Rechercher
Rechercher

Liban - Décryptage

Le plan de Poutine et le renversement de l’équation syrienne

Contrairement à certains pronostics optimistes, le président iranien cheikh Hassan Rohani a quitté New York sans avoir établi le moindre contact avec la délégation saoudienne à l'Assemblée générale des Nations unies. Certes, le président iranien a écourté son séjour new-yorkais face à l'ampleur de la tragédie des pèlerins iraniens à La Mecque, où en plus des 130 morts, plus de 300 sont encore portés disparus (il a même annulé le rendez-vous prévu avec le Premier ministre Tammam Salam). Mais au lieu de s'améliorer, les relations entre les deux pays sont de plus en plus mauvaises. Les ministres des Affaires étrangères iranien et saoudien ont beau être encore à New York, rien n'indique qu'ils pourraient avoir un entretien bilatéral et la polémique bat son plein entre les deux pays.

Les sujets de conflits sont déjà assez nombreux, au Yémen, en Irak et en Syrie, et même au Liban, avant d'y ajouter le drame de La Mecque et les accusations d'incapacité du royaume wahhabite à gérer un événement de cette ampleur religieuse lancées par les Iraniens. Ce drame qui, selon des sources non officielles, aurait fait plus de mille morts, tombe donc vraiment mal pour l'Arabie saoudite, après l'échec de son plan visant à rétablir son influence en Irak, à contrôler le Yémen et à aboutir à la chute du régime syrien et de son président Bachar el-Assad.

C'est surtout dans ce dernier dossier que l'échec est spectaculaire. Après plus de quatre ans de combats sur l'ensemble du territoire syrien et d'une campagne internationale et arabe presque sans précédent pour pousser Bachar el-Assad à quitter le pouvoir, ce dernier est quasiment remis en selle, au moins pendant la période transitoire. La plupart des pays occidentaux qui réclamaient son départ ont opéré une volte-face plus ou moins claire, alors que la Russie, elle, s'est totalement investie à ses côtés. Le président russe Vladimir Poutine, qui l'an dernier était mis au ban de la communauté internationale en raison de la crise ukrainienne, a fait cette année un retour en force sur la scène onusienne grâce au dossier syrien. « Sa » coalition pour la lutte contre le terrorisme s'est imposée et a rendu obsolète celle qui avait été formée par les États-Unis et qui n'a donné aucun résultat concret sur le terrain. Par contre, la salle d'opérations conjointe entre la Russie, l'Iran, l'Irak et la Syrie, installée à Bagdad, commence à recueillir et à analyser les informations sur Daech et ses semblables.

Le plan russe, dont les grandes lignes ont été communiquées aux dirigeants saoudiens par un coup de fil entre Poutine et le roi Selmane, repose sur la volonté de pousser les forces du régime à reprendre le contrôle des grandes cités. Dans ce but, et pour renforcer sa participation aux combats, le Hezbollah a reçu pour la première fois depuis sa formation des blindés de fabrication russe T72 et T55 qui lui permettent d'avoir désormais une unité de chars. Les Israéliens ont voulu protester et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s'est rendu en catastrophe à Moscou, mais il a dû faire face à un Poutine intraitable, qui a expliqué que ces chars ne seront pas utilisés contre Israël, mais dans la guerre contre le terrorisme. Même les Saoudiens n'ont pas eu leur mot à dire, et ils se contentent désormais de faire croire que les Russes sont en train de pousser les Iraniens vers la sortie, en Syrie, alors que les deux pays agissent en totale coordination.

Des sources diplomatiques révèlent que le président russe avait élaboré ce plan depuis quelque temps, mais il attendait des circonstances favorables pour le mettre en œuvre. La prise par Daech de la province et de la ville d'Idleb avec l'aide des autorités turques et la pression maintenue sur la province de Lattaquié ont constitué un développement important, considéré par les Russes et les Iraniens comme un déséquilibre dans le rapport des forces et une menace directe de leurs intérêts dans la région. Il fallait donc réagir rapidement pour rétablir le statu quo précédent et c'est dans ce sens que le président russe a commencé à prôner la formation d'une vaste coalition qui regrouperait les pays de la région, pour lutter contre Daech et les autres formations terroristes. Il n'a pas réussi à convaincre les Saoudiens et les Turcs, mais il a déjà neutralisé la Jordanie et Israël. Israël a conservé un espace autour de Kuneitra et du Golan où ses troupes peuvent lancer des attaques, mais les limites géographiques sont bien définies. De son côté, la Jordanie a mis un bémol à son appui aux jihadistes formés sur son territoire et l'offensive qui devait être menée par Deraa a été un fiasco.

Le changement de tendance est donc clair et comme elle l'avait fait pour la question des armes chimiques en Syrie qui risquait de provoquer une guerre régionale, voire internationale à cause de la menace d'intervention américaine, la Russie a offert à la communauté internationale, embourbée dans ses choix dangereux, une issue de secours qui permet à toutes les parties de sauver leurs faces en intégrant la nouvelle coalition contre le terrorisme. La Turquie devra attendre les résultats de ses élections législatives anticipées pour définir sa position. Et l'Arabie saoudite est actuellement occupée à régler le grave problème diplomatique que lui pose la tragédie des pèlerins de La Mecque. Le Liban, lui, devra trouver seul de petits arrangements en attendant l'heure des grandes décisions.

 

 

Lire aussi
Syrie: un pas en avant, deux pas en arrière, l'article d'Anthony Samrani

L'intervention russe en Syrie a comblé les défaillances militaires du Hezbollah et des pasdaran, l’éclairage de Philippe Abi-Akl

Hollande à L'OLJ : Le Liban doit être associé à la solution en Syrie

Peut-il y avoir un gouvernement de transition en Syrie ?

Assad est encore au pouvoir parce que ses opposants sont trop divisés

Poutine sort de son isolement en se plaçant au centre du jeu syrien

Lettre ouverte de Geagea à Merkel : La machine (in)humaine à tuer, en Syrie, ne saurait être réhabilitable

Contrairement à certains pronostics optimistes, le président iranien cheikh Hassan Rohani a quitté New York sans avoir établi le moindre contact avec la délégation saoudienne à l'Assemblée générale des Nations unies. Certes, le président iranien a écourté son séjour new-yorkais face à l'ampleur de la tragédie des pèlerins iraniens à La Mecque, où en plus des 130 morts, plus de...

commentaires (3)

Obama HUSSEÏN l'a mouillé à fond au Nain poutinien, jusqu'au dessus même de ses oreilles et de sa chapka mongolo-sibérienne !

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

14 h 25, le 29 septembre 2015

Tous les commentaires

Commentaires (3)

  • Obama HUSSEÏN l'a mouillé à fond au Nain poutinien, jusqu'au dessus même de ses oreilles et de sa chapka mongolo-sibérienne !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    14 h 25, le 29 septembre 2015

  • POUTINE JOUE SON QUITTE OU DOUBLE À LA ROULETTE "RUSSE" !!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 50, le 29 septembre 2015

  • Je suggere Chere Scarlett que vous lisiez cet article qui vous permettra de remettre les pendules a l heure L auteur est autrement mieux informe http://www.thenational.ae/opinion/comment/putin-cant-save-assad-its-far-too-late-for-that#full

    Jihad Mouracadeh

    08 h 45, le 29 septembre 2015

Retour en haut