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Liban - La situation

Dernière cartouche du CPL: contester le poids de Sleiman au gouvernement

Une scène de l’empoignade généralisée, au tout début de la réunion de la commission parlementaire des Travaux publics. Photo Hassan Assal

La vive altercation entre des députés du Futur et du Courant patriotique libre (CPL), qui a suspendu hier la réunion de la commission des Travaux publics et de l'Énergie au Parlement, n'aura été, en somme, qu'un remous, étroitement limité à la politique des petits tiraillements.
La réunion de la commission était pourtant importante, dans la mesure où elle devait mettre en marche l'enquête de la Cour des comptes, auprès du ministère de l'Énergie et de l'Eau, à la suite des accusations de détournement des fonds alloués au plan de l'électricité en 2011, dirigées contre le ministre Gebran Bassil, et son successeur. Le ministère concerné ayant refusé de coopérer avec les enquêteurs financiers, la Cour des comptes a délégué des représentants à la réunion de la commission hier, afin d'obtenir les explications nécessaires du ministre. La réunion aurait pu « apporter des révélations », confie le député Ahmad Fatfat à L'Orient-Le Jour... des révélations qui, semble-t-il, resteront contenues jusqu'à nouvel ordre.
L'offensive verbale lancée par le député Hikmat Dib contre le président de la commission, le député Mohammad Kabbani, avant le retrait des caméras de la salle de réunion, a dégénéré en vive altercation entre les députés des deux camps, diffusée en direct par les médias.


Les députés Ziad Assouad et Jamal Jarrah ont failli en venir aux mains, n'était l'intervention du député Ali Ammar, l'air quelque peu amusé, retenant fermement son allié du CPL d'aller plus loin dans son attaque. La réunion a finalement été levée par le député Mohammad Kabbani. Le tout, dans la passivité du ministre des Finances, qui avait pourtant réclamé, une semaine plus tôt, l'ouverture d'une enquête sur le dossier de l'électricité, selon le procès-verbal de la dernière réunion de la commission rapporté par le député Mohammad Kabbani.
Cette passivité du ministre des Finances est jugée « suspecte » par des députés du Futur, qui y lisent une entente à peine dissimulée entre le CPL et le mouvement Amal – pourtant « auteur des accusations », soulignent ces députés. Une entente dont le but serait de ne pas mener à terme l'ouverture du dossier de la corruption dans le secteur de l'Énergie.


Paradoxalement, le mutisme du ministre Khalil a été également critiqué par le CPL. L'ancien ministre Sélim Jreissati y voit une « connivence » entre le président de la Chambre et le Futur. Pourtant, ces derniers qui se sont succédé à la tribune ont promis de publier les chiffres qu'ils détiennent, ainsi que les enregistrements des précédentes réunions de la commission de l'Énergie, comportant notamment la position du ministre des Finances.
Le résultat concret du bruitage aouniste a été de suspendre momentanément le processus de l'enquête, en transposant la polémique dans l'espace médiatique. Une polémique que le Futur n'entend pas taire de sitôt. « Pour la première fois, il y a une véritable ferveur parmi les parlementaires du Futur », relève un député du 14 Mars.
Autre conséquence, remarquée hier, même par des observateurs du 14 Mars : « La victoire » du Hezbollah qui s'est posé en « conciliateur », d'une part entre le Futur, déterminé à dénoncer la corruption sur un dossier qu'il n'a plus géré depuis 1998, et de l'autre, le CPL, soucieux de maintenir, devant l'opinion publique, une image intacte de meneur de la lutte anticorruption.
« La mise en scène médiatique s'inscrit dans le cadre des préparatifs de la manifestation du 11 octobre courant », estiment des milieux du Futur. Pour le CPL, cet épisode ne fait que « détériorer les rapports entre le Futur et le CPL ».

