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Moyen Orient et Monde - Diplomatie

Obama et Salmane pétris de bonne(s) volonté(s)

Méfiance et contradictions (mutuelles), et beaucoup de questions (Yémen, Syrie, terrorisme...) au menu du sommet Obama-Salmane demain à la Maison-Blanche, mais les relations américano-saoudiennes restent solides.

Le président américain Barack Obama et le roi Salmane. Jim Bourg/Reuters

La première visite du roi Salmane aux États-Unis, depuis qu'il a succédé à Abdallah, marquera une nouvelle page entre Washington et Riyad. Selon la Maison-Blanche et l'ambassade saoudienne aux États-Unis, elle durera du 4 au 6 septembre et portera notamment sur l'Iran, après que le royaume wahhabite eut publiquement approuvé l'accord sur le nucléaire et sur la prévention d'une déstabilisation de la région, à cause des guerres en Syrie et au Yémen. Les deux hommes évoqueront également l'éventail d'objectifs sécuritaires conjoints et les mesures « efficaces » pour lutter contre le terrorisme.
Après le sommet Obama-Salmane, qui se tiendra demain à la Maison-Blanche, le souverain wahhabite rencontrera les leaders du Congrès, qui s'apprête à donner son verdict, le 17 septembre, sur l'accord nucléaire avec l'Iran. Il se pourrait aussi qu'il soit présent au forum USA-Arabie saoudite qui se tiendra dans la capitale fédérale parallèlement à la visite officielle et qui portera sur les thèmes suivants : énergie, santé, pétrochimie et services financiers.
La délégation saoudienne comprend les ministres des Affaires étrangères (Adel Joubeir, ancien ambassadeur à Washington), des Finances (Ibrahim el-Assaf), du Commerce et de l'Industrie (Toufic el-Rabiaa) et de la Santé (Khaled el-Faleh), ainsi que le gouverneur de la General Investment Authority.
Il est prévu qu'à l'issue de sa visite à Washington, le roi Salmane se rendra au Caire.

 

( Pour mémoire : Obama et le prince héritier saoudien font assaut d'amabilités pour contrebalancer l'absence de Salmane )

 

Des « hoquètements »...
En reprenant langue, les États-Unis et l'Arabie saoudite veulent que les divergences des dernières années deviennent « history », qu'elles soient reléguées au passé, car leurs relations, établies en 1933, ont toujours été cordiales.
Sauf que les perturbations ont commencé lorsque le prince Bandar ben Sultan, ancien ambassadeur à Washington, qui avait l'oreille du roi défunt Abdallah, avait prôné une distanciation avec l'Amérique à cause de sa position de retenue envers la guerre en Syrie. Cette initiative avait fait long feu et avait coûté au prince Bandar son poste de conseiller à la Sécurité nationale. Cela sans compter la critique inattendue et tonitruante du prince Turki el-Fayçal, également ancien ambassadeur à Washington et ancien chef des renseignements saoudiens : « Nous avons vu plusieurs lignes rouges tracées par le président Obama qui, avec le temps, ont viré au rosâtre et, éventuellement, sont devenues blanchâtres. Alors que l'on s'attend à ce qu'un leader d'un pays comme les États-Unis s'en tienne à ses engagements... » La réaction a été immédiate et glaciale : le prince Turki n'occupe plus aucun poste officiel. Enfin, autre dérapage à signaler : quand le roi Salmane avait voulu se positionner à égale distance avec Moscou, Pékin et Washington à cause de l'ouverture de l'administration Obama sur l'Iran.
En définitive, comme le dit le titre de l'ouvrage de la chercheuse Rachel Bronson, « les relations entre la plus grande démocratie et la monarchie absolue restent Thicker Than Oil (plus denses que le pétrole) ». Surtout que ces deux-là considèrent leurs désaccords passagers comme des « hoquètements ».

 

Intérêt mutuel
Et pour cause, ils ont besoin l'un de l'autre. Avec le continuel effondrement du prix du pétrole, moins de 40 dollars le baril, et sachant que le royaume a besoin qu'il atteigne 70 dollars pour équilibrer son budget, Riyad ne peut pas se permettre d'être en mal avec son partenaire américain. Lequel compte sur lui pour faire passer sans à-coups son accord avec l'Iran et montrer aux pays du Golfe qu'il ne veut pas troquer un allié contre un autre – au contraire : Washington entend tout autant ouvrir une nouvelle page avec eux.
Ainsi, tous deux doivent naviguer ensemble, en parallèle, dans cette nouvelle réalité. Sans compter qu'il y a régulièrement un roulement de plus de 70 000 étudiants saoudiens qui s'inscrivent dans les universités aux USA (et non à Moscou) et qu'environ 300 compagnies américaines travaillent en partenariat avec des Saoudiens.

 

(Pour mémoire :L'absence du roi Salmane à Camp David souligne les divergences avec Washington)

 

Yémen et Syrie
En attendant, les États-Unis se sont déjà mis en contact avec le sultanat de Oman (qui avait initié l'accord USA-Iran) pour la mise au point d'une éventuelle paix négociée au Yémen – surtout que les bombardements par les forces saoudiennes ne se sont pas avérés la solution adéquate. De plus, on ne peut pas parler, ici, de ligne de victoire, car les houthis sont des Yéménites. L'Amérique veut donc jouer un rôle efficace dans l'unique sortie de ce conflit : une paix négociée. Et encourager l'Arabie saoudite, qui a déjà dépensé des sommes énormes dans cette lutte, à en faire de même.
Concernant la Syrie, il y a eu un désaccord fondamental entre les USA et le royaume – plus précisément au moment où le prince Bandar se plaignait de la lenteur US à entrer en jeu dans le conflit syrien. À ce moment aussi, le président Obama s'était vu abandonné par son alliée historique, la Grande-Bretagne, le Premier ministre David Cameron n'ayant pu convaincre la Chambre des communes de se joindre à la coalition qui se rangerait du côté des rebelles. Le projet était tombé à l'eau, car le chef d'État américain ne voulait pas se lancer seul dans cette entreprise. Même avec l'appui total de la France...
Aujourd'hui, le président Obama va demander au roi Salmane de calmer ses relations avec l'Iran, qui doit contribuer avec la Russie à trouver une solution pour la Syrie. D'autant que la récente capture, à l'aéroport de Beyrouth, du terroriste saoudien responsable de l'attaque de la baraque américaine à Khobar et réfugié en Iran depuis les années 90 est un geste envers les Saoudiens, afin d'apaiser leurs appréhensions et leurs craintes vis-à-vis des Iraniens.
Le roi Salmane, qui a déjà manifesté des signes d'ouverture à l'intérieur de son pays et qui a accepté de venir à Washington, ce qu'il avait refusé de faire en mai dernier, dans le cadre du sommet des pays du Golfe à Camp David, affiche clairement son désir de faire fructifier ses relations avec les États-Unis.

 

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