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Liban - TSL

Le voisin d’Abou Adas témoigne : Il était méconnaissable sur la bande vidéo

L'islamiste ayant revendiqué l'assassinat de Rafic Hariri a disparu sitôt après l'attentat.

Ahmad Abou Adass lors de son apparition sur la bande télévisée diffusée par al-Jazira.

Les juges de la chambre de première instance du Tribunal spécial pour le Liban (TSL) ont entendu hier à La Haye le témoignage du voisin d'Ahmad Abou Adas, l'islamiste à l'origine de la « fausse revendication » présumée, exprimée au lendemain de l'assassinat de Rafic Hariri.
Ahmad Abou Adas est apparu sur une bande vidéo remise à la chaîne al-Jazira sitôt après l'explosion du 14 février 2005, revendiquant l'attentat au nom d'un groupe islamiste appelé al-Nosra wal Jihad fi Bilad el-Cham. Il a été porté disparu après la revendication.
Bénéficiant de moyens de protection – visage flouté et voix altérée –, le témoin secret a décrit, par vidéoconférence à partir de Beyrouth, la relation de voisinage qu'il entretenait avec Abou Adas et sa famille, apportant des précisions sur la transformation de ce jeune croyant ordinaire qui a emprunté la voie islamiste par la suite.

Reprenant le résumé des détails préalablement livrés par le témoin aux enquêteurs, l'accusation a indiqué que le témoin secret a affirmé avoir vu le père d'Ahmad deux jours après sa disparition. Le père lui a confié qu'un inconnu l'avait contacté pour lui dire que son fils se trouvait au Liban-Nord, que sa voiture était tombée en panne et qu'il ne pouvait pas retourner chez lui.

Le témoin a affirmé qu'il côtoyait la famille Abou Adas depuis les années 90, sans avoir eu pour autant de contacts poussés avec elle. D'origine palestinienne et ayant vécu auparavant en Arabie saoudite, la famille n'a jamais eu de problèmes dans le quartier. Elle était conservatrice, ses femmes portaient le hijab, et appartenait à la classe moyenne. Jusqu'en 2002, Ahmad Abou Adas portait encore des habits civils, a précisé le témoin. Par la suite, la transformation était visible, et le jeune croyant, désormais en tenue « islamiste » (il portait la dachdacha), selon le témoin, est devenu de plus en plus conservateur, laissant pousser sa barbe. « J'avais constaté qu'à chaque fois qu'une femme passait dans la rue, il baissait les yeux », a dit le témoin.

 

(Pour mémoire : Ben Jeddo revient devant le TSL sur l'affaire de la vidéo « Abou Adass »)


Ce dernier échangeait de temps à autre quelques mots avec lui dans la rue où il le voyait parfois discuter avec des jeunes barbus de son âge, « portant le même type de vêtements ». Mais il n'en savait pas plus. Il a affirmé en outre qu'en 2004, il rencontrait pratiquement tous les vendredis à la mosquée Ahmad Abou Adas qui « restait à l'écart ». Il a précisé l'avoir vu une fois de dos, deux rangs plus loin, aux côtés d'un autre homme avec lequel il avait échangé discrètement quelques mots lors de la prière. « J'ai simplement entendu comme un chuchotement, mais la conversation était inaudible », a-t-il dit.
Le témoin a affirmé n'avoir jamais entendu Abou Adas exprimer un avis politique, précisant avoir toutefois vu un jour son frère aîné travailler pour un bureau électoral relevant de Rafic Hariri, en 1996. Il en avait déduit que la famille soutenait l'ancien Premier ministre.

Interrogé sur sa première réaction à la vue de la bande vidéo montrant Ahmad Abou Adas, il a affirmé avoir été « choqué ». « L'image que j'avais de lui était radicalement différente », a-t-il commenté, se disant surpris de le voir, sur la bande vidéo, porter le turban, « ce qu'il n'avait jamais fait auparavant ». Au juge Walid Akoum qui demandait de plus amples explications, le témoin a indiqué : « J'avais en moi l'image de quelqu'un de bon et de pacifique, et non dans un tel contexte. » « Après l'attentat maudit (l'assassinat de Rafic Hariri), la famille Abou Adas a quitté les lieux. Je crois qu'ils ont déménagé et sont partis chez des proches à Sabra », a-t-il souligné. « L'attentat a eu un impact terrible sur la famille ainsi que sur tout le quartier », a-t-il conclu.

 

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