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Économie - Liban - Agriculture

Au Liban, les vendanges affectées par les gels de l’hiver et du printemps

Les récoltes de raisins, qui ont démarré de manière tardive cette année, devraient être inférieures en volume à celles de 2014. En cause ? Des conditions climatiques calamiteuses tout au long de l'année. La qualité n'est toutefois pas en jeu et 2015 devrait être un bon millésime.

En raison de conditions climatiques calamiteuses tout au long de l’année, les récoltes de raisins, qui ont démarré de manière tardive cette année au Liban, devraient être inférieures en volume à celles de 2014. La qualité n’est toutefois pas en jeu et 2015 devrait être un bon millésime.

Les vendanges ne sont pas encore terminées au Liban que les producteurs de vin prévoient déjà une nette baisse des volumes. « Faire une moyenne est délicat : cela dépend des régions, des parcelles, des cépages... certaines régions ont perdu jusqu'à 60 % de leur production habituelle ; d'autres n'ont subi aucune perte », explique Zafer Chaoui, PDG de Ksara, numéro un du marché et président de l'Union vinicole du Liban (UVL), l'association professionnelle des producteurs de vins, qui regroupe 23 caves. « Mais la météo a été capricieuse cette année : la vigne a connu plusieurs épisodes de gel voire de la grêle dans certaines régions. Sans compter deux semaines de canicule cet été... »

Les prix doublent
L'UVL chiffre d'ores et déjà la baisse : entre 25 et 30 % pour les raisins blancs ; entre 10 et 15 % sur les rouges en moyenne. « Dans la Békaa, par exemple, le thermomètre est descendu jusqu'à moins 22°C cet hiver. Un froid extrême qui a parfois provoqué la mort du pied de vigne : certains producteurs n'ont rien récolté », déplore James Plagé, l'œnologue de Château Ksara.
Conséquence directe ? L'explosion des prix de vente des raisins. Sur certaines variétés « nobles » comme la syrah ou le chardonnay, ils sont passés de 0,80 ou 0,90 dollar le kilo en 2014 à 1,25 ou 1,5 dollar voire 2 dollars cette année. « Certaines caves libanaises ne possèdent pas de grands domaines viticoles. Du coup, elles sécurisent leurs approvisionnements en signant des contrats à plus ou moins long terme avec des viticulteurs. Mais cette année, la pénurie a été telle que les prix ont explosé. Des viticulteurs ont vendu leurs récoltes à de nouveaux acquéreurs, tant les propositions étaient abondantes... », précise Diana Salamé, œnologue conseil.

 

(Lire aussi : Les agriculteurs libanais victimes d'une série noire)


Cette hausse de prix intervient à un mauvais moment : sur le marché local, les ventes de vins libanais sont en léger repli (voir ci-dessous) en 2014. « Une hausse d'une telle ampleur ne peut pas être absorbée par le producteur de vin seulement. Elles seront probablement répercutées sur les consommateurs, en particulier sur les vins blancs, les raisins les plus touchés », fait valoir Édouard Kosremelli, directeur général adjoint de Château Kefraya. Pour le marché international aussi, ces vendanges 2015 sont un mauvais présage. «On risque de perdre en compétitivité», reconnaît-il, faisant état d'un «  marché porteur, dynamique mondialement, en particulier pour les » vins de l'ancien monde « dont le Liban est l'un des représentants ». On ne devrait toutefois pas connaître de rupture d'approvisionnement : les ventes des propriétés se font sur plusieurs millésimes, sur les rouges au moins : un millésime plus ancien pourra compenser la production réduite de 2015.

Bon millésime
Reste la question de la qualité de ces vendanges. « Jusqu'au 20 juillet, avant que la canicule ne s'abatte sur le pays, les analyses montraient une maturité progressive et parfaite. La canicule aura-elle une incidence ? Sans doute, mais 2015 s'annonce bon », assure Diana Salamé. Mais le réchauffement climatique en cours a de plus en plus d'incidence pour le vignoble libanais : 2010 déjà avait été une année de canicule ; 2014 également. Certains vignerons pensent s'adapter en plantant des cépages résistants et en modifiant leurs méthodes de culture.

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Des ventes en léger repli


Même si les vins libanais représentent toujours près de 75 % des vins consommés dans le pays, leurs ventes sont en léger repli : -3 % entre 2013 et 2014 pour stagner à 2,7 millions de litres, selon le rapport 2015 de l'International Wine and Spirit Research (IWSR). Cette baisse est en partie liée à la crise économique. Mais elle s'explique surtout par la concurrence des vins étrangers – français et italiens – principalement (+5,7 % entre 2013 et 2014, +10,6 % depuis 2005), qui représentent aujourd'hui un peu moins d'un million de litre, toujours selon IWSR. En tout, la consommation locale plafonne depuis quelques années autour de 4 millions de litres.
Parmi les vins libanais, Château Ksara mène la danse avec près de 40 % de parts de marché, suivi de Château Kefraya (23 %) et de Château Musar (11 %). Ensemble, ces trois mastodontes trustent près de 75 % des ventes locales. Face à ce triumvirat, les autres domaines n'ont pas encore réussi à percer : ils représentent chacun moins de 5 % du marché, un chiffre insuffisant pour avoir un impact, de l'avis des experts. Un domaine joue cependant les challengers : Ixsir, dont le premier millésime a été lancé en 2009. Cette jeune cave, installée dans la région de Batroun, assure toujours moins de 5 % des ventes en 2014 (sur le segment des vins locaux), mais celles-ci sont en croissance rapide (+25 % depuis 2010 et +14,3 % entre 2013 et 2014), selon IWSR. Ixsir a de plus réussi à s'imposer sur le segment des vins moyen de gamme (7 à 15 dollars), une catégorie où la cave devance toutes les autres propriétés. Quant aux exportations de vins libanais, elles sont en croissance : +16 % en valeur (16,6 millions de dollars) ; +13 % en volume (2,2 millions de litres) selon les Douanes en 2014. Le Royaume-Uni reste le premier client du vin libanais (30 % en valeur) ; suivi de la France (15 %), des États-Unis (11 %) et des Émirats arabe unis (7,6 %).

 

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