Les dernières prises de position du secrétaire d'État américain, John Kerry, et du chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, concernant la situation en Syrie reflètent l'orientation de l'Occident au niveau du projet de règlement de la crise syrienne. Le secrétaire d'État US a affirmé que Washington et Moscou partagent les mêmes points de vue concernant les clés de la solution en Syrie ; sauf qu'un différend essentiel oppose les États-Unis et la Russie : le soutien américain à Bachar el-Assad est impossible. De son côté, Laurent Fabius a précisé que Paris ne réclamera pas le départ du président syrien comme condition préalable aux pourparlers de paix. Mais il a souligné sur ce plan qu'une solution diplomatique nécessite la mise en place d'un gouvernement d'union nationale regroupant des membres du gouvernement d'Assad, et ce pour éviter la réédition du scénario de l'effondrement irakien.
Immanquablement, l'implication militaire russe en Syrie a fait bouger le dossier syrien. Elle a aussi mis sur le tapis la formule d'une solution pacifique. C'est la raison pour laquelle l'envoyé spécial des Nations unies en Syrie, Staffan de Mistura, est passé à la vitesse supérieure, depuis que la solution qu'il a proposée est à l'étude, aussi bien de la part du régime syrien que de l'opposition. Des cercles diplomatiques considèrent que l'annonce par De Mistura de l'identité des formations syriennes qui prendront part au groupe de travail mixte est une étape positive sur la voie d'une solution. Des sources diplomatiques estiment à ce propos que la Russie est capable de jouer le rôle de garant, pour faire appliquer toute formule de solution à la crise syrienne.
Selon certains observateurs, l'implication russe en Syrie a pour objectif de prévenir la chute du régime d'Assad, après l'élargissement de la zone de contrôle de l'opposition (sous toutes ses formes), et le blocage par Daech de la route Damas-Alep. Les craintes que la capitale soit encerclée sont d'ailleurs grandes, après que les combattants du Hezbollah eurent échoué à protéger le régime et à l'aider à reprendre le contrôle des positions conquises par l'opposition. Les membres des gardiens de la révolution ont eux aussi non seulement failli à protéger le régime, mais également la capitale syrienne.
Certaines indications indiquent que l'engagement russe en Syrie a été discuté par des responsables russes et par le général iranien Qassem Suleimani, commandant de la Brigade al-Qods, lors des deux récents déplacements de ce dernier à Moscou.
L'intervention russe, qui a pour objectif de paver la voie à un règlement, a toutefois marginalisé le rôle de l'Iran et du Hezbollah, vu le veto arabe et sunnite, tant de la part de l'Arabie saoudite que de la Turquie. Les deux pays avaient exigé d'être de la partie, au cas où l'Iran était amené à jouer un rôle quelconque dans les pourparlers. D'autant que ce pays est impliqué dans le conflit en tant que partenaire du régime syrien.
L'objectif de l'initiative russe est donc d'écarter toute participation de la Turquie, de l'Arabie saoudite et de l'Iran, et d'instaurer un climat propice à l'entente, telle que voulue par l'Occident. Une force militaire de tutelle serait alors dépêchée sur place. Elle verrait notamment la participation de l'Égypte. La réussite de cette initiative réside dans la confiance du régime syrien envers la Russie. Elle est aussi bien accueillie par l'opposition que la Russie a tenté d'unifier. Certains observateurs politiques affirment de plus que l'implication russe en Syrie vise à redonner confiance aux minorités, notamment alaouites et chrétiennes, un rôle salué par le Vatican, les États-Unis et l'Europe. Des sources diplomatiques ne manquent pas d'assurer, de leur côté, que la présence russe sur le littoral n'entraînera pas une partition de la Syrie, pas plus qu'elle ne créera l'État alaouite ou l'État côtier. Répondant aux craintes arabes et même occidentales de la présence militaire russe en Syrie, des cercles diplomatiques font part d'une communication militaire entre les États-Unis et la Russie sur le dossier. Ces cercles évoquent aussi la visite à Moscou du Premier ministre israélien.
Selon un ancien responsable, le projet de règlement des crises dans la région est sur les rails, à commencer par le conflit syrien. Autrement, le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, n'aurait pas révélé les noms des formations qui prendront part aux discussions. Le règlement de la crise libanaise serait aussi à l'ordre du jour. La recherche d'une solution serait déjà même lancée, parallèlement à la recherche d'une solution au conflit syrien. Quoi qu'il en soit, le passage obligé vers la solution à la crise libanaise reste l'élection d'un président de la République. Un nouveau gouvernement sera alors formé, qui s'attellera à l'adoption d'une nouvelle loi électorale et fixera la date des prochaines élections législatives.
Le règlement semble en bonne voie, comme l'a assuré un ancien ministre. Les semaines à venir devraient permettre de voir émerger quelques signes positifs, conséquence de l'avancée des négociations qui se dérouleront notamment à New York, en marge de la 70e session de l'Assemblée générale des Nations unies.
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commentaires (5)
mais c'est connu et reconnu la russie n'est pas rentrer pour aider ni le hezb, ni l'iran, ni la syrie mais ces propres intérêts !! et si elle est rentrer maintenant c'est a cause que la russie c'est aperçu que les milices et l'armee syrienne n'en peuvent plus tout seuls et surtout qu'ils allaient perdre le contrôle meme d'une partie du allaouitoland, ce qui grave pour Moscow qui comptent justement sur ce allaouitoland car la bas est ancree sa plus grande force maritime au monde !! a bon entendeur salue
Bery tus
16 h 23, le 25 septembre 2015