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À La Une - Liban

La manifestation dans le centre de Beyrouth dégénère : des dizaines de blessés et des arrestations

Le collectif "Nous réclamons des comptes" dénonce le comportement des forces de l'ordre faisant assumer au ministre de l'Intérieur l'entière responsabilité.

Une manifestation rassemblant des centaines d'activistes de la société civile au centre-ville de Beyrouth a dégénéré en affrontements avec les forces de l'ordre. REUTERS/Mohamed Azakir

Après avoir marqué une relative pause ces dernières semaines, le mouvement de contestation civile est revenu en force jeudi, dans le centre-ville de Beyrouth, lors d'une manifestation rassemblant des centaines de personnes et qui a dégénéré en affrontements avec les forces de l'ordre.

Vers 17h, des dizaines de personnes se sont rassemblées place Riad Solh, à l'appel du collectif "Nous réclamons des comptes", avant de rejoindre la foule qui s'est attroupée place des Martyrs, à l'appel du collectif "Vous Puez !". Les manifestants sont venus dénoncer une nouvelle fois les abus attribués à la classe dirigeante qu'ils estiment corrompue, sur fond de crise des déchets qui dure depuis le 17 juillet.

Anticipant les dérapages, les forces de l'ordre ont bloqué la rue des Banques et la rue Weygand à l'aide de blocs de béton dans le but de sécuriser le périmètre du Parlement, place de l'Etoile.

Si la manifestation avait débuté dans une ambiance bon enfant, sur fond de chants patriotiques et de pas de Dabké, la tension est vite montée lorsqu'une poignée de manifestants ont réussi à franchir la barrière sécuritaire érigée à l'entrée de la rue Weygand, à 19h. Les forces de l'ordre ont répliqué à coups de jets d'eau et de matraques, sans compter les dizaines de bombes lacrymogènes lancées en direction des manifestants.

Ils ont en contrepartie essuyé des jets de pierres lancés par certains émeutiers. Les Forces de sécurité intérieure ont dans ce contexte fait état de plusieurs agents blessés dans leurs rangs. Un officier blessé était dans un état critique, ont-elles ajouté.

 


REUTERS/Aziz Taher

 

Du côté des manifestants, l'activiste Imad Bazzi, l'un des porte-parole du collectif "Vous Puez !", a été blessé par les jets de pierres. Il a été transporté au centre médical Clemenceau. Trois autres protestataires ont été blessés par les tirs de bombes lacrymogènes, selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle). La Croix-Rouge libanaise a de son côté annoncé avoir transporté 35 personnes souffrant de troubles respiratoires. Les manifestants blessés seront traités aux frais du ministère de la Santé, à la demande de Waël Bou Faour.
Une vingtaine de manifestants ont été en outre arrêtés, selon les médias locaux.

Les forces de l'ordre ont par ailleurs annoncé avoir empêché certains émeutiers d'entrer par la force à l'hôtel Le Gray dont la porte d'entrée a été brisée.

Le collectif "Nous réclamons des comptes" a dénoncé le comportement des forces de l'ordre faisant assumer au ministre de l'Intérieur l'entière responsabilité. Les activistes ont appelé à la libération de tous les détenus, assurant que leur mouvement se poursuivra jusqu'à ce qu'ils sortent indemnes.

Plus tôt en début de soirée, Assaad Zebiane, figure de proue du collectif "Vous Puez !", avait annoncé à la LBCI que le mouvement allait appeler les manifestants à pénétrer sur la place de l'Etoile, malgré les mesures de sécurité renforcées déployées sur place. Assaad Zebiane avait été brièvement arrêté mardi pour "outrage au drapeau libanais", lors d'une petite manifestation à Hamra.

 

REUTERS/Mohamed Azakir

 

"Nous voulons rester dans notre pays"
Avant que la situation ne dégénère, un porte-parole avait réitéré les demandes du collectif "Vous Puez !" concernant divers dossiers.

"Que le ministre de l'Environnement (Mohammad Machnouk) démissionne, afin de préserver un minimum d'honnêteté", avait-il lancé lancé. "Ramassez tous ces déchets qui menacent la santé de nos enfants. L'hiver annonce une catastrophe environnementale", a-t-il ajouté.

"Mettez un terme au vol des fonds de nos municipalités. Accordez à ces municipalités ces fonds qui leur sont dus. Stopper le broyage des déchets par les camions de ramassage" a-t-il poursuivi. "Nous, citoyens libanais, payons le prix cher, au moment où (la compagnie de ramassage d'ordure) Sukleen continue à nous spolier. Mettez un terme au contrat avec Sukleen".

Et d'ajouter : "Le mouvement populaire refuse catégoriquement la création de décharge ou de dépotoirs. Nous soutenons la campagne pour la fermeture de la décharge de Naamé (au sud de Beyrouth), et nous soutenons les demandes des habitants du Akkar et de la Békaa".

Sur un autre plan, le porte-parole a souligné que "l'affaire des militaires otages (des jihadistes du groupe Etat islamique et du Front al-Nosra) fait du surplace, alors que notre gouvernement n'assume pas ses responsabilités". Et de conclure : "Nous avons tous le droit de vivre en dignité. Nous voulons rester dans notre pays".

 

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