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Liban - Disparition

Avec le décès d’Élias Skaff, le Liban a perdu une personnalité discrète, très populaire et attachée à ses principes

Les funérailles de l'ancien ministre et député, président du Bloc populaire, auront lieu mercredi, à Zahlé.

Les condoléances sont reçues depuis hier par sa famille, notamment sa veuve Myriam Skaff, à Zahlé. Photo Danièle Khayat

Le Liban fait ses adieux, mercredi, à Élias Skaff, un homme qui a marqué, durant des décennies, la vie politique libanaise de son empreinte discrète et de son attachement à ses convictions. L'ancien ministre et député est décédé samedi à l'âge de 67 ans, des suites d'une longue maladie. Sa famille reçoit les condoléances depuis hier au siège du Bloc populaire à Zahlé. Plusieurs personnalités s'y sont rendues, comme le député Assem Araji, l'ancien vice-président du Parlement Élie Ferzli, l'ancien député Hassan Yacoub, les anciens ministres Khalil Hraoui et Salim Wardy, et d'autres pôles de la région.

Élias Skaff retrouvera mercredi sa ville natale qu'il a tant aimée et où il sera inhumé. Les détails des obsèques ont été annoncés hier par le Bloc populaire : le convoi funèbre quittera l'hôpital de l'Université américaine (AUBMC) à Beyrouth à 9h et empruntera la rue de Damas vers la Békaa. Il passera à 11h par Mreijat, à 11h30 à Qab Élias, à 11h45 à Jdita, à 12h à Chtaura, à 12h15 à Taalabaya, à 12h30 à Saadnayel, à 12h45 à Hoch el-Oumara, au niveau de la bifurcation du jardin du président Élias Hraoui. À 13h, la foule commencera à se rassembler à l'entrée de Zahlé, Manara. Le convoi funèbre empruntera le boulevard de Zahlé à 13h30, passant devant la faculté al-Charqiyé à 14h. Un accueil populaire lui sera réservé devant le siège du Bloc populaire à 14h30. Le cercueil sera déposé à la cathédrale Notre-Dame du Secours à 14h45, et les funérailles seront célébrées à 15h.

Trois fois ministre

Élias Joseph Tohmé Skaff, ingénieur de formation, est né le 10 octobre 1948 à Chypre. Il a été scolarisé en Nouvelle-Zélande, et n'est rentré au Liban qu'en 1964, à l'âge de 16 ans. Il complète ses études à Zahlé puis à Choueifate. En 1975, il décroche son diplôme d'ingénieur agronome de l'AUB. En 1995, il épouse Myriam Gebran Tok : ils auront deux enfants, Joseph et Gebran.

En 1999, Élias Skaff est élu vice-président du Conseil supérieur de la communauté grecque-catholique, puis réélu à ce poste en 2002. Il fonde, avec sa famille, la Ligue de la famille Skaff au Liban et à l'étranger en 2000, ainsi que la Fondation Joseph Tohmé Skaff en 2001.

Élias Skaff entre en politique en 1992, en se présentant aux premières élections législatives de l'après-guerre. Il est alors élu haut la main, dépassant de loin ses concurrents, puis réélu en 1996, 2000 et 2005, avant d'échouer au scrutin de 2009 : il se trouvait alors sur la liste opposée à celle du 14 Mars. Il a également été ministre à trois reprises : ministre de l'Industrie en 2003 dans le cabinet de Rafic Hariri, ministre de l'Agriculture en 2004 dans l'équipe de Omar Karamé, et de nouveau à l'Agriculture en 2008 dans le gouvernement de Fouad Siniora.

Élias Skaff était connu pour être un homme de principes. On retiendra de lui, notamment, sa lutte récente contre la construction d'une usine de ciment à Zahlé, qu'il a réussi à faire interdire, en raison des risques sur la santé des riverains. L'homme politique était également une personnalité très populaire dans sa ville, extrêmement proche des gens, se souciant de leurs intérêts.

Dans la même lignée que son père, Joseph Skaff, qui a souvent été combattu par les Syriens durant la guerre, le fils n'a jamais vraiment été considéré comme un allié de Damas, qu'il savait pourtant ménager. En homme modéré et soucieux du bien-être de sa région, Élias Skaff n'en avait pas moins affiché des positions audacieuses et parfois surprenantes durant sa carrière : ainsi, celui qui a toujours été proche de ce qui était alors connu comme « l'Est politique » n'a pas hésité à participer aux assises de Kornet Chehwane en 2001, après avoir été contacté par l'évêché maronite d'Antélias, risquant ainsi de provoquer une réaction de la part des Syriens, qui contrôlaient sa région. Mais il n'y trouvait « rien de provocateur », comme il l'avait alors assuré dans une interview à L'Orient-Le Jour, publiée le 10 mai de cette année. Il y déclarait notamment que « la priorité doit aller vers tout ce qui est de nature à soulager la population, tant sur le plan économique que politique ».

Élias Skaff devient enfin ministre en 2003, après avoir traversé onze ans d'exclusion. Dans une autre interview à L'OLJ, publiée le 20 avril de cette année, certaines de ses déclarations paraissent prémonitoires au regard des développements qui devaient suivre : « Nous vivons dans un pays malade dans tous les domaines. Si nous allons continuer à vivre dans la même ambiance de critiques, la fin sera terrible pour nous tous. La faillite de l'État, l'effondrement des institutions n'épargneront personne. Il nous faut donc travailler ensemble pour sortir de la crise. »

De nombreuses réactions

Depuis l'annonce du décès, de nombreuses personnalités politiques ont rendu hommage à l'ancien ministre et député. Le président du Parlement, Nabih Berry, a appelé sa famille pour présenter ses condoléances. Le Premier ministre Tammam Salam a déclaré qu'Élias Skaff « a joué un rôle essentiel dans la vie politique nationale ». Le bloc des députés de Zahlé a estimé que « son décès est une perte pour le pays, pour la Békaa et pour ceux qui l'ont aimé ».

L'ancien Premier ministre Saad Hariri, dans un tweet, a présenté ses condoléances pour le décès d'Élias Skaff, « qui appartenait à une grande famille ayant laissé ses marques dans l'histoire du Liban ». « Avec la disparition d'Élias Skaff, nous perdons une grande figure politique », a déclaré pour sa part l'ancien Premier ministre Nagib Mikati.

Samir Geagea, président des Forces libanaises (FL), a évoqué son amitié de longue date avec Élias Skaff. Les FL à Zahlé ont publié un message de condoléances dans lequel le parti regrette « un homme qui a laissé ses marques dans l'histoire du Liban ».

Le député Talal Arslane a affirmé qu'« avec la disparition d'Élias Skaff, le Liban tourne une de ses pages éclatantes ». Enfin, le ministre Fayçal Karamé dit avoir « perdu un ami et une éminente personnalité libanaise ».


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commentaires (1)

La disparition de Elias Joseph Tohmé Skaff, c'est un chêne de Zahlé et de la Békaa qui s'est abattu !

Un Libanais

12 h 25, le 12 octobre 2015

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Commentaires (1)

  • La disparition de Elias Joseph Tohmé Skaff, c'est un chêne de Zahlé et de la Békaa qui s'est abattu !

    Un Libanais

    12 h 25, le 12 octobre 2015

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