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Culture - Scène contemporaine

Ghida Hachicho danse avec l’invisible

Avec sa performance « Traces of Absence », la jeune chorégraphe joue avec l'élasticité de son corps, du temps et de l'espace. Une performance physique ambitieuse, même si inégale, fruit de la réflexion d'un trio original.

Fawzi Halabi et Ghida Hachicho essaient de capturer le présent qui s’évanouit. Photo Nasser Trabulsi

Tout a commencé avec des improvisations il y a plus d'un an. Deux garçons et une fille se réunissent autour des liens entre visuels, mouvements et sons. En s'appuyant sur ces trois éléments, le trio tente d'inventer des poèmes que l'œil et l'oreille peuvent décrypter.
«Nous jouons avec le rythme du corps et ses répétitions, mais aussi la musique et l'espace. Nous voyons cela comme une expérience afin de comprendre le mouvement », observe la chorégraphe Ghida Hachicho. Après des études d'architecture à l'AUB, la danseuse s'est tournée vers la scénographie et la danse. L'artiste se focalise désormais sur l'importance des mouvements. « Comprendre la relation du corps à l'espace est un trait qui revient dans l'architecture comme dans la scénographie », explique timidement la jeune femme de 26 ans.

Pour Karim Farah, metteur en scène de cette performance, l'architecture est très similaire à la danse et aux mouvements du corps. « Dès que l'espace est affecté par la lumière, le mouvement change. De la même manière, le mouvement bouscule l'espace », soutient celui qui est aussi graphiste free-lance.
Fawzi Halabi a rejoint l'aventure en croisant ses deux amis au restaurant Meziane de Hamra. Un lieu dans lequel les clients dînent, échangent, puis finissent par danser la dabké tardivement. « À partir de ce moment-là, nous n'avons fait que travailler en commun. Nos visions, nos perspectives et expériences dans la vie, que ce soit la danse ou la musique, nous avons tout mis sur le même plan », raconte le jeune trentenaire.
L'ancien graphiste a donc fait le choix du frame-drum (tambour sur cadre) – après plusieurs essais infructueux – pour accompagner Ghida. Les sons tracent parfois le contour des images, tandis qu'à d'autres moments de la performance, les rythmes dispensés par Fawzi Halabi se mettent complètement en retrait afin de laisser l'énergie corporelle dominer.

Traces of Absence est un ensemble d'images qui ne sont pas figées. Chacune d'entre elles donne l'impression d'un souvenir qui disparaît progressivement. Ghida Hachicho part ainsi à la recherche de l'absence et se risque à saisir le mouvement imperceptible du présent qui s'évanouit. Tout est donc question de répétitions minimales et de perception de l'immédiateté. « Même un corps constamment en mouvement peut engendrer un sentiment d'immobilité, car une partie du souvenir de l'image va être oubliée, tandis qu'il restera toujours un substrat », précise la chorégraphe.

En 40 minutes, trois univers sont exposés. Le visible et l'invisible par un corps
élastique et fragmenté dans une première partie. Ensuite, la chorégraphe s'amuse à danser avec la couleur bleutée de la vidéo projetée. Enfin, la troisième partie, plus lumineuse, s'intéresse à la question du vide. Après certaines longueurs – voulues, certes–, les pieds et les mains de la danseuse crissent sur le revêtement, tout autant que le son de sa respiration. Ce ne sont plus simplement des gestes, mais bien des contemplations et des souvenirs.
C'est inégal, mais cela vaut le détour.

* Au théâtre Tournesol (Tayyouné), les samedi 5 et dimanche 6 septembre à 20h30.

Tout a commencé avec des improvisations il y a plus d'un an. Deux garçons et une fille se réunissent autour des liens entre visuels, mouvements et sons. En s'appuyant sur ces trois éléments, le trio tente d'inventer des poèmes que l'œil et l'oreille peuvent décrypter.«Nous jouons avec le rythme du corps et ses répétitions, mais aussi la musique et l'espace. Nous voyons cela comme une...

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