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À La Une - Reportage

En Arabie, l'épuisante recherche des pèlerins portés disparus

"Nous n'avons ni dormi, ni mangé depuis la tragédie. Nous courons à pied d'un hôpital à l'autre".

Un homme montre la photo d'une proche portée disparue depuis la bousculade meurtrière de jeudi dernier près de La Mecque. MOHAMMED AL-SHAIKH/AFP

Dans les couloirs des hôpitaux et de la morgue, des dizaines de pèlerins tentent désespérément de retrouver des proches disparus après la bousculade mortelle qui a fait plus de 760 morts et 800 blessés jeudi lors du grand pèlerinage musulman en Arabie saoudite.

Deux jours après le drame survenu jeudi à Mina, près de La Mecque, lors du rituel de lapidation de Satan, la plupart des victimes n'ont pas encore été identifiées. Une situation frustrante pour des familles confrontées à la pénible tâche d'essayer de retrouver des proches, morts ou vivants.

"Ils disent qu'ils n'ont pas son nom sur leurs registres", s'emporte Mohamed, un Egyptien, après une discussion houleuse avec des employés d'un hôpital de Mina. Ce pèlerin, qui dit chercher un voisin de 36 ans, porté disparu depuis la bousculade de jeudi, a fait le tour des hôpitaux, sans résultat. "Ils m'ont demandé d'aller voir à la morgue".

Un autre Egyptien recherche à l'hôpital l'un de ses amis, qui logeait sous la même tente que lui dans le camp de Mina, une cité de toiles aménagée pour la saison du hajj. "Sa femme est complètement effondrée. Elle n'a même pas accompli les rites du hajj", confie-t-il, impuissant.

A l'étage, un autre homme, Tareq, passe d'une pièce à l'autre à la recherche de l'épouse d'un pèlerin. "Son mari s'est muré dans le camp, en état de choc. Il s'en veut. Nous essayons de l'aider", dit Tareq.

Arpentant les escaliers, Mohamed Bilal, un autre Egyptien, recherche en vain la mère d'un ami, une femme de 60 ans, dont le téléphone portable est éteint depuis le drame. "La première chose que nous avons faite était de vérifier si elle était parmi les morts à Muaisem mais sans résultat", explique l'homme en référence au lieu où s'est produite la bousculade. "Depuis, nous allons d'un hôpital à un autre".

"Je ne le retrouve pas"

Au personnel hospitalier, il montre sur son portable une photo de la femme. "J'ai son nom et sa photo. A l'accueil, on me répond qu'elle n'est pas là. Je continue à la chercher aux soins intensifs et dans les autres services", poursuit-il.

A l'accueil de l'hôpital, une femme vêtue de noir, accompagnée de son mari, est sans nouvelles de son frère âgé de 43 ans porté disparu. Tendue, elle dit avoir couru d'un hôpital à un autre, allant dans tous les étages, pour tenter de le retrouver. "Nous avons donné son nom et sa photo à tous les hôpitaux" de la région de La Mecque et la famille a demandé à des proches dans d'autres villes saoudiennes de vérifier s'il n'aurait pas été évacué ailleurs, ajoute-t-elle désespérée.
Le frère n'est pas non plus à la morgue de Muaisem. Le mari, bouleversé par la scène, fond alors en larmes. "Nous n'avons ni dormi, ni mangé depuis la tragédie. Nous courons à pied d'un hôpital à l'autre", résume la femme.

Le directeur de l'hôpital, Ayman al-Yamani, avoue que "l'identité de certaines personnes admises en soins intensifs demeure inconnue", les patients étant toujours placés sous respiration artificielle.

Alors que la plupart des pays du monde se mobilisent pour dresser une liste de leurs ressortissants décédés, des agents consulaires convergent à Mina pour tenter d'identifier les victimes. Le processus d'identification prendra encore "au moins deux ou trois jours", a indiqué un diplomate marocain, dont 87 de ses compatriotes auraient péri à Mina selon la presse marocaine. Ce diplomate, qui s'exprimait sur le site d'informations telquel.ma, a ajouté que des empreintes digitales avaient été fournies aux autorités saoudiennes.

Le ministère saoudien de la Santé a annoncé avoir mis une ligne téléphonique spéciale à la disposition du public mais des proches et amis de personnes disparues disent qu'elle n'est d'aucune utilité. Il a aussi désigné des interprètes en six langues pour aider le personnel hospitalier mais la communication restait difficile avec les patients.


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Mon dieu ! Qu'en pense allâh ?!

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

13 h 21, le 27 septembre 2015

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  • Mon dieu ! Qu'en pense allâh ?!

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    13 h 21, le 27 septembre 2015

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