Une quarantaine de factions rebelles, parmi les plus puissantes en Syrie, ont affirmé lundi que l'intervention militaire de la Russie rendait impossible une solution politique à un conflit qui a fait plus de 240.000 morts en plus de quatre ans. Il ont ainsi appelé à la constitution d'une "coalition régionale" pour combattre le régime syrien et ses alliés russes et iraniens.
Dans un communiqué posté sur internet, 41 groupes, dont Jaïch al-Islam, le plus important groupe rebelle dans la région de Damas, Ahrar al-Cham, présent surtout dans le nord-ouest de la Syrie, soulignent que "la brutale occupation russe a coupé la route à une solution politique".
L'aviation russe mène depuis le 30 septembre des raids officiellement contre le groupe jihadiste État islamique (EI) mais en fait elle frappe le plus durement d'autres groupes armés hostiles au régime de Bachar el-Assad, notamment les islamistes et le Front al-Nosra, branche syrienne d'el-Qaëda, dans le centre et le nord du pays. Certains des signataires comme Ahrar al-Cham et Jaïch al-Ezza, ont été les cibles des frappes russes.
"La Russie a volé au secours du régime d'Assad au moment où celui-ci était cliniquement mort afin de lui éviter une défaite totale", indique le texte, qui accuse Moscou d'avoir tué 50 civils dans la province centrale de Homs et commis ainsi "son premier crime de guerre en Syrie". Les groupes rebelles appellent à la constitution d'une "coalition régionale" pour combattre le régime syrien et ses alliés russes et iraniens. "La nouvelle réalité rend impératif que les pays de la région, notamment les alliés, se hâtent de former une alliance régionale face à l'alliance d'occupation russo-iranienne", ont-ils dit.
Le communiqué fait suite à un autre signé par beaucoup de ces groupes rebelles et la coalition de l'opposition en exil appelant à "rejeter l'escalade militaire directe de la Russie en Syrie". "Cette escalade démontre que la Russie n'était ni sérieuse ni sincère dans son engagement envers le processus politique et qu'elle ne peut pas être un intermédiaire impartial car elle est partie prenante au conflit", selon le texte.
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Le jihad contre Assad
Par ailleurs, une cinquantaine de religieux saoudiens ont appelé les pays arabes et musulmans à apporter un soutien "moral, matériel, politique et militaire" aux acteurs du "jihad" en Syrie contre le gouvernement de Bachar el-Assad et ses alliés russe et iranien.
Dans une pétition diffusée en ligne, ils estiment que "les combattants de la guerre sainte en Syrie défendent la nation musulmane dans son ensemble" et jugent que s'ils sont battus, les pays de l'islam sunnite tomberont tous les uns après les autres. Riyad a dénoncé le déclenchement, mercredi dernier, de l'intervention de l'aviation russe en Syrie en soutien au régime de Bachar el-Assad. Dans leur communiqué, ces religieux, qui ne sont pas affiliés aux autorités saoudiennes, comparent l'intervention russe à l'invasion de l'Afghanistan par l'armée soviétique en 1979.
( Lire aussi : Premiers incidents sérieux entre les aviations russe et turque )
Le pouvoir saoudien, à l'instar de la Turquie et d'autres États du Golfe, est l'un des principaux appuis de la rébellion en lutte contre Assad mais se soucie également de l'emprise de groupes islamistes, à commencer par l'EI, sur l'opposition armée au régime syrien. Des chasseurs-bombardiers saoudiens ont participé en Syrie aux frappes de la coalition mise en place par les États-Unis contre l'EI.
Le clergé officiel a déjà qualifié la guerre civile syrienne de guerre sainte, ou jihad, mais a également dénoncé l'EI et el-Qaëda et interdit aux fidèles d'aller participer aux combats ou de fournir de l'argent hors circuits gouvernementaux. Les 53 signataires de la pétition, dont des figures du mouvement islamiste ayant eu par le passé maille à partir avec la monarchie saoudienne, prennent le soin de ne pas contredire cette ligne. Ainsi, ils n'appellent pas les Saoudiens à participer au conflit en Syrie. Mais ils se gardent aussi de toute condamnation des voyages dans l'objectif d'aller combattre au côté de l'opposition armée.
Leur lettre, qui emploie des termes méprisants pour désigner l'Iran chiite et la communauté alaouite d'Assad, présente également l'implication de la Russie comme une croisade chrétienne orthodoxe en terre d'islam et reproche à la coalition mise en place par Washington de ne pas fournir de missiles sol-air aux rebelles. Les religieux évoquent même une "coalition occidentalo-russe" qui mène "avec les safavides (les iraniens) et les noussaïris (les alaouites) une véritable guerre contre le peuple sunnite et ses pays".
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commentaires (4)
Pure logique. Allez-y, foncez, Braves Révolutionnaires !
ANTOINE-SERGE KARAMAOUN
15 h 01, le 06 octobre 2015