 

Mokbel ne signera pas...
Quoi qu'il en soit, il semble peu probable que cet incident déteigne directement sur la progression du dialogue national, dont une série de nouvelles séances s'ouvre aujourd'hui à la place de l'Étoile.
En réalité, plus la situation est tendue, plus le dialogue paraît justifié. Cette « incongruité », selon certains, semble incontournable. Ainsi, le nouveau round de dialogue Hezbollah-Futur qui s'est tenu hier en soirée a été avancé exprès de manière à assainir l'atmosphère préalablement au dialogue national.
Dans un communiqué concis publié à l'issue de la réunion, les deux parties ont « débattu de la crise politique et réaffirmé l'importance du dialogue national et son influence positive sur la situation, tout en insistant sur la perspective de trouver une issue qui redynamise les institutions constitutionnelles au plus vite ».
Le dialogue aujourd'hui sera une ultime tentative de concilier les divergences révélées par la tentative d'un compromis sur les nominations sécuritaires, à moins de dix jours de la date du départ à la retraite du général Chamel Roukoz, fixée au 15 octobre prochain.


Le nœud qui empêche la mise en œuvre de cette solution se situe au niveau du mode d'approbation de cette formule : le CPL refuse le recours éventuel à un vote au sein du Conseil des ministres à cette fin, tandis que le Futur n'envisage que le vote, qui serait, en l'occurrence, un vote à la majorité simple des députés (le décret de l'avancement des généraux de brigades étant un décret simple).
Le Futur argue en effet de l'impossibilité d'obtenir un consensus autour des nominations, étant donné que deux composantes au moins du gouvernement s'y opposent (les ministres réunis sous l'égide de l'ancien président de la République, Michel Sleiman, et les ministres Kataëb). Pour le Futur, et précisément l'ancien Premier ministre Fouad Siniora, fort désormais du soutien de Saad Hariri – confirmé dans les milieux informés – l'avancement du général Roukoz ne saurait être concédé au CPL sans une garantie de relance de l'exécutif. Et le contexte du compromis a paru se prêter à un abandon du mécanisme de l'exécutif retenu jusque-là : celui du consensus, c'est-à-dire la prise de toute décision qui ne serait pas contestée par au moins deux composantes du gouvernement.
Il s'agit du « consensus souple », auquel le CPL fait référence. Le général Michel Aoun ne serait pas près d'y renoncer, quitte à perdre la possibilité d'obtenir un avancement du général Roukoz. Par son attachement au consensus, le CPL a préféré maintenir son veto au sein du cabinet, à l'avancement de Chamel Roukoz, confirme Sélim Jreissati. Un choix qui divise les cadres du CPL : de source autorisée, on apprend que les deux ministres du Changement et de la Réforme, contrairement au général Aoun, étaient favorables au vote des nominations, celui-ci étant le moyen d'obtenir l'avancement du général Roukoz.


« L'avis du général Aoun est celui du CPL, et le CPL s'est libéré de la date du 15 octobre », affirme ainsi M. Jreissati à L'OLJ. Dénonçant la « manœuvre du Futur » pour réactiver le gouvernement sur des bases contestables, il accuse ce même camp de « faire fi des ministres qui s'opposent aux nominations militaires ».
Le CPL a en effet tout intérêt à invoquer l'opposition de ces deux composantes, pour éviter le passage au vote. Mais il a tout aussi intérêt à mettre en doute cette opposition, dans une ultime tentative de décrocher un consensus sur les nominations. C'est ce qui conduit Sélim Jreissati à invoquer un autre argument, qui semble contredire son raisonnement premier : il met en doute le poids des ministres relevant du président Sleiman, et leur qualité de « composante du gouvernement ». « Les ministres relevant de l'ancien président se sont implantés dans l'actuel cabinet et ne sont qu'une survivance de l'ancien pouvoir », affirme l'ancien ministre.
À cet argument – ravivé hier par les milieux du CPL et du Hezbollah – le président Sleiman a choisi de ne pas répondre. Une position ferme a toutefois émané hier de ses milieux : le ministre de la Défense, Samir Mokbel, ne signera pas le décret des nominations militaires tel qu'envisagé actuellement.


