, observe Louisa Vinton, coordinatrice de l'Onu en Macédoine.
"Mon sentiment personnel est que nous allons continuer à voir de grands nombres (de personnes) malgré le risque des conditions hivernales", à moins que l'UE ne parvienne à mettre en place un système "crédible" de répartition des réfugiés, a-t-elle prédit cette semaine à lors d'une conférence à Bruxelles mardi.

 

Les routes migratoires évoluent

Les routes migratoires évoluent constamment. Les risques de la traversée de la Méditerranée depuis la Libye vers l'Italie sur des bateaux surchargés (plus de 2.800 morts en 2015 entre l'Afrique et l'Italie sur plus de 3.100 décès au total de migrants en mer dans la région, selon l'OIM) et les opérations européennes contre les passeurs (Opération navale "Sophia") ont ainsi contribué à rediriger les flux vers d'autres routes, notamment celle des Balkans occidentaux.

Sur cet itinéraire, les migrants ont le plus souvent gagné la Grèce depuis la Turquie, sur des embarcations de fortune, à l'issue d'une courte traversée en mer, organisée par des passeurs. Ils ont ensuite souvent poursuivi leur périple par la Macédoine et la Serbie, la plupart espérant parvenir en Allemagne, identifiée comme un pays accueillant.

La "Route des Balkans" n'est pas figée: quand la Hongrie a fermé ses portes, le flux s'est redirigé, via la Croatie, vers la Slovénie, qui appelle désormais l'UE à l'aide pour faire face. Aux décisions en ordre dispersé des différents pays de transit répondent donc les mouvements chaotiques des migrants.

 

(Repère : Crise migratoire en Europe : les chiffres et les principales routes)

 

Ce que fait l'UE

Les Européens sont convenus de renforcer leurs frontières extérieures. Ils discutent de la création à terme d'un corps européen de garde-frontières, et ont commencé à installer des "hotspots" en Italie et en Grèce, où doit être fait le tri entre réfugiés et migrants économiques dès l'arrivée sur le sol européen.

Les migrants économiques doivent être renvoyés de plus en plus rapidement vers leurs pays d'origine, notamment africains, avec qui l'UE veut conclure de nouveaux accords. Quant aux réfugiés, ils doivent être répartis entre pays européens à partir de ces "hotspots", grâce à un mécanisme de "relocalisation" adopté laborieusement par les Etats membres.
Mais ce système tarde à se mettre en place sur le terrain, où les migrants poursuivent leur chemin vers le Nord sans s'arrêter dans les "hotspots". Et la répartition adoptée ne porte sur l'instant que sur 160.000 personnes.

L'UE a également lancé une offensive diplomatique pour obtenir des pays situés à ses frontières extérieures (Turquie, pays des Balkans) qu'ils gardent davantage de réfugiés sur leur sol, moyennant des aides. La Turquie est particulièrement visée mais les tractations sont tendues avec Ankara, qui n'a pas l'intention de se laisser forcer la main.

 

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