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Liban - Crise des déchets

À Jal el-Dib, « c’est un paysage digne des bidonvilles qui se répète chaque jour »

La localité, qui agonise déjà économiquement depuis la disparition du pont et des routes adjacentes desservant les ruelles commerciales intérieures, souffre actuellement d'un autre malaise, d'ordre sanitaire celui-là, menaçant les grandes entreprises bordant de part et d'autre la voie rapide.

Une grande décharge à proximité de la compagnie Mazda sur la route côtière de Jal el-Dib. Photo Mohammed Yassin

L'image des ordures entassées fait désormais partie du décor dans diverses régions libanaises depuis le début de la crise des déchets. Les voitures passent, contournent et même écrasent les sacs d'ordures longeant l'autoroute reliant Beyrouth au Kesrouan.

Les témoignages des riverains sont édifiants... « Les gens viennent parfois d'autres régions et nous jettent les sacs dans nos bennes car elles sont loin de chez eux et sur leur passage, vous savez c'est plus pratique quand on éloigne le problème des yeux et on le jette à la figure d'autres citoyens, c'est typiquement libanais ! » se lamente le propriétaire d'un commerce sur l'autoroute de Jal el-Dib.
« À présent, c'est un paysage digne des bidonvilles qui se répète chaque jour : des rats, des chats et des insectes de tout genre s'invitent chez nous, faisant fuir les clients », raconte le propriétaire d'un fast-food sur la voie est de l'autoroute.
« Nous avons appelé la municipalité, mais en vain, nous avons même essayé de payer les éboueurs de Sukleen, mais leur réponse était à chaque fois négative, ils disent qu'il leur est défendu de ramasser les ordures dans cette région », explique un valet parking travaillant dans un café et obligé d'attendre les clients dehors en subissant les odeurs nauséabondes. « Pourtant j'ai vu il y a quelques jours de mes propres yeux dans la région de Brasilia à Hazmieh un grand camion-benne appartenant à la société Sukleen ramasser des ordures, mais c'est probablement un service personnel avancé à une personne influente », ajoute un ami du voiturier, indigné par la passivité des responsables face à ce drame qui n'est pas près de se terminer.

(Lire aussi : Le collectif « Vous puez ! » appelle à manifester contre la corruption hors de Beyrouth)

 

« Lentement asphyxiés »
Un amas impressionnant d'ordures fraîchement brûlées sur le trottoir entre Dunkin Donuts et la Banque libano-française montre le ras-le-bol de ceux qui ont opté pour une alternative encore plus nocive que l'amoncellement des déchets. Les gaz toxiques émanant des détritus sont capables de propager des maladies respiratoires et même causer le cancer chez les habitants des quartiers avoisinant les bennes incendiées.
« Les incendies sont généralement provoqués la nuit et nous ne sommes pas sûrs de connaître le responsable, mais peut-être était-ce la seule option sur laquelle s'est rabattue la municipalité pour en finir avec ce tableau malheureux qui nous guette chaque jour. Nous devons donc fermer les fenêtres et ne plus respirer l'air extérieur autant que possible. Nous sommes délaissés en ce qui concerne le ramassage des ordures et nous sommes lentement asphyxiés ! » dénonce une habitante d'un quartier perpendiculaire à la voie est de l'autoroute de Jal el-Dib.

D'autres habitants, dont les quartiers croulaient depuis plusieurs semaines sous les décharges, ont cependant noté une légère amélioration hier du ramassage des ordures sans savoir pour autant où celles-ci ont été transportées ni par quels moyens, mais cela reste ponctuel et ne concerne pas toute la région.
« Le propriétaire d'une grande compagnie et quelques propriétaires d'entreprises voisines se sont cotisés pour payer un camion et une pelleteuse privés pour venir ramasser les ordures et nettoyer la rue, mais depuis plus personne n'est venu ou s'est proposé de nous débarrasser de cette catastrophe devenue insupportable par ce temps chaud et humide », explique un ouvrier, logé dans un dépôt pas loin des bennes posées contre le mur de l'immeuble abritant l'agence Mazda, sur la route côtière. Près de ses salles d'exposition, le nombre de sacs amoncelés est impressionnant et disproportionné pour une région non résidentielle qui normalement n'est pas censée produire autant de déchets ménagers ! « Nous faisons très attention à ce que nous jetons dans les bennes près de chez nous, mais, hélas, beaucoup de passagers y balancent rapidement par leurs fenêtres des bouteilles, des sacs ouverts, des restes de nourriture qui atterrissent parfois loin de la benne et devant nos salles d'exposition », indique pour sa part le responsable d'une salle d'exposition de motos, appartenant également à Mazda.

 

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commentaires (4)

A chaque casserole cabossée pareille, son couvercle infect !

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

13 h 09, le 06 septembre 2015

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Commentaires (4)

  • A chaque casserole cabossée pareille, son couvercle infect !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    13 h 09, le 06 septembre 2015

  • L'ON DIRAIT : DES TABLEAUX DE PEINTURE MODERNE... ! QUESTION : QUE SONT CES DÉCHÊTS SUR LES TABLEAUX ? RÉPONSE : CE NE SONT PAS DES DÉCHÊTS MAIS DES ORNEMENTS ET OEUVRES D'ART !

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 37, le 06 septembre 2015

  • Mais "ahla balad bel 3alam" est un bidonville!! qu'on arrete de regarder a la tele les pays du tiers monde et se dire qu'on est mieux. On est au plus bas de l'echelle. Il n'y a pire aveugle que celui qui ne veux pas voir

    George Khoury

    09 h 53, le 05 septembre 2015

  • Faut être pessimiste...lors des prochaines pluies torrentielles , les sacs de poubelles boucherons les caniveaux et flotteront dans 1 mettre d'eau ...

    M.V.

    07 h 24, le 05 septembre 2015

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