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Liban - Opinion

Mékhitaristes Hazmieh : collège à vendre

Il y a un peu plus de six mois, les Libanais apprenaient sur une chaîne de télévision locale une triste nouvelle : la vente imminente d'un collège appartenant à la Congrégation des pères mékhitaristes arméniens situé à Hazmieh. Suite à diverses concertations, la mise en vente du collège fut ensuite annulée momentanément, avant de ressurgir il y a maintenant un mois.
Nous savons que cette mise en vente est destinée à assurer une somme d'argent dont a besoin l'administration centrale de la Congrégation mékhitariste, basée en Europe, et propriétaire de l'établissement.
Rappelons que la Congrégation, qui vit le jour à Venise en 1715, s'est divisée en deux branches, l'une restant à Venise et l'autre s'installant à Vienne en 1811. C'est de cette dernière que dépend le collège de Hazmieh. Or les deux branches se sont unies à nouveau, il y a une vingtaine d'années, et sont désormais gérées par un conseil d'administration unique basé à Venise. C'est ce conseil vénitien qui a aujourd'hui décidé de la mise en vente du collège.
Outre la tristesse de savoir que le collège est abandonné par la Congrégation, beaucoup de personnes au Liban ont de légitimes questionnements et inquiétudes concernant le flou qui entoure cette annonce. Le père directeur du collège lui-même ignore les véritables raisons de ce besoin urgent d'argent. Il s'agirait d'une grande dette contractée par l'administration vénitienne, mais on refuserait d'en dire plus, malgré de nombreuses demandes. Un silence qui nous fait réagir puisque la destinée d'une école est en jeu.
Les deux couvents de Venise et de Vienne avaient jusqu'à ce jour un fonctionnement qui leur permettait d'être autosuffisants. Comment en sont-ils arrivés à accumuler d'importantes dettes ? Des doutes planent sur d'éventuelles transactions boursières ou opérations immobilières hasardeuses.
Nous savons que certaines malversations financières avaient eu lieu il y a une trentaine d'années : est-on en train d'en payer encore aujourd'hui les conséquences ? Ou alors, ne tirant pas de leçons des erreurs précédentes, y a-t-il eu de nouveaux fiascos financiers ?
Toujours est-il qu'il est difficile d'accepter qu'on nous cache les raisons exactes de cette affaire.
Cette opacité dans la communication ne peut que faire naître en nous des doutes sur les tenants et aboutissants de ce besoin d'argent, et craindre pour l'avenir de la Congrégation.
Quelle est la situation réelle des monastères mékhitaristes de Venise et de Vienne ? Sont-ils en faillite économique ? Est-il légitime de faire payer à la communauté mékhitariste libanaise une dette contractée en Europe ? Est-il légitime de se séparer si facilement et si brusquement, comme s'il s'agissait d'un simple bien matériel, d'un collège fondé il y a bientôt 80 ans, dont la qualité de l'enseignement n'est pas à prouver et qui a formé plusieurs générations d'élèves ?
Les éminents pères mékhitaristes ont à maintes reprises prouvé leur détermination à créer de nouvelles écoles aux quatre coins de l'Arménie, et cela même dans les circonstances les plus atroces de conflits ravageurs et de misères durant les XVIIIe et XIXe siècles. Guerres, massacres, famines et toutes les horreurs qui en découlaient n'avaient pas altéré leur engagement à miser sur l'éducation des générations futures. Ces grands hommes de lettres et pédagogues l'ont fait par conviction, par amour pour la connaissance, pour la culture et pour la morale. La décision de se débarrasser du collège de Hazmieh va à l'encontre de cet idéal.
Nous, les anciens élèves, reconnaissants envers ce collège bientôt centenaire, nous demandons avec force aux responsables de la Congrégation basée en Europe de revenir sur leur décision.
Laissez la direction du collège continuer sa noble mission de diffusion de l'éducation académique et culturelle, imprégnée des valeurs morales universelles ! Trouvez ailleurs, dans vos biens matériels, dans vos nombreux bâtiments inhabités et vos nombreux terrains en Europe, la solution à vos erreurs de gestion financière !
Des responsables du Vatican, qui ont la charge de régler cette affaire, semblent encourager la vente du collège à une autre communauté catholique. Nous estimons que la préservation de la communauté chrétienne du Moyen-Orient devrait au contraire passer par la sauvegarde de toutes ses représentations, et en particulier celles, comme la Congrégation mékhitariste et son collège de Hazmieh, qui ont une véritable histoire, un véritable ancrage local.
Nous, les anciennes et les anciens élèves du collège mékhitariste, avons été éduqués, formés et préparés par les pères directeurs, les prêtres auxiliaires et nos professeurs, en tant que citoyens de bonne foi, citoyens de l'avenir. Un avenir que nous construisons tous aujourd'hui. Ils nous ont inculqué l'amour du travail bien fait et les valeurs morales telles que l'amour de son prochain, le respect d'autrui, le partage des richesses, le courage pour la défense des idées nobles...
C'est pour être dignes de cette éducation que, par cette lettre, nous confirmons avec force notre volonté de faire tout ce qu'il est possible pour que cette vente n'ait jamais lieu.

Un groupe d'anciens élèves du collège mékhitariste Hazmieh

Il y a un peu plus de six mois, les Libanais apprenaient sur une chaîne de télévision locale une triste nouvelle : la vente imminente d'un collège appartenant à la Congrégation des pères mékhitaristes arméniens situé à Hazmieh. Suite à diverses concertations, la mise en vente du collège fut ensuite annulée momentanément, avant de ressurgir il y a maintenant un mois.Nous savons que...

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Des arméniens, oui, mais "catholiques" ?

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

06 h 59, le 14 septembre 2015

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Commentaires (1)

  • Des arméniens, oui, mais "catholiques" ?

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    06 h 59, le 14 septembre 2015

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