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Liban - Éclairage

Libertés publiques et droits citoyens : radioscopie d’une confrontation

Ces derniers jours, le mouvement de contestation né au lendemain de la crise des déchets s'est mobilisé pour obtenir la libération de deux activistes, Pierre Hachache et Waref Sleiman, détenus pendant plus de dix jours sur ordre du tribunal militaire pour avoir tenté d'ôter les barbelés empêchant les protestataires d'accéder à la place de l'Étoile où siège le Parlement. Les deux protestataires – qui ont finalement été remis en liberté sous caution lundi dernier – sont accusés d'atteinte à l'ordre public et d'avoir agressé les forces de l'ordre. Les différents collectifs à la base du mouvement de contestation qui agite le Liban depuis le début de la crise des déchets, mi-juillet, avaient réclamé à cor et à cri leur libération, estimant qu'aussi bien leur arrestation que leur détention prolongée étaient injustifiées, illégales et à caractère politique par excellence. Ils réitèrent à qui veut les entendre que leur mouvement reste pacifiste et s'inscrit dans le respect total de la loi.

Dès le début de ce mouvement populaire, plus précisément depuis que les manifestations de rue ont dégénéré en actes de violence, plusieurs voix critiques se sont élevées pour dénoncer la dérive d'une action civique qui avait pourtant séduit une large frange de la population. Ces voix critiques ont notamment exprimé leurs réserves à l'égard des méthodes et techniques employées dans la rue et disent craindre le retour de l'instabilité.
Le mouvement citoyen est notamment pointé du doigt pour avoir porté atteinte à l'ordre public et généré le chaos à une période délicate où le Liban est entouré des flammes qui dévorent la région.
Face à un pouvoir indéboulonnable, rodé à faire face à tous sortes de défis et bardé de moyens, plusieurs composantes du front pluriel de contestation affirment être conscientes de « certaines failles » ou « erreurs de parcours » qui ne doivent en aucun cas remettre en cause la noblesse et la légitimité de la cause défendue, à savoir la dénonciation de la corruption de la classe politique révélée au grand jour à travers la crise des déchets. Ils répondent à leurs détracteurs en accusant notamment les autorités en place de recourir à tous les moyens mis à leur disposition pour saboter le mouvement en le diabolisant.
La bataille menée par les activistes contre le pouvoir ainsi que les techniques de protestation mises en œuvre ont soulevé une série de questions juridiques portant sur le principe des libertés publiques et des droits et obligations qui s'imposent aussi bien aux manifestants qu'aux forces de l'ordre.
Deux juristes ont accepté de livrer leur réflexion sur ce sujet dans le cadre d'une approche constructive. Le premier, Hassan Tabet Rifaat, est professeur de droit. La seconde, Nadine Moussa, est une avocate et activiste qui s'est portée volontaire pour la défense et la protection des manifestants.
Deux points de droit ont été soulevés par les deux juristes : tout d'abord, le droit des manifestants d'« occuper » les lieux publics, notamment la place de l'Étoile interdite d'accès aux protestataires et le ministère de l'Environnement. Cette interdiction a été à l'origine des troubles qui ont eu lieu à plusieurs reprises et de l'arrestation conséquente des deux activistes.
Les juristes se sont en outre exprimés à tour de rôle sur le droit de manifester, son étendue et ses limites en droit avant d'exposer leur opinion personnelle sur le mouvement de contestation dans son ensemble.

 

Les interviews :

 

« Les contestataires ne voient malheureusement la liberté que d'un seul côté », affirme Hassan Tabet Rifaat

La liberté est comme une pièce de monnaie, elle est à deux faces, l'une reflétant le « droit à... » et l'autre le devoir envers la chose publique, souligne le professeur de droit. (lire la suite)

 

Nadine Moussa dénonce la politique des deux poids, deux mesures pratiquée par l'État

L'avocate et activiste, qui s'est portée volontaire pour la défense et la protection des manifestants, évoque les irrégularités liées à l'arrestation de Pierre Hachache et Waref Sleiman.(lire la suite)

 

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commentaires (1)

Ayant lu l'opinion du Professeur Hassan Tabet Rifaat, ainsi que celle de Maître Nadine Moussa, je me permets de dire que les citations juridiques exprimées dans le texte du Prof. Hassan Tabet Rifaa, sont claires, nettes et précises. Son opinion est professionnelle donc sans parti pris. Ainsi, elle me semble impartiale Quant à l'opinion de Maître Nadine Moussa, je la comprends, puisque je suis d'accord que la misère engendre des délinquants. Ce qui devrait rendre les organisateurs des manifestations plus attentifs et les maintenir en parfaite coordination avec les éléments des F.S.I. destinés à les encadrer et à assurer leur protection. Sans jamais oublier qu'il s'agit de simples citoyens, aux ordres de la haute hiérarchie, qui revendiquent les mêmes droits que les manifestants!... Puissent les diverses composantes de la Société Civile s'entendre afin d'atteindre un même but, celui de manifester pacifiquement et avec un minimum de civisme

Zaarour Beatriz

16 h 52, le 21 octobre 2015

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Commentaires (1)

  • Ayant lu l'opinion du Professeur Hassan Tabet Rifaat, ainsi que celle de Maître Nadine Moussa, je me permets de dire que les citations juridiques exprimées dans le texte du Prof. Hassan Tabet Rifaa, sont claires, nettes et précises. Son opinion est professionnelle donc sans parti pris. Ainsi, elle me semble impartiale Quant à l'opinion de Maître Nadine Moussa, je la comprends, puisque je suis d'accord que la misère engendre des délinquants. Ce qui devrait rendre les organisateurs des manifestations plus attentifs et les maintenir en parfaite coordination avec les éléments des F.S.I. destinés à les encadrer et à assurer leur protection. Sans jamais oublier qu'il s'agit de simples citoyens, aux ordres de la haute hiérarchie, qui revendiquent les mêmes droits que les manifestants!... Puissent les diverses composantes de la Société Civile s'entendre afin d'atteindre un même but, celui de manifester pacifiquement et avec un minimum de civisme

    Zaarour Beatriz

    16 h 52, le 21 octobre 2015

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