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Liban - Dialogue

À l’horizon, le blocage total du gouvernement

Le dialogue a été reporté au 26 octobre. Photo Sami Ayad

La sixième séance de dialogue national qui s'est tenue hier a confirmé deux faits : l'impasse de la présidentielle (le thème du débat, celui du « profil du prochain président », en est en soi une indication claire) ; et l'échec des nominations sécuritaires. Un débat stérile et tendu qui a conduit le président de la Chambre à reporter la séance de dialogue prévue aujourd'hui au 26 octobre prochain, à Aïn el-Tiné.

Les nominations militaires, non prévues à l'ordre du jour, n'ont été examinées que furtivement, avant que le député Ibrahim Kanaan, représentant de Michel Aoun, ne se retire de la séance, pour contester l'ouverture du débat sur la question.
C'est le député Sleimane Frangié qui aurait pris l'initiative, lors de la séance de l'après-midi, de soulever la question des nominations. Il aurait exprimé le souhait de le faire, par souci de faciliter le compromis global. Nabih Berry aurait aussitôt signalé en avoir « longuement débattu » avec le Premier ministre Tammam Salam. Rompant avec son silence officiel sur la question, ce dernier a alors pris la parole, pour revenir à l'entrave juridique – soulevée il y a deux jours – qui empêche l'approbation du compromis sur les nominations : celles-ci doivent, en effet, faire l'objet d'un décret simple, qui ne peut être soumis à l'examen du Conseil des ministres qu'à l'initiative du ministre de la Défense. Dans ce rappel, le Premier ministre aurait mis l'accent sur une idée : « Cette affaire n'est pas liée au Conseil des ministres. »

(Lire aussi : « Une promotion en Conseil des ministres serait une violation de la loi »)



Coupant court au débat, M. Kanaan a déclaré que le Courant patriotique libre (CPL) n'était pas venu dialoguer sur les nominations. D'ailleurs, « nous n'acceptons rien qui soit illégal », a-t-il déclaré, avant de se retirer de la séance en début de soirée.
Il a ensuite précisé aux médias que « le dialogue est pour nous l'occasion de rectifier le déséquilibre prolongé de notre système, du Parlement à la magistrature suprême. Or cette démarche ne saurait s'accomplir sans le partenariat véritable prévu par la Constitution. Tous les propos sur des compromis, des initiatives et des issues (aux nominations, NDLR) sont sans lien avec notre approche ».

Une issue avait été évoquée in extremis, celle de proroger le départ à la retraite du général Chamel Roukoz par une décision du ministre de la Défense. « Le report a été envisagé ponctuellement, mais sans aboutir », a confié une source de la réunion à L'Orient-Le Jour. « L'on peut dire que le consensus sur les nominations est de plus en plus loin », ont souligné des sources concordantes.
Les milieux du CPL accusent le Futur et les Kataëb d'avoir « forcé la mise pour faire échec au compromis ». Avant le report de la séance de dialogue qui était prévue aujourd'hui, ces milieux avaient révélé que leur participation à cette séance serait la dernière.


(Lire aussi : Fatfat : Nous accepterons la promotion de Roukoz, mais malgré nous)

 

Deux feuilles de route
Ces tensions n'ont toutefois pas déteint sur les déclarations des participants à leur sortie de la réunion nocturne et la tendance a été de minimiser les motifs du report du dialogue : certains ont observé que « tout a été dit pour l'instant ». D'autres ont déclaré que la prochaine étape sera, pour le président de la Chambre, de lire les remarques écrites qui lui ont été soumises par les participants sur le profil du président. Il devra donc tenter l'étrange tâche de concilier « la présidence forte », défendue par le Hezbollah et le CPL, et « la présidence consensuelle et centriste », voulue par le 14 Mars. L'intervention du député Sleimane Frangié pourrait s'avérer utile à cette fin : le futur président doit être représentatif de sa base et accepté de tous, sans être nécessairement « le refuge de sa communauté », aurait-il précisé, se démarquant quelque peu de son allié chrétien.

La platitude des échanges – « les choses sont restées en l'état », a affirmé le député Ali Fayad –, a à peine dissimulé les tensions. Au député Mohammad Raad qui plaidait pour un président « garant de la résistance », Fouad Siniora aurait répondu que « la résistance est finie en 2006 : nous voulons un président garant des institutions ».Deux feuilles de routes divergentes se sont ainsi dégagées, sur fond de blocage présidentiel.
D'une part, le 14 Mars refuse de passer outre la première clause du dialogue, relative à la présidentielle, tant que cette question n'est pas réglée. Les représentants du Futur et des Kataëb, ainsi que les indépendants du 14 Mars présents à la table de dialogue, se sont tous opposés à l'idée d'un déblocage d'ensemble, que Nabih Berry a pris l'initiative de proposer hier à ses interlocuteurs. Il a été relayé par le député Walid Joumblatt, qui a dû se retirer une heure avant la levée de la séance nocturne « pour un rendez-vous médical ». « J'ai proposé ma feuille de route pour tenter de concilier les points de vue. Il est en effet impossible d'élire un président en dehors d'un package-deal », a-t-il déclaré.


