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Économie - Diplomatie économique

Les entreprises belges en opération séduction au Liban

La visite d'une mission économique belge, qui s'est conclue hier, a été l'occasion d'intensifier les relations commerciales avec un pays qui figure déjà parmi les partenaires du Liban.

La mission économique belge en compagnie du ministre de l’Économie et du Commerce Alain Hakim (au centre). Photo DR

Accompagnée d'une délégation d'une quinzaine d'entreprises belges, la secrétaire d'État à la Région bruxelloise en charge du Commerce extérieur, Cécile Jodogne, a mené une mission économique de deux jours au Liban qui a pris fin hier. La délégation était constituée d'entreprises allant de constructeurs de verre aux spécialistes de la quincaillerie décorative de luxe. « Le Liban est une porte d'entrée vers l'Orient, mais est aussi réceptive à ce qu'il se passe en Europe. Nous avons en commun la langue et une proximité dans le mode de vie », assure Mme Jodogne.

Alors que les ventes européennes vers le Liban ont baissé depuis 2013, en particulier pour l'Italie et la France qui comptent parmi ses plus gros fournisseurs, la Belgique gagne des parts de marché. Selon le site des douanes libanaises, les importations en provenance du « plat pays » ont atteint 604 millions de dollars en 2014, contre 305 millions en 2013, ce qui en fait le 9e partenaire commercial du Liban. « On sent que les importateurs libanais sont plus actifs qu'il y a un an ou deux », confirme Stefaan Janssens, responsable des exportations à Clayton, fabriquant de chaudières à vapeur industrielles, membre de la délégation belge. Reste qu'étrangement, le montant de ces exportations sont bien plus élevées que celles évaluées par la Belgique, qui constate de son côté une augmentation de 0,8 %, à 433 millions de dollars, sans qu'aucune des personnes interrogées par L'Orient-Le Jour n'ait pu expliquer ces différences.

Une balance commerciale déficitaire
En se basant sur les chiffres des douanes, cette forte croissance accentue de facto le déséquilibre de la balance commerciale entre les deux pays. La Belgique n'étant que le 25e client du Liban en 2014, et la tendance est à la baisse : les exportations libanaises sont passées de 47 millions de dollars en 2013 à 32 millions en 2014. Une chute imputable en partie à celle des pierres et les métaux précieux, qui a dégringolé de 34 millions de dollars en 2013 (75 % de la valeur totale) à 18 millions de dollars en 2014 (61 %). Par conséquent, « le Liban devrait plutôt tabler sur les produits alimentaires. Le seul problème qui se pose sont les normes sanitaires européennes », pense Nada Abdul Rahim, conseillère commerciale à l'ambassade de Belgique.

La mission économique belge avait également pour objectif de promouvoir l'attractivité de son pays vis-à-vis des entrepreneurs et investisseurs libanais. « Nous sommes un véritable tremplin pour le marché européen, voire africain », assure Nada Abdul Rahim. Autre atout, Bruxelles Invest and Export, département du ministère de la Région de Bruxelles – l'équivalent bruxellois de l'Autorité de développement des investissements au Liban (Idal) – se targue de pouvoir accueillir les entreprises libanaises rapidement. « Nous avons manifesté notre intérêt en janvier et ouvert notre bureau sur place en mai », confirme Simon Haddad, cogérant de l'entreprise informatique libanaise Technomania. Il y a aussi les facilités accordées à certains secteurs particuliers comme les crédits d'impôts pour la recherche et le développement. Des arguments qui semblent avoir convaincu Paul Khoros, dont la société Pro-Chem commercialise des produits chimiques sur plusieurs continents : « Nous avons déjà un centre de recherche et de développement à Dubaï, et j'envisage d'en ouvrir un à Bruxelles qui couvrira l'Europe et l'Asie. »

Manque d'attractivité du Liban
Mais pour ce qui est de l'attractivité du Liban, le constat est plus amer. « En 20 ans, le Liban n'a pas réussi à reconstruire ses infrastructures qui sont en régression continue », note Fouad Zmokhol, président du RDCL. Selon lui, un autre obstacle majeur pour les investisseurs étrangers est l'absence de loi régulant les partenariats public-privé. « Si cette loi était votée, les sociétés étrangères pourraient investir dans l'électricité, les énergies renouvelables, ou encore le recyclage au Liban », ajoute-t-il.

Nassib Ghobril, directeur du département de recherche et d'analyse économique à la Byblos Bank, est également pessimiste. « Avant de pouvoir attirer des investisseurs étrangers, nous avons besoin de réformes structurelles approfondies pour réduire les coûts opérationnels et l'endettement du gouvernement », argumente-t-il. « Mais il existe toujours un intérêt de la part des entreprises étrangères de participer à la reconstruction de la Syrie à partir de Beyrouth, une fois que la guerre sera terminée », concède l'économiste.

 

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