Les « sociétés multilingues » au CISH de Jbeil

Le Centre international des sciences de l'homme à Jbeil (CISH) a inauguré jeudi, à son siège à Jbeil, un colloque international intitulé « Sociétés multilingues à travers l'histoire du Proche-Orient » sous le patronage du ministre de la Culture Rony Araiji, avec la participation de chercheurs linguistes, historiens et archéologues venus d'universités européennes, arabes et libanaises, et de centres de recherches à la Sorbonne et au CNRS (France).
Le conseiller à la recherche au centre, Ali Khalifé, a inauguré la séance en précisant que le sujet du colloque s'inscrit « dans le contexte de la coexistence entre peuples de cultures, de langues et de systèmes sociaux différents, de la rencontre des civilisations anciennes et modernes, des relations entre les États et du resserrement de la compréhension et de la solidarité internationale, intellectuelle et morale, et de la promotion des valeurs de la tolérance et de la justice ».
De son côté, le professeur Jean-Luc Fournet du Collège de France-Paris s'est expliqué sur les fondements, les interrogations et les attentes du colloque. Selon lui, « le multilinguisme est un sujet qui a pris une importance sans précédent dans le champ des études historiques, depuis que l'étude ethno-centrée des sociétés anciennes, pratiquée pendant longtemps par des chercheurs spécialistes d'un seul domaine, a fait place depuis quelque temps à une approche plus ouverte, moins monolithique et plus sensible aux actions culturelles ». Par ailleurs, a-t-il ajouté, « les sociétés occidentales de ces dernières décennies ont été de plus en plus confrontées au problème du multilinguisme et de la coexistence des pratiques multiculturelles ». « Ces sociétés, a-t-il enchaîné, arrivent souvent mal préparées à ces brassages que les modèles nationaux monoculturels dans lesquels elles se sont développées ne leur ont pas appris à comprendre et gérer. »
Pour sa part, le directeur du CISH, Adonis Akra, a rappelé, dans son intervention, les deux « missions essentielles » du centre : « La contribution au développement et à l'avancement des sciences de l'homme et l'expérimentation de ses capacités au service de la démocratie et le renforcement de valeurs de dialogue entre les cultures et les civilisations », ainsi que « la propagation de la paix entre les pays et à l'intérieur des sociétés et la transformation des connaissances (...) en un comportement citoyen ».
Il a également précisé que ce colloque complète la conférence tenue l'année dernière sur le thème « Les sociétés composites et les sociétés conquérantes ».
« L'intérêt porté aux sociétés composites représente un souci majeur pour les pays du monde, a-t-il rappelé. Elles ont besoin d'un système démocratique convenable. »
Des séances de discussions et de dialogues ont suivi, en vue de parvenir à des recommandations en fin de conférence.