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Lifestyle - La mode

Minimalisme et technologie à la Fashion Week de Paris

C'est une longue et quasi exhaustive Semaine de la mode, ou plutôt « Semaine des créateurs de mode/prêt-à-porter féminin/ printemps-été 2016 », selon l'appellation homologuée par la Chambre syndicale, qui s'est achevée à Paris mercredi dernier, 7 octobre. L'événement avait commencé sur les chapeaux de roues, le 29 septembre, par la traditionnelle ouverture consacrée aux jeunes maisons.

Miu Miu.

À l'ouverture de la Semaine de la mode des collections féminines printemps-été 2016, c'est surtout le Japonais Anrealage qui a fait l'événement avec une collection mettant en valeur les prouesses techniques chères à son directeur artistique, Kunihiko Morinaga. Les modèles étant taillés dans des tissus photosensibles, les spectateurs étaient invités à prendre des photos avec les flashes de leurs smartphones, ce qui révélait des couleurs normalement invisibles. Par ailleurs, le défilé était silencieux, mais un casque distribué aux présents permettait de se plonger dans l'ambiance sonore de la présentation.

Maison Margiela
Dès le lendemain, une inspiration japonaise donnait la note, avec un John Galliano qui adaptait pour la deuxième saison consécutive son esprit couture à la tendance brutaliste de Maison Margiela. Un film de cellophane vient enserrer le bas d'un pull de cricket aux manches déchirées, des taches de peinture s'impriment sur l'arrière d'une robe blanche plissée ou d'un manteau noir. À l'aise dans l'anonymat cultivé comme une identité par la griffe belge, le créateur n'a pas salué à la fin du défilé.

Dries Van Noten
Adepte des imprimés et motifs ethniques savamment modernisés, Dries Van Noten a encore fait dans l'opulent, à contre-courant d'une nouvelle tendance au minimalisme. Ses bas et ses longs gants évoquaient le tatouage au henné et le reste de la collection jouait les oppositions : pantalon à carreaux gris adouci d'un voile imprimé rose comme une traîne, une veste de tailleur stricte associée à un pantalon brillant, un haut fin porté avec une brassière à sequins.

Chloé
Toujours ultraféminine, la Maison Chloé jouait une fois de plus l'évanescence avec force tissus fluides et aériens. Évoluant avec grâce, la femme Chloé, entourée de voiles et de volants qui accompagnent ses mouvements, ondule telle une nymphe aquatique, une Ophélie moderne, une sirène nostalgique de son habitat sous-marin.

Balenciaga
Pour sa dernière collection chez Balenciaga, Alexander Wang avait, lui aussi, pris l'option vaporeuse avec des robes blanches drapées et fluides favorisant le volant comme une signature stylistique.

Céline
Phoebe Philo n'en finit pas de surprendre, chez Céline, par sa maîtrise technique et son goût des contrastes. Pour le printemps-été 2016, elle annonce une collection d'inspiration lingerie, mais à porter avec des bottes. Nuisette et Chelsea Boots, dentelles et santiags, force et fragilité bien-sûr, le tout enveloppé de vestes oversize à carreaux pour donner de l'assurance à une femme qui doit sentir, souligne la styliste, « qu'elle peut faire tout ce qu'elle a besoin de faire ».

Hermès
La grande maison parisienne de « qualité », qui continue à refuser l'appellation « luxe » jugée vulgaire, livre le deuxième défilé de sa nouvelle directrice artistique Nadège Vanhee-Cybulski. Celle-ci joue à fond la carte de la couleur exaltée par la beauté des matières et dit avoir voulu apporter une touche d' « audace ». Après le noir, l'écru et le gris quartz des premiers modèles, éclate un bleu « smalt », un rouge « jaspe », un orange « cornaline », des couleurs aux noms de gemmes, tout comme les agates qui se retrouvent dans les bracelets de la collection.

Saint Laurent
C'est un Hedi Slimane de plus en plus rock qui entraîne ses adeptes au festival de Glastonbury dès le printemps prochain. La fille Saint Laurent relâche la bretelle, laisse entrevoir ses seins sous la transparence d'une robe de dentelle qu'elle recouvre aussitôt d'un perfecto, ou enfile un jeans sous un trench avec des bottes en caoutchouc. Il pleuvra donc, à la belle saison 2016, et s'il ne pleut pas en Europe, on ira chercher la pluie sous les cieux qui
l'invitent.

Stella McCartney
Elle apporte du mouvement, des couleurs vives, et continue à prôner une mode équitable et écologique. La fille du Beatles Paul McCartney reste fidèle à un style alliant féminité et confort. On trouvera dans sa collection des robes longues à col polo, à gros carreaux, qui épousent le corps en souplesse. Tout comme des débardeurs et des jupes à mi-mollet qui jouent les transparences en superposant les rayures, jaunes, blanches, rouges. Très remarqués, des ensembles plissés, un peu à la Issey Miyake, laissent une grande liberté de mouvement, avec des tops asymétriques et des jupes fendues aux couleurs acidulées.

Sonia Rykiel
Fidèle à son ADN germanopratin, Sonia Rykiel nous entraîne dans les nuits jazzy du Saint-Germain des années 50. Pour les noctambules, Julie de Libran, la nouvelle directrice artistique de la griffe, a imaginé des robes en popeline, en soie ou en peau. Droites et plissées, elles dénudent l'épaule, nouveau séjour du sexy. Les pulls, à mailles larges, se portent sur des jupes courtes ou longues, sandales aux pieds. La fourrure, un classique de Rykiel, se décline en étoles camouflage ou jaune citron.

