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Nos Lecteurs ont la Parole - Sylvain THOMAS

Devenir un guide du bien

Au cours de la fin de ma jeunesse, je me rends compte de quelle importance ont été pour moi l'aide, la compréhension, le courage, la gentillesse et la sagesse que tant de gens m'ont dispensés. Ces messieurs et ces dames sont entrés dans ma vie et sont devenus pour moi des forces intérieures. Mais ils ne l'ont jamais su. Je n'ai pas non plus compris sur le moment le véritable sens de l'aide spirituelle profonde qu'ils m'apportaient.
Nous devons tous tellement de reconnaissance aux autres. Il est juste que nous nous demandions en retour ce que les autres pourraient bien nous devoir ? La réponse, nous ne la connaîtrons jamais entièrement. Mais il nous sera souvent permis d'en saisir une parcelle, et c'est ainsi que nous entretenons notre courage. Il est certain, en tout cas, que l'exemple de notre vie exerce, ou peut exercer, une grande influence autour de nous.
Quelles que soient les faveurs que le Ciel nous ait spécialement accordées : santé, talent, adresse, succès, enfance et jeunesse heureuses, harmonie de la vie familiale, ne croyons pas que tout cela soit tellement naturel. En reconnaissance de ce destin favorable, nous devons sacrifier – pour le principe – ­un peu de notre vie à celle des autres.
Des occasions spéciales sont offertes à ceux qui ont souffert. Voyons, par exemple, les liens fraternels qui s'établissent entre les gens marqués par la souffrance. Si nous avons recouvré la santé après une courte maladie, ne croyons pas que nous en soyons quittes pour autant; dès ce moment, nous nous sentons tenus d'aider les autres à obtenir leur propre guérison. Une opération nous a sauvés de la mort ou nous évite de souffrir toute notre existence. Notre rôle consiste désormais à favoriser les progrès de la médecine vers des domaines où la mort et la maladie règnent encore librement. Ainsi en est-il de cette mère dont l'enfant a été sauvé, de ces enfants dont le père a vu ses derniers moments adoucis par l'habileté d'un médecin. Tous ceux-là doivent agir de concert pour que leur prochain puisse connaître aussi ces bienfaits.
Par esprit de renoncement et de sacrifice, nous devons donner le meilleur de nous-mêmes. Offrir une somme d'argent à celui qui en a besoin n'est pas un sacrifice si nous en avons les moyens. L'obole de la veuve de l'Évangile de Jésus-Christ avait plus de valeur que toutes les largesses des riches, parce que c'était là tout son avoir. Nous devons donner, selon nos propres moyens, quelque chose qui nous coûte véritablement, ne serait-ce même que du temps réservé au cinéma, aux jeux d'ordinateur, aux jeux d'échecs, au rendez-vous des amies ou à tout autre plaisir.
Nous entendons souvent dire : « Ah ! Si seulement j'étais riche, je ferais beaucoup pour aider les autres ». Mais nous pouvons tous être riches d'amour et de générosité. Bien plus, par le seul fait de donner avec discernement et de savoir reconnaître les nécessités exactes de ceux qui ont le plus besoin de nous, nous dispensons de fait déjà notre sollicitude, et nous faisons preuve d'amour. C'est bien plus précieux pour eux que tout l'or du monde.
L'amour que nous prodiguons nous est rendu au centuple ; la joie que nous éprouvons alors nous stimule dans la poursuite de notre tâche pour faire des œuvres, petites, grandes et même immenses. C'est une loi universelle.
L'assistance sociale est évidemment nécessaire ; mais elle ne peut soulager toutes les misères. Nous devons compléter son œuvre par notre action personnelle, avec tendresse et bienveillance. Une œuvre de charité est une chose compliquée ; comme une automobile, elle a besoin d'une route grande et large. Elle ne peut pas s'engager dans les petits chemins détournés. Ces voies sont réservées aux promeneurs qui savent ouvrir leurs yeux et leur cœur avec compréhension.
Notre conscience ne peut abdiquer devant un organisme ou un gouvernement : « Suis-je donc le gardien de mon frère ? »
Oui, très certainement. Je ne peux pas échapper à mes responsabilités en déclarant que l'État fera le nécessaire s'il existe un vrai État. Il est tragique de voir que, de nos jours, tant de gens pensent le contraire. Même au sein de la famille, les enfants en arrivent à imaginer qu'ils n'ont pas à s'inquiéter des personnes âgées ou nécessiteuses. Les retraites non payées des hommes âgés ne déchargent pas les enfants de leurs devoirs. Ôter à ce soin son caractère humain, c'est détruire dans son principe la charité, fondement de l'éducation et de la civilisation.
La tendresse que nous éprouvons pour des êtres plus faibles que nous est un réconfort pour notre cœur. Faute de compréhension et de pitié, nous devenons odieux les uns envers les autres. À partir du moment où nous comprenons notre prochain, où nous lui témoignons de la compassion et où nous lui pardonnons, nous purifions notre âme.
Mais pourquoi devons-nous pardonner à notre prochain ? Parce que, si nous ne pardonnions pas à tous nos semblables, nous manquerions de sincérité envers nous-mêmes. Nous agirions comme si nous étions innocents de ces mêmes offenses que nous condamnons, et nous ne le sommes pas. Nous devons pardonner le mensonge parce qu'il nous a tant de fois ternis. Nous devons pardonner l'indifférence, la haine, la calomnie, la fraude, l'arrogance, la vengeance parce que si souvent nous avons nous-mêmes failli à l'amour, nous avons détesté, nous avons calomnié, nous avons fraudé, nous nous sommes montrés méprisants et arrogants. Nous devons pardonner humblement et sans ostentation. En général, on ne réussit pas à pardonner complètement ; nous parvenons même à peine à être tout à fait justes. Qui essaie de suivre ce principe à la fois si simple et si dur connaîtra les vraies aventures et les vraies victoires de l'âme.
Un homme nous a fait tort. Allons-nous attendre qu'il vienne nous faire des excuses ? Non, il peut ne jamais venir demander pardon : donc, nous ferons le premier pas pour nous réconcilier à lui. À travers les âges, les religions se sont efforcées d'apprendre aux hommes à savoir pardonner car ce geste ennoblit leur cœur et répond au message de l'Évangile : « Nous serons pardonnés dans la mesure où nous l'avons fait nous-mêmes! » Un homme nous a joué un très mauvais tour, il l'a regretté et a demandé pardon à Dieu ; Dieu au vu de son regret et de sa culpabilité lui a pardonné et nous-mêmes nous ne l'avons pas fait ! L'homme a été pardonné et blanchi et nous lui tenons toujours rigueur pour le reste de nos jours. Le pardon de Dieu prend le dessus et nous serons jugés nous-mêmes pour ne pas l'avoir pardonné. Le Christ notre Seigneur, nous a commandé de pardonner et nous ne l'avons pas fait, Lui a pardonné et c'est nous qui serons jugés d'injustice et d'iniquité. « Ne jugeons pas l'homme pour ne pas être jugé par Dieu », Lui qui a pardonné et nous le contraire...

Sylvain THOMAS

Au cours de la fin de ma jeunesse, je me rends compte de quelle importance ont été pour moi l'aide, la compréhension, le courage, la gentillesse et la sagesse que tant de gens m'ont dispensés. Ces messieurs et ces dames sont entrés dans ma vie et sont devenus pour moi des forces intérieures. Mais ils ne l'ont jamais su. Je n'ai pas non plus compris sur le moment le véritable sens de l'aide...

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