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Moyen Orient et Monde - Migrants

Quand l’Allemagne redore son image avec la crise des réfugiés

Récemment mis en accusation pour sa gestion du dossier grec, Berlin est désormais loué pour son attitude exemplaire face à la crise des migrants.

Des lits improvisés pour les réfugiés rassemblés dans le hall de la gare ferroviaire de Munich, au sud de l’Allemagne. Christof Staache/AFP

Vilipendée lorsqu'elle se montrait inflexible face à la Grèce sur la dette, l'Allemagne redore son blason et apparaît cette fois comme un modèle de solidarité lorsqu'il s'agit d'aider les centaines de milliers de migrants en détresse.
« Je me réjouis que l'Allemagne soit devenue un pays avec lequel les gens associent de l'espoir, c'est quelque chose de très précieux si on regarde notre histoire », s'est félicitée hier la chancelière Angela Merkel, en parlant d'un phénomène « émouvant » et « beau ». Il y a quelques semaines encore, la position intransigeante de l'Allemagne sur la question de la dette grecque a valu à la chancelière et son ministre des Finances Wolfgang Schäuble des critiques acerbes dans les médias du sud de l'Europe en particulier, teintées de comparaisons avec la période nazie. Désormais, les images d'enfants réfugiés arrivant dans les gares de Munich et de Francfort en brandissant des pancartes « I love Germany », ou celles de bénévoles allemands se pressant pour les accueillir ont remplacé les caricatures de casques à pointe prussiens.

« Amorcer un tournant en Europe »
« Dites-le avec force, dites-le clairement, les réfugiés sont ici les bienvenus », chantaient au cours du week-end des centaines d'habitants de la métropole financière allemande, venus souhaiter la bienvenue aux réfugiés après leur périple à travers l'Europe. En plusieurs endroits, les badauds viennent distribuer des sacs de nourriture, des bouteilles d'eau ou des jouets aux familles harassées. L'Allemagne est passée du rôle « de commissaire à l'austérité à celui d'hôte bienveillant », résume hier le quotidien conservateur Die Welt. « En faisant face de la sorte à ce défi, l'Allemagne peut devenir un modèle et amorcer un tournant en Europe », plutôt prompte jusqu'ici à ériger des barrières pour freiner l'afflux de migrants ou reporter le problème chez le voisin. La Sueddeutsche Zeitung, autre grand quotidien national, annonce l'avènement d'une « Nouvelle Allemagne ».
Destination privilégiée des migrants qui affluent du Moyen-Orient, d'Afrique ou d'Afghanistan, l'Allemagne s'apprête au total à accueillir rien que pour cette année quelque 800 000 demandeurs d'asile, là où la France n'en attend que 60 000. Au cours du week-end, Berlin a accepté de faire une entorse aux règles européennes en matière d'asile, qui imposent en principe que les réfugiés déposent leur demande dans le premier pays de l'UE où ils pénètrent. Un « corridor » pour l'Allemagne, où la plupart de ceux qui attendaient en gare de Budapest voulaient se rendre, a été ouvert. « Ce que nous vivons est quelque chose qui va continuer de nous occuper dans les années à venir, de nous changer, et nous voulons que le changement soit positif et nous pensons que nous pouvons y arriver », a déclaré Angela Merkel.

« L'ombre des actes racistes »
Derrière cette vague de générosité qui traverse le pays, le gouvernement n'en a pas moins entrepris de durcir les règles pour freiner l'afflux des migrants originaires de pays considérés comme sûrs, à commencer par les Balkans. Les effectifs de la police vont être augmentés, certaines allocations financières accordées aux demandeurs d'asile dans l'attente d'une décision de l'administration remplacées par des prestations en nature. Objectif : rendre l'eldorado allemand moins attractif aux yeux des migrants économiques.
La chancelière doit compter avec les réticences de l'aile droite de son parti. La branche bavaroise (CSU) de ses Unions chrétiennes a parlé d'une « mauvaise décision » à propos de l'ouverture des frontières aux réfugiés de la gare de Budapest, risquant de provoquer un « effet d'aspiration ».
Simon MORGAN/AFP

Vilipendée lorsqu'elle se montrait inflexible face à la Grèce sur la dette, l'Allemagne redore son blason et apparaît cette fois comme un modèle de solidarité lorsqu'il s'agit d'aider les centaines de milliers de migrants en détresse.« Je me réjouis que l'Allemagne soit devenue un pays avec lequel les gens associent de l'espoir, c'est quelque chose de très précieux si on regarde notre...

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