(Lire aussi : « Nous réclamons des comptes » informe le parquet... et « Vous puez ! » réveille Salam)



Le député Talal Arslane avait soumis, lors de la séance, l'idée d'un nouveau Doha. Ce à quoi le chef du bloc du Futur Fouad Siniora aurait rétorqué en rappelant que « Doha avait été précédé d'un accord préalable sur la présidentielle ». Les milieux du 14 Mars craignent d'être entraînés dans un cercle de compromis, de subir de « nouveaux chantages », alors que la clé de voûte de la relance institutionnelle est la présidentielle, seule. Les appréhensions mutuelles portent surtout sur l'élaboration d'une nouvelle loi électorale, qui ferait partie de la solution. La répartition entre la proportionnelle et la majoritaire reste problématique, d'autant que les milieux opposés au Hezbollah sont convaincus que la proportionnelle sous la contrainte des armes ne fera gagner des sièges parlementaires qu'à celui qui détient un arsenal. Ils favoriseraient ainsi un scrutin mixte (60 % majoritaire-40 % proportionnelle, contre les 50 %-50 % souhaités par le Hezbollah).

La conséquence de ces tensions se fera ressentir au niveau du cabinet : sans une solution d'ensemble, son travail semble suspendu. Le CPL aurait même pris la décision de boycotter le gouvernement.
En contrepartie, le 14 Mars a appelé hier à une réunion urgente du Conseil des ministres pour résoudre le problème des déchets. « Le 14 Mars a pris la décision de boycotter le dialogue si le cabinet n'est pas réuni », a affirmé le ministre Boutros Harb à L'OLJ.
Entre-temps, « il n'est pas exagéré de dire que le pays croulera longtemps sous les déchets », révèle Walid Joumblatt à L'OLJ... Ou plutôt, automne-hiver oblige, « nagera dedans ».

 

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commentaires (6)

On dit généralement "jeux de mains, jeux de vilains" Au Liban, on peut dire "Jeux de politicards jeux de vilains" Avec les acteurs ^politiques actuels, il n'y a pas de solution Et ce n'est certainement pas un vieillard de 83 ans qui reussira à reformer les institutions du pays Le mur est devant nous, il ne faut pas le contourner mais le briser

FAKHOURI

15 h 24, le 08 octobre 2015

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Commentaires (6)

  • On dit généralement "jeux de mains, jeux de vilains" Au Liban, on peut dire "Jeux de politicards jeux de vilains" Avec les acteurs ^politiques actuels, il n'y a pas de solution Et ce n'est certainement pas un vieillard de 83 ans qui reussira à reformer les institutions du pays Le mur est devant nous, il ne faut pas le contourner mais le briser

    FAKHOURI

    15 h 24, le 08 octobre 2015

  • La démarche la plus opportune, objectivement parlant, pour comprendre les avatars de ce genre politiCus libanicus, et, partant, ceux de ce monde indigène et inique Malsain Martien, est de reconstituer à grand renfort de saynètes scénarisées la trajectoire qui va de l'homo habilis à l'homo sapiens en passant par le très affectueux et le grand prometteur big erectus ! Car, mahééék n'est-ce pas, ce fascinant ballet de moult gesticulations arrogantes, d'irrépressibles halètements en sus suants et de lueurs meurtrières dans l'œil, très, très M a u v a i s et en sang, de ces pâmés pré-humains en quête de nouveaux avantages politiques, sectaires et pécuniaires, ferait à coup sûr irrésistiblement penser, révérence parler, au Petit caporal, au fakkihiste et au bääSSdiotiste indigène et local lorsque, posant à tour de rôle devant les objectifs et les caméras sur le montiCule de Râbïyéééh, à Dâhïyéééh ou Place de l’Etoile, ils s'exténuent à marteler leurs bêtes conVergences en insultant le "Futur". Et ces mâles faux et solitaires, chenus mais plus ou moins à peine énergiques encore, qui se dressent tremblotants…. sur leurs jambes de derrière pour dominer une rocailleuse et crevassée campagne montagnarde clairsemée déjà, n'est-ce point ces divers énergumènes-là scrutant toujours l'espace- temps qui leur reste maybe(h) encore pour imaginer une dernière fois, farouchement, un avenir à "l'homo etc. bääSSdiotiliste, fakihitiliste et bossféràrieNique" moûmânaäâïste à deux piastres ?

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    11 h 49, le 08 octobre 2015

  • Arrêtons de nous enteter et faisons appel au Phare Aoun Commandante Kheneral.

    FRIK-A-FRAK

    09 h 32, le 08 octobre 2015

  • Bloquons une bonne fois pour toutes ces INUTILES-IRRESPONSABLES-INCAPABLES chez eux ! Bloquons leurs titres: ministres, députés, "excellence"...(en quoi ???) etc, etc. ! Bloquons aussi leurs salaires ainsi que tous les avantages liés à leur "soi-disant" fonction: sécurité et gardes, voiture etc. ! Débloquons des gens capables de diriger ce pays ! Irène Saïd

    Irene Said

    08 h 45, le 08 octobre 2015

  • COMME D,HABITUDE LES MUETS-SOURDS ONT PARLE ET LES SOURDS-MUETS ONT REPANDU ! TOUT AUTOUR LES GUERRES FONT RAGE... ET LE PAYS SE DESINTEGRE... OU KILL WAHAD MAWALOU !

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 15, le 08 octobre 2015

  • Le CPL d'une part "refuse tous les compromis" et d'autre part accuse le Futur et les Kataeb "d'avoir forcé la mise pour faire échec au compromis" ? Allez comprendre ! Il est clair qu'il s'agit d'un dialogue de sourds. Et de totale irresponsabilité, vu la situation très grave dans tous les domaines, à laquelle ils ont conduit ce pays.

    Halim Abou Chacra

    04 h 27, le 08 octobre 2015

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