Louis Vuitton
À côté du bâtiment de la Fondation Louis Vuitton, la salle qui accueille le défilé est tapissée d'écrans. La vidéo d'un homme dans un intérieur se strie peu à peu de rayons lumineux pour basculer dans un monde numérique. Le premier mannequin a l'apparence d'une héroïne de manga, avec ses cheveux et sa veste roses, et ses sandales noires aux semelles épaisses. Aux mains, elle porte des protections en cuir, évoquant celles d'un boxeur. Mi-combattante bionique, mi-ballerine punk, avec des vêtements qui mêlent protection et broderies, la collection imaginée par Nicolas Ghesquière a des accents futuristes.

Miu Miu
La femme Miu Miu imaginée par Miuccia Prada pour l'été prochain se promène en culotte, protégée des éventuels frimas par une simple veste. Les moins audacieuses opteront pour de très sages jupes longues et étroites, à la taille haute rappelant la mode des années 1950. L'allure rétro est renforcée par des étoles de fourrure colorée portée en diagonale sur le buste. Le blouson Perfecto, lui, est revisité avec des pans de col surdimensionnés.

Valentino
Le duo de créateurs Maria Grazia Chiuri et Pierpaolo Piccioli ont démarré leur évocation en terres romaines en s'inspirant des robes droites toutes simples de la Rome antique dans les tons chocolat avec des sandales plates à brides. Le défilé a ensuite fait la part belle à des robes en cuir sexy clouté à découpes, qui pouvaient rappeler les femmes de gladiateurs, certaines tenues comprenaient aussi des touches de dentelles qui ajoutaient un brin de romance et de modernité. Mais l'influence principale de ce défilé était incontestablement tribale, avec une collection riche en tuniques longues, en robes de soie aux motifs animaliers dans les tons de bordeaux, verts ou orange, sans oublier des minijupes à perles et des revers richement brodés. Présent au défilé, le maître Valentino Garavani s'est montré emballé et fier de la relève.

Chanel
À la veille du profond conflit qui secoue Air France, Karl Lagerfeld a imaginé, toujours au Grand Palais, son lieu fétiche, un aéroport idéal où évoluent des hôtesses et des voyageuses d'une élégance souveraine. Comptoirs d'enregistrement factices, tableaux de départs et bagages de créateur, fébrilité des duty free et salles d'embarquement, le mouvement sous toutes ses formes formait l'essence du défilé. La collection ressemblait à une interprétation à la fois pragmatique et fantasque de la notion de voyage. D'un côté, des vêtements qui paraissaient faits pour le long courrier : pantalons de jogging confortables, vestes soyeuses style pyjama assorties de pantalons à la coupe large et évasée, les pièces paraissaient confortables et fluides, plutôt éloignées des tweeds structurés qui représentent traditionnellement Chanel. Mais il y avait aussi, bien sûr, des ensembles plus classiques, avec des tweeds élégants, ravivés par des tons vibrants de bleu et violet, des casquettes de base-ball et de gros bijoux. Malgré un style plus juvénile, les vestes chics, les jupes fourreau et autres cabans n'ont pas manqué le rendez-vous.

Dior
La tente dressée par Dior, rue de Rivoli, sous une montagne de delphiniums, annonçait dans un nuage bleu une collection dédiée au foisonnement floral cher à Christian Dior. Mais c'est une collection particulièrement minimaliste que présentait Raph Simons pour le printemps-été 2016. Le créateur expliquait que la mode entrait dans un cycle dépouillé, que les gens exprimaient un nouveau besoin de simplicité. Simons a donc imaginé une collection très fraîche, comme un arc-en-ciel sur le Sud de la France, où il savait avoir mis un peu d'inspiration victorienne et une touche d'érotisme, mais alors très, très discrètement. On retrouve surtout dans la forme des petits pulls portés sur des shorts corolle, la veste New Look en forme de sablier, tronquée pour une allure plus masculine. Beaucoup de blanc, de popelines, de légèreté ponctuée par de la maille protectrice, déclinée dans la palette traditionnelle de Dior. Rien de conceptuel ne viendra troubler, à la belle saison prochaine, la visibilité de cette collection éminemment portable, éminemment désirable.

Élie Saab
Beaucoup de fleurs, chez le grand couturier libanais, et ces rayures signature qui reviennent désormais dans toutes les collections Élie Saab prêt-à-porter. Mais la nouveauté, c'est cette petite touche Streetwear traduite par des bomber jackets qui flirtent avec la dentelle emblématique de la maison. Des shorts font écho à des pantalons en dentelle, tout en transparence ; ils se portent avec des chemisiers en soie dont les cols, doublés de nœud, réinterprètent la lavallière. Des robes en broderie anglaise côtoient des pièces en cuir perforé de fleurs. L'univers végétal devient graphique : l'imprimé superpose fleurs colorées et rayures noires et blanches, qui affinent la silhouette. Il se décline sur une robe en guipure imprimée, une blouse en crêpe Georgette, une combi-short en kadi. Son effet vitaminé rythme, ici, le défilé pour répondre à un imprimé pop. Une nouvelle ligne de sac, Le 31, reprend les codes de la Maison Élie Saab : sa forme carrée, surmontée d'un fermoir facetté, se décline en trois modèles.
Cloutées ou tressées, les chaussures soulignent la diversité de la collection
accessoire.
Il faudra un peu de recul pour dégager de ce nouveau marathon de défilés les principales tendances du printemps-été 2016, mais on sait déjà que la sirène sera à l'honneur avec ses volants et ses voiles, que le minimalisme repointe le bout du nez, que le pantalon argenté sera un nouveau hit, mais l'affaire reste à suivre. Depuis lundi, c'est Tokyo qui lance en force sa Fashion Week. Une nouvelle capitale s'ajoute au circuit mondial de la création.

 

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