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Diaspora - Témoignage

De Cadix à Beyrouth, la recherche d’une identité historique phénicienne

Monserrat Díaz dans le port phénicien de Cadix en Espagne.

Monserrat Díaz, spécialiste en relations internationales et en histoire ancienne avec une prédilection pour les langues sémitiques, a participé au récent voyage de retour aux sources, organisé par RJLiban à Beyrouth. Elle collabore désormais au développement des projets de l'association. Voici un texte dans lequel elle raconte sa rencontre, au Liban, avec les ancêtres de ses ancêtres :
«RJLiban s'enrichit des expériences des descendants d'émigrants libanais des XIXe et XXe siècles qui constituent la "diaspora moderne". Mais l'association contribue aussi à rappeler que les Phéniciens furent les pères fondateurs de l'actuelle ville de Cadix*, la capitale de la province andalouse du même nom.
« Je suis moi-même d'ascendance maternelle mexicaine et d'ascendance paternelle de Gadir la Phénicienne, aujourd'hui Cadix en Espagne. J'avoue être amoureuse de l'histoire antique du monde occidental phénicien dit punique, auquel appartient la ville de Gadir, en grande partie parce que toute ma famille paternelle est originaire de cette province, ce qui m'a certainement ramenée au Liban.
« Selon le géographe grec Strabon, la cité de Gadir fut fondée par des Phéniciens de Tyr, suite aux indications d'un oracle. Les Tyriens étaient arrivés à la recherche de métaux comme l'argent, l'or et l'étain, pour lesquels la région de Guadalquivir serait le principal fournisseur. Gadir a joué un rôle très similaire à celui de Tyr au Proche-Orient et de Carthage en Méditerranée centrale. C'étaient les trois capitales de l'expansion coloniale phénicienne.
«À ce propos, je me souviens que l'un de mes oncles me disait: "Pour les navigateurs phéniciens, le port de Cadix était stratégique. Il servait de carrefour menant de l'Europe atlantique au Proche-Orient, et du nord de l'Afrique au sud de l'Europe."
«Pour toute personne intéressée par la route des anciennes villes phéniciennes, ce sera une grande expérience que de découvrir les pièces archéologiques de fabrication identique phénicienne, exposées dans les musée de la province de Cadix et au Musée national de Beyrouth. Dans le musée de Cadix sont
conservées diverses pièces gaditanes, associées généralement à Astarté, divinité très vénérée à Gadir, des masques en terre cuite, des bijoux en or et des amulettes, des pendentifs égyptisants, des céramiques et des objets funéraires divers, des objets en bronze, des assiettes, des cruches, des graffitis comportant des lettres de l'alphabet phénicien. Et, surtout, les sarcophages anthropoïdes magnifiquement sculptés, identiques à ceux de Sidon.
«Je me souviens encore de cette visite, en novembre 2014, au musée de Cadix où, admirant les sarcophages anthropoïdes, j'ai eu cette pensée : "Un jour, je verrai les originaux de ces pièces au Musée national de Beyrouth." Ce vœu s'est réalisé, en juillet 2015, grâce à l'appui de
RJLiban. »

*Principales localités où l'on rencontre des vestiges phéniciens à Cadix en Espagne : Doña Blanca (à côté de l'ancienne embouchure de la rivière Guadalete), Canovasdel Castillo, La Caleta, sanctuaire de Algaida (San Lucar de Barrameda), Sancti Petri, la baie de Cadix, Medina Sidonia.

Monserrat Díaz, spécialiste en relations internationales et en histoire ancienne avec une prédilection pour les langues sémitiques, a participé au récent voyage de retour aux sources, organisé par RJLiban à Beyrouth. Elle collabore désormais au développement des projets de l'association. Voici un texte dans lequel elle raconte sa rencontre, au Liban, avec les ancêtres de ses...