Turquie : une trentaine de personnes travaillant pour des médias kurdes libérées

Les autorités turques ont remis en liberté dans la nuit de lundi à mardi une trentaine de personnes arrêtées lors d'une opération de la police visant les bureaux de plusieurs médias de langue kurde à Diyarbakir (sud-est), a-t-on appris de sources locales.

Lundi, des unités de la police antiterroriste ont investi les bureaux de l'agence de presse Dicle, du journal Azadiye Welat, des éditions Aram et de l'association de promotion de la langue kurde Kurdi-Der et interpellé 32 de leurs journalistes et salariés. Tous ont été libérés dans la nuit après quelques heures de garde à vue, ont indiqué à l'AFP des sources locales.

Selon l'une de ses sources qui s'exprimait sous couvert de l'anonymat, les policiers ont investi l'immeuble qui abrite ces médias et cette association en pensant y trouver un rebelle du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) qu'ils recherchaient.

Dans une déclaration publiée sur son site internet, l'agence Dicle a dénoncé la détention de ses salariés et accusé la police de violences. "Le principal objectif de ces détentions illégales est de faire taire la presse libre, a pour sa part estimé Mehmet Ali Ertas, de l'Association des journalistes libres.

Après deux ans et demi de cessez-le-feu, des affrontements meurtriers ont repris en juillet entre forces de sécurité turques et rebelles kurdes. Ces dernières semaines, plusieurs médias ont été la cible de descentes de police ou d'enquêtes judiciaires pour "propagande terroriste" en faveur du PKK, notamment le groupe Dogan, propriétaire du quotidien Hürriyet et de la chaîne d'information CNN Türk.

La Turquie du président islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan est régulièrement épinglée par les ONG de défense de la liberté de la presse, qui reprochent à son gouvernement ses pressions récurrentes sur les journalistes. Des élections législatives anticipées sont prévues le 1er novembre en Turquie.