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Liban

La responsabilité du journaliste face à la contestation

Quel rôle doivent jouer les médias face au mouvement de contestation populaire provoqué par la crise des déchets en août dernier ? Le journaliste – lui-même citoyen engagé – peut-il porter un regard froid et distant sur des sujets qui le concernent aussi directement ?
C'est le thème du débat suscité hier à la faculté des sciences humaines de l'USJ, dans le cadre d'une conférence initiée par le Master « d'Info-com ». Trois journalistes ont été invités pour partager leur point de vue et leur expérience à ce sujet.
Pour Paul Khalifé, rédacteur en chef de Magazine, ce problème dépasse les frontières du Liban et se pose partout dans le monde. Face au foisonnement des médias sociaux à l'ère de l'hypercommunication, le citoyen est bombardé minute après minute par des informations dont on ne connaît pas souvent la crédibilité.
Sauf que la question sempiternelle reste de savoir si le rôle du journaliste est celui d'orienter l'opinion publique ou tout simplement de se contenter d'informer ? Qui dit informer ne signifie pas nécessairement qu'il faut se placer dans une perspective restrictive, affirme M. Khalifé. « Il s'agit de placer l'information dans un contexte, de l'expliquer et d'en évoquer les conséquences. » Un journaliste, dit-il, ne saurait s'identifier à l'événement qu'il couvre et doit plutôt éviter « l'immersion excessive » en gardant le recul nécessaire, ajoute l'intervenant, en citant plusieurs exemples de déviations professionnelles.
Pour Michel Touma, rédacteur en chef à L'Orient-Le Jour, le rôle du journaliste aujourd'hui est d'autant plus un rôle de responsabilité qu'il doit « servir de garde-fou », notamment pour ce mouvement de contestation, en formulant des observations, des critiques, voire même en dénonçant dès lors qu'il y a dérapage. « Nous avons un devoir citoyen et national d'apporter une critique constructive. C'est le propre même d'une société démocratique », souligne M. Touma. Estimant que les Libanais sont aujourd'hui devant une opportunité de changement historique que leur a offert la crise des déchets, il a préconisé la nécessité de tabler sur une cause sociale qui est, selon lui, « fédératrice », celle des services publics. Mettant en garde contre « le danger de l'exploitation » du mouvement populaire en gestation, il a insisté sur l'importance de « se fixer des objectifs réalistes et réalisables ». La rue, conclut Michel Touma, offre aux Libanais l'opportunité de côtoyer l'autre et de construire l'avenir avec lui en participant à un même combat. « C'est l'espace idéal pour l'émergence d'une culture citoyenne pavant la voie à la paix civile. »
Constatant enfin que les médias au Liban ne peuvent se libérer de leurs « allégeances politiques », Georges Eid, reporter à la chaîne MTV, insiste sur la nécessité d'accepter l'avis des autres dans un mouvement aussi pluriel, et pour les activistes, de bien connaître leurs dossiers s'ils veulent gagner en crédibilité. « Le mouvement se cherche encore », conclut le journaliste.

Quel rôle doivent jouer les médias face au mouvement de contestation populaire provoqué par la crise des déchets en août dernier ? Le journaliste – lui-même citoyen engagé – peut-il porter un regard froid et distant sur des sujets qui le concernent aussi directement ?C'est le thème du débat suscité hier à la faculté des sciences humaines de l'USJ, dans le cadre d'une conférence...

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