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Moyen Orient et Monde - Décryptage

La crise des migrants, du pain bénit pour Marine Le Pen ?

Le politologue Pascal Perrineau répond aux questions de « L'Orient-Le Jour » et appelle la droite classique, le centre et la gauche à une réflexion « pragmatique et sérieuse ».

Marine Le Pen, jeudi dernier à Rennes. Jean-François Monier/AFP

« Messieurs les européistes, vous avez déclenché un phénomène d'appel d'air que vous ne maîtrisez pas et qui va nous submerger. Vous en assumerez la responsabilité devant l'histoire », a déclaré mercredi dernier Marine Le Pen devant le Parlement européen.

Si la question des immigrés a toujours été le cheval de bataille de tous les partis d'extrême droite, la crise migratoire que subit en ce moment même l'Europe nourrit au plus haut point leurs discours et tend à séduire une grande partie de la population. Il se peut bien, dans ce cas, que cette crise s'avère être du pain bénit pour Marine Le Pen. Sa dernière allocution devant les parlementaires européens a mis l'accent sur l'actuelle confusion qui règne au sein de l'Union européenne (UE) et a fait ressurgir les fantômes du « tsunami migratoire », selon ses propres termes. Mais est-ce que surfer sur ce dossier brûlant peut réellement favoriser la présidente et candidate du Front national (FN), notamment à l'approche des élections régionales de décembre prochain et, dans une plus large mesure, pour la présidentielle de 2017 ?

« Quand la France ne va pas bien, Marine se porte plutôt bien », assène, depuis plusieurs années déjà, le politologue et professeur à Sciences Po Paris, Pascal Perrineau. Interrogé par L'Orient-Le Jour, il estime que la question migratoire et le caractère central qu'elle commence à prendre dans de très nombreux pays européens, et en France plus particulièrement, sont « plutôt une bonne nouvelle » pour la présidente du FN. Un récent sondage Ifop a d'ailleurs montré que la liste emmenée par Marine Le Pen arrive en tête au second tour dans le Nord-Pas-de-Calais-Picardie, avec 35 % des intentions de vote, devant la liste de droite et du centre (33 %) et la liste du Parti socialiste et du Parti radical de gauche, soutenue par le Front de gauche et EELV (32 %).


(Lire aussi : Le « front du refus » est-européen prend de l'ampleur)

 

Républicains « fermes »
La dimension de crise que prend la question des réfugiés et les inquiétudes qu'elle suscite dans nombre de pays européens n'est pas « à lire entièrement en termes de xénophobie », explique aussi le politologue. « Il faut bien avoir conscience que de nombreux pays européens traversent depuis 2008-2009 une crise économique et sociale et que beaucoup d'Européens, et de Français en particulier, s'interrogent sur la capacité de leur système économique et social à gérer dans un premier temps, à accueillir et à accompagner des flux migratoires importants », poursuit-il. C'est pourquoi l'inquiétude grandissante des Français serait « captée par le FN ».

Par ailleurs, Marine Le Pen apparaît pour une partie de l'opinion publique comme la seule à mettre en garde contre le danger de ghettoïsation de l'Europe. Autrement dit, pour une partie de l'opinion française, l'Hexagone ferait face à de trop nombreux problèmes pour consentir davantage de sacrifices.
La droite, qui tient un discours de plus en plus ferme sur les questions migratoires, peut-elle aller chasser des électeurs sur les terres du FN ? Pour M. Perrineau, le discours des Républicains est « un discours ferme », mais « pas le discours du Front national ». Il y aurait la volonté chez nombre de responsables des Républicains de traiter la question avec « fermeté et humanité (...), alors qu'au FN, on se demande souvent où est la préoccupation humanitaire », rappelle-t-il.

En d'autres termes, même si les Républicains tendent à tenir un discours alarmiste, ils ne le pousseraient pas assez loin pour s'accaparer les électeurs du FN. Revoir Schengen ne serait d'ailleurs pas uniquement l'apanage de la droite et de l'extrême-droite, puisqu'elle agite la réflexion également à gauche. Dans certaines régions, telles que PACA ou Nord-Pas-de-Calais, une « course-poursuite » se jouerait entre la droite et le FN. Mais ailleurs, ce ne serait pas le cas.

(Lire aussi : Marine Le Pen conseille à Anne Hidalgo de « se voiler » pour accueillir les « clandestins »)

 

Politique « à l'australienne »
Après plusieurs tentatives de créer un groupe parlementaire au Parlement européen, Marine Le Pen y est enfin parvenue en juin dernier en fondant l'Europe des nations et des libertés (ENL). Depuis, elle semble jouer le rôle de porte-parole de l'extrême-droite européenne dans cette crise. Elle serait « en pole position », selon M. Perrineau, mais « n'aurait pas réussi à rallier tous les nationalistes des différents pays européens, qui restent chez les non-inscrits ou qui sont dans les groupes souverainistes. Marine Le Pen tente de se mettre à l'avant-garde de ces partis anti-immigrés qui fleurissent dans les pays européens, mais elle n'a pas réussi à les mettre tous dans son groupe parlementaire à Strasbourg », confirme-t-il.

