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Nos Lecteurs ont la Parole - Sylvain THOMAS

L’opposition et le pouvoir

Il existe actuellement un certain courant de démocratie qui consiste à se rebeller contre le pouvoir. Cette attitude fondée sur un sentiment de « révolte », se retrouve disséminée un peu partout dans le monde : d'abord dans les médias de masse puis dans la politique, dans les milieux sportifs et même dans les « campus » des universités. Son style propre et ses attitudes particulières sont désormais à la mode.
La marée montante de la critique systématique est utile et nécessaire à la bonne marche de la vie civile L'exercice de l'opposition est une tâche sérieuse et honorable. Celui qui s'en acquitte en toute conscience contribue énormément à définir le but d'une action, à élucider les grands problèmes, à préciser les objectifs importants et à mobiliser les forces nécessaires pour les atteindre.
C'est l'homme qui, sans rejeter pour autant la civilisation à laquelle il appartient, sait en voir les injustices et s'employer à les combattre. Il apprend à maîtriser le mécanisme complexe qui commande l'évolution de la société. Il se consacre à la tâche rebutante, épuisante d'introduire, de recommander des réformes dans des institutions insensibles au changement.
D'autres ont découvert qu'en se posant en victimes de l'ordre social et de ses aliénations, ils exercent une action positive plus profitable pour leurs concitoyens. De la sorte, ils agissent et représentent la voix du peuple. Ces exemples sont identifiés au Liban, en Syrie, en Égypte, au Brésil, en Turquie, en Grèce, à Cuba, au Burkina Faso, en Afrique centrale, au Guatemala et d'autres pays du tiers-monde.
L'une des premières fonctions du chef est de maintenir l'espérance. Or, de nos jours, à en croire beaucoup des plus brillants membres de notre société, rien ne s'améliore jamais, tout est voué à aller de mal en pis. On formule, de toutes parts, les plus noirs pronostics.
Certes, il est bon de vouloir changer le système et d'aller vite, mais il ne faut pas que l'impatience nous amène à nier les progrès accomplis, qu'elle nous ôte la confiance nécessaire pour faire face aux durs combats qui nous attendent encore. La transformation de la société est une rude besogne qui exige une énergie peu commune, et c'est dans les succès passés qu'on puise le courage de poursuivre la lutte.
Hélas ! L'espoir n'est plus au goût du jour, et tout pronostic optimiste est mis au compte de l'hypocrisie moderne. Le pessimisme, dans le domaine de l'action, est un terrain favorable à l'éclosion des solutions extrêmes, des solutions désespérées, parmi lesquelles celles de la réaction et de l'oppression brutales. Il est bien vrai que le monde est plein d'absurdités inexplicables, de maux intolérables, d'injustices inexcusables. Quiconque ne le comprend pas évolue désarmé au milieu de multiples et redoutables dangers.
Mais n'oublions pas l'exceptionnelle résistance de l'esprit humain. Nous sommes faits pour la lutte, pour la quête inlassable de la lumière. Notre raison – cette part de nous-mêmes qui est saturée de mots et d'idées – peut se laisser aller au pessimisme, mais il reste en nous une autre part, plus primitive, ancrée plus profondément par des racines biologiques, spirituelles et religieuses, qui, elle, est indomptable et continue à dire oui à l'espoir, oui à la lutte, oui à la vie, oui à l'avenir et au changement.
Par bonheur, cet instinct profond du bâtisseur est, chez beaucoup d'entre nous, assez puissant pour que le désespoir actuel ne l'atteigne pas. Si l'on peut espérer, à longue échéance, que la brutalité le cède enfin à la raison, l'injustice à l'équité, l'ignorance à la lumière, c'est à la condition que nous agissions dans ce sens, chacun selon ses moyens. Les chances de réussite seront d'autant plus fortes que nous ne partirons pas persuadés de défendre une cause perdue. Notre vocation d'hommes, c'est d'essayer, coûte que coûte, et de réussir à force de persévérance.

Il existe actuellement un certain courant de démocratie qui consiste à se rebeller contre le pouvoir. Cette attitude fondée sur un sentiment de « révolte », se retrouve disséminée un peu partout dans le monde : d'abord dans les médias de masse puis dans la politique, dans les milieux sportifs et même dans les « campus » des universités. Son style propre et ses attitudes...

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