Le centre-ville de Beyrouth s'est réveillé hier sur une scène de désolation. Au lendemain de la manifestation organisée par le collectif « Vous puez ! », qui a une fois de plus dégénéré en violents heurts entre certains manifestants et les forces de l'ordre, la place des Martyrs ressemblait hier matin à un vrai champ de bataille.
Des pierres, des bouteilles de verre vides et d'autres, en plastique, remplies de boue jonchent les rues et les trottoirs face à l'immeuble d'an-Nahar. À ce niveau, la route était encore coupée hier matin par les blocs de pierre et les barrières métalliques placées la veille par les forces de l'ordre pour interdire aux manifestants l'accès à la place de l'Étoile, où se trouve le siège du Parlement. Ce n'est qu'après une tournée d'inspection effectuée sur les lieux par le ministre de l'Intérieur, Nouhad Machnouk, que les barrières érigées entre les manifestants et les forces de l'ordre ont commencé à être levées et que la place a été nettoyée. En début d'après-midi, la vie a vite repris son cours normal, dans cette région de la ville.
Seul l'hôtel Le Gray portait encore les stigmates de ces affrontements. Les dégâts matériels occasionnés dans le bâtiment sont considérables. Le carrelage des colonnes de la façade de l'hôtel est à moitié arraché. Il en est de même du revêtement du trottoir qui longe l'établissement. Les lampes posées sur la façade ont été brisées, ainsi que la porte en verre du café de l'hôtel. « Nous ne pouvons pas encore estimer la valeur exacte des dégâts », explique à L'Orient-Le Jour Rita Saad, directrice du département des relations publiques et du marketing de l'hôtel. « Nous attendons les rapports des experts », ajoute-t-elle.
« C'est la première fois depuis le début des manifestations (le 22 août dernier) que nous sommes touchés de cette façon, poursuit Rita Saad. En général, c'était le business qui pâtissait. Le soir des manifestations, nous ne pensions qu'à assurer la sécurité du personnel et des clients. » Les portes ont été en effet cadenassées et n'ont été rouvertes que lorsque les fauteurs de troubles ont été dispersés.
(Voir aussi : Manifestants vs forces de l'ordre place des Martyrs, les images)
Connaître les spécificités du Liban
Les émeutes du jeudi soir et les dégâts qui ont suivi n'ont pas réussi à décourager l'équipe de l'hôtel. « Ces événements nous attristent, confie-t-elle. Mais être au Liban sous-entend la nécessité de connaître ses spécificités, de les accepter et de pouvoir continuer malgré tout. »
La direction de l'hôtel compte-t-elle prendre des mesures de sécurité supplémentaires ? « Jusqu'à une période récente, les mesures prises consistaient essentiellement à informer les clients des dates et des heures des manifestations, pour qu'ils puissent s'organiser, d'autant que beaucoup d'entre eux sont des hommes d'affaires qui viennent au Liban pour quelques jours, répond Rita Saad. Probablement que pour l'avenir, nous allons renforcer les mesures de sécurité de manière à garder les manifestants le plus loin possible de l'établissement. »
Cette dernière manifestation a, en quelque sorte, porté préjudice au mouvement civil. En effet, plusieurs témoins et citoyens ont souligné ne plus vouloir « le soutenir », mettant l'accent sur « un certain civisme » qui aurait dû caractériser ces manifestations. « Si, réellement, des personnes se sont infiltrées parmi les manifestants pour gâcher l'action du collectif "Vous puez ! ", je pense que celui-ci doit mieux s'organiser justement pour éviter les dérapages », avance un citoyen.
De son côté, le mouvement civil fait assumer aux forces de l'ordre la responsabilité des événements de jeudi soir. Dans une déclaration à la LBCI, Assaad Zebiane, un des militants du mouvement civil, a ainsi affirmé que « la destruction a été majoritairement causée par les canons à eau activés par les forces de l'ordre en direction des manifestants ». Et d'insister : « Notre combat n'est pas dirigé contre les établissements commerciaux, ni les propriétés publiques et privées, ni même contre les forces de l'ordre. Notre combat est dirigé contre le pouvoir politique. »
Lire aussi
Forcing de la société civile pour libérer les activistes détenus
Salam promet de faire face avec fermeté et dureté aux agressions et aux atteintes contre les biens
« Vous puez ! », l’histoire d’une grogne populaire qui a enflé
commentaires (5)
ecouter j'etais actif au liban concernant les manif anti-syrien de 93 a 2003 ... je connais la rue libanaise par cœur ... lors de nos manifs contre la fermeture de la mtv par exemple oui il y avait des voyous qui essayer de prendre les devants (on savait d'où venait ses voyous la) mais les vrais manifestants ne les ont pas laisser monter au devant et on vite ete entourer puis ejecter par les manifestants meme je me rappelle juste une fois ou il y a eu du grabuge mais sans casse ou encore sans cette agressivite ou tony orien oui un CPL dure des dure est monter sur le camion de pompier avec les drapeau libanais .. il a fait comme un certain ELIE des FL plutôt ce jour la !! tout ca pour vous dire que ces manifs (et j'avais raison depuis le debut) qu'elle n'etait pas representative de la population libanaise au complet ..leur revendication sont justes mais malheureusement le slogans entendues sur place ne font pas honneur aux anciens activistes .. un exemple qui trahit leur impartialite le slogan sur solidere mais c'est faire montre d'une haine immense envers une societe qui a reconstruite le centre ville pendant que ce temps la personne n'osez s'en approcher et on sait qui les empêchaient
Bery tus
14 h 41, le 10 octobre 2015