Si le spectre des précédentes crises migratoires en France, telles que l'exode républicain espagnol de 1939 ou les douloureux souvenirs des camps de transit et de reclassement pour les harkis, pèse encore sur les consciences, les images de milliers de réfugiés culturellement éloignés du mode de vie des Français ont de quoi effrayer. « Cette folie doit cesser tout de suite par une politique ferme et claire à l'australienne », a déclaré Marine Le Pen devant le Parlement européen. Mais la politique d'immigration controversée de ce pays qui refuse tout asile aux réfugiés ne serait pas applicable en Europe, car elle romprait avec la Convention sur les réfugiés de 1951, sans parler des questions d'ordre moral qu'elle soulève.

 

(Repère : Crise migratoire en Europe : les chiffres et les principales routes)



L'Europe, débordée, ne fait pourtant face qu'à une première vague d'immigration. Quand d'autres surviendront, le discours sur les réfugiés viendra probablement à changer, alors que l'espace Schengen est d'ores et déjà remis en cause. À ce moment-là, Marine Le Pen se verra-t-elle couper l'herbe sous le pied ou au contraire confortée dans son rôle de « Pythie de Delphes » ?
« Beaucoup de Français inquiets ne sont pas encore convaincus par Marine Le Pen. Elle peut exprimer leurs inquiétudes, elle peut poser des questions qu'eux-mêmes se posent, mais ils ne sont pas toujours convaincus par les réponses qu'elle apporte », affirme M. Perrineau. Selon lui, ce ne serait que des réponses « d'exclusion », des réponses « démagogiques ». « Si du côté de la droite classique et du centre, comme du côté de la gauche, il y a une réflexion convaincante, pragmatique et sérieuse, sur la mise en place d'une nouvelle politique d'immigration, cela pourra contribuer non pas à faire disparaître le FN, mais à enrayer sa dynamique qui parfois semble quasi irrésistible », conclut le politologue.

 

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commentaires (4)

Danger public, pire que les socialistes cette femme qui n'a aucune vision des malheurs et des soucis mondiaux Profiteuse comme son père, poujadiste arriéré, il improvise une "vision"

FAKHOURI

13 h 45, le 19 septembre 2015

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Commentaires (4)

  • Danger public, pire que les socialistes cette femme qui n'a aucune vision des malheurs et des soucis mondiaux Profiteuse comme son père, poujadiste arriéré, il improvise une "vision"

    FAKHOURI

    13 h 45, le 19 septembre 2015

  • Pourquoi faudrait il , que quand un homme politique et en l'occurence une femme en France voit ses previsions se verifier sur le terrain , on continue de le ou la diaboliser ?????? L'honnetete ne serait il pas au contraire de feliciter ou admettre sa clairvoyance comme on l'aurait fait pour tout homme ou femme politique du serail qui aurait eu raison dans ses previsions !!! Par exemple si hollandouille venait a resorber le chomage selon ses previsions sur lesquelles personne ne croit vu le bonhomme , on s'empresserait de dire de lui toutes les merveilles du monde . Il faut laisse Marine agir , elle voit tres loin .

    FRIK-A-FRAK

    11 h 49, le 19 septembre 2015

  • On avoue qu’on trouve cette "présidentiable" mais tout aussi dangereuse "marinade" ; ultra mauvaise. On peut plaisanter sur ce populisme dont elle fait parade dans sa présomption, mais on supposait que l’objectivité n'avait pas été si infectée par ce poujadisme poison. Aussi était-on très éloigné d'imputer les fautes d’1 fausse analyse à ce "démagogisme" faux. Elle ne donne pas 1 fausse critique de la situation parce qu'elle possède 1 idéologie funeste et néfaste, mais 1 telle analyse parce qu'elle n'a pas compris l'état de cette France dans son engrènement. Pour user juste d'1 mot spécieux. Pourquoi parle-t-elle de sa "raison?" à elle qui ne se trompe jamais, dont il ne faut avoir que la conscience pour se trouver dans le vrai ? Et qu’elle fait de la faible démagogie, pour se leurrer elle-même d’être 1 forte d’esprit ? Elle ne voit dans l’Histoire que de simples accidents historiques ; elle trouve le progrès réalisé only dans la Protohistoire ; et que les Français se trompaient sur leur évolution, i.e. que leur évolution paraît chose indépendante de leur évolution à chacun d'entre eux. L'hypothèse de "sa raison" est ainsi toute trouvée. Rien de + facile que d'inventer des causes mystiques, i.e. des mots sans aucun sens sans aucune phrase où le sens commun fait défaut. En avouant qu'elle ne comprend wâloû à la France, en usant juste de mots sonores, n'avoue-t-elle pas qu'elle est incapable de comprendre sa "propre" réalité ? Pauvre France avec ce "genre de présidente" !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    11 h 07, le 19 septembre 2015

  • Marie Le Pen , joue sur du velours ...grâce à la démagogie des gauches européennes en général et françaises en particulier ,et voilà que maintenant en plus ,arrive la faute politique historique de Mme Merkel...! ce cumul des faits négatifs... agit comme un booster, sur le/les ressentiments des populations , à l'égard d'un flux migratoire inattendu et exponentiel ... par exemple en France ,le gouvernement socialistes avec 4,6 millions de chômeurs ,280 000 pauvres et SDF qui vivent précairement dans la rue... offre 1000 Euros , aux municipalités qui acceptent une famille de réfugié ...! de surcroit ,la commune devra fournir appartement sociale , école pour les enfants , et aide sociales etc... ce genre de démagogie ,fait que le peuple français commence a gronder ...!

    M.V.

    09 h 25, le 19 septembre 2015

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