Dans un communiqué, son conseiller média Béchara Khairallah a critiqué aussi bien « les parties qui cherchent avec impatience à relancer le cabinet sur la base d'un mécanisme trop souple, que d'autres, qui sont prêts à tout, même à reconnaître la légitimité d'un Parlement qu'ils contestent, pour assurer la place à leur seul candidat au commandement de l'armée ». Entre les deux, il y a « un groupe de ministres, qui s'est insurgé face à la politisation de l'armée et l'inversion de sa hiérarchie ». Et de s'interroger : « Quels sont les critères de ce compromis inconstitutionnel ? Et comment outrepasser l'avis d'au moins sept ministres chrétiens qui s'y opposent ? »


Dans le cadre de cette polémique sur les nominations, un homme s'abstient jusqu'à présent de prendre parti : le Premier ministre, Tammam Salam, resté discret jusque-là et qui a reçu hier au Grand Sérail les ministres Michel Pharaon, Sejaan Azzi et Ramzi Jreige.

 

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La vive altercation entre des députés du Futur et du Courant patriotique libre (CPL), qui a suspendu hier la réunion de la commission des Travaux publics et de l'Énergie au Parlement, n'aura été, en somme, qu'un remous, étroitement limité à la politique des petits tiraillements.La réunion de la commission était pourtant importante, dans la mesure où elle devait mettre en marche...

commentaires (5)

Le cirque de l'octogénaire du CPL finira le 16 octobre à minuit, ainsi le combat cessera faute de combattants. Adieu au beurre, à l'argent du beurre et au cul de la crémière.

Un Libanais

12 h 45, le 06 octobre 2015

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Commentaires (5)

  • Le cirque de l'octogénaire du CPL finira le 16 octobre à minuit, ainsi le combat cessera faute de combattants. Adieu au beurre, à l'argent du beurre et au cul de la crémière.

    Un Libanais

    12 h 45, le 06 octobre 2015

  • Ce que le camp 14 Sain est pour les Libanais Sains, ce que le 8 Malsain est pour les Libanais Malsains, la société à Courant d’Air oranginé ; qui constitue son Club Privé ; l'est pour boSSfééér. Dans ses tournées à travers juste ses 2 ou 3 Cazas orangés, les "sections spéciales" de cette société de bric et de broc massées le long des chemins crevassés, ont pour mission de lui improviser un public, de simuler l'enthousiasme, de hurler "Vive le caporal boSSfaïr !", d'insulter et de rosser les 14 Sains, naturellement sous la protection des chemises noires à turbans tous autant chiffonnés. Lors de ses jamborées à Râbïyéééh, la niche d’exil, ces sections noircies sont chargées de former sa bête milice, de prévenir et/ou de disperser les contre-manifestants Sains. Sa société de bric et de broc lui appartient, elle est sa seule "œuvre, sa pensée la + propre". Ce qu'il s'approprie, c'est la force des circonstances qui le lui donne, ce qu'il fait, ce sont les circonstances qui le font pour lui ; ou bien il se contente simplement de mimer les actions des autres. Mais lui, parlant à sa "populace" dans le langage de son (dés)ordre parfait, de son maronitisme coinnique, de sa "famille", de ses "propriétés" à lui, ayant derrière lui cette société spéciale à courant d’air changemental ; sa société de "bienfaisance" de bric et de broc du désordre et du vol ; c'est le caporal lui- même. Il est bien là auteur original, et la petite histoire de sa société réformée est bien sa "propre" histoire.

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    12 h 33, le 06 octobre 2015

  • Quand ce matin j'ai entr'aperçu cette photo Je me suis dit mais c'est quoi ça Quelle honte mais quelle honte, des voyous, des sauvages et c'est ça qui doit prendre les décisions d'un pays, des machins sans éducation, savoir-vivre, retenu, politesse... des imbéciles quoi

    RIGA Pavla

    10 h 59, le 06 octobre 2015

  • "...la politique des petits tirailllements..." et...des manifs !!! C'est décidément tout ce que vous savez faire à longueur de séances, de dialogues etc. depuis toujours, Messieurs les IRRESPONSABLES-INCAPABLES ? Vous arrive-t-il de vous souvenir pourquoi le peuple vous a élu ? Irène Saïd

    Irene Said

    09 h 47, le 06 octobre 2015

  • LE SECTEUR DE L,ENERGIE EST LE LIEU DES GRANDS SCANDALES FINANCIERS... BARGES TURQUES EN PREMIER EXEMPLE...

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 18, le 06 octobre 2015

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