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Liban - La psychanalyse, ni ange ni démon

L’interprétation des rêves -1-

Le rêve nous mène en bateau, tout en nous disant la vérité.
Comme nous l'avons vu la dernière fois avec le rêve exemplaire de cette femme, rêve où se révèle à elle qu'elle est le metteur en scène de son rêve, même si elle s'y donnait un rôle passif de victime poursuivie par un agresseur apparent, la signification des rêves se dévoila à Freud pendant sa longue psychanalyse épistolaire avec Fliess, analyse originelle qui dura une quinzaine d'années.
Le rêve est apparu à Freud comme la continuation d'une parole suspendue la veille. Cette suspension est l'effet de la Censure. Le sujet veut dire quelque chose qui lui tient à cœur, mais il n'y arrive pas. Lacan disait à propos du symptôme : « Le symptôme est une parole bâillonnée. » On peut dire que le rêve est la reprise de la parole suspendue la veille, que le rêve débâillonne la parole. Exemple : un étudiant en médecine qui ne comprenait rien au cours que je donnais avait une forte envie de me dire « ferme ta gueule ». Il rêve la nuit même qu'il est ORL et que je le consulte parce que je suis aphone. Son rêve reprend donc la parole qu'il n'a pas pu dire la veille.
L'analyse originelle de Freud avec Fliess s'est faite selon quatre axes essentiels, sur lesquels Freud recueillait avec la plus grande patience les formations de son propre inconscient : ses rêves, ses lapsus et actes manqués, ses mots d'esprit et enfin ses symptômes. Il y a là, surtout dans ses rêves et suscités par sa relation à Fliess, le témoignage le plus fidèle de la présence incontestable de l'inconscient.
Freud notait ses rêves, les décryptait, les interprétait et, pour la plus grande part, les envoyait à Fliess comme le seul destinataire capable de les entendre. En publiant, en 1900, L'Interprétation des rêves, ouvrage devenu célèbre dans le monde entier comme le livre majeur de la psychanalyse, Freud donne au lecteur un matériel inépuisable pour aborder ses propres rêves. On peut dire qu'à partir de ce moment, la psychanalyse a pris sa dimension publique. Freud a ouvert la voie à ce qui allait être la nécessité de transmettre la psychanalyse au public. Sinon, rien ne la distinguerait d'un délire à deux. C'est d'ailleurs grâce à ce livre, peu lu au départ, que les premiers élèves de Freud se regroupèrent autour de lui à partir de 1902.
Même si la psychanalyse n'est pas une science, sa transmission par ceux qui en ont fait l'expérience reste la seule garantie qu'elle est une pratique scientifique et qu'elle n'est certainement pas par ailleurs une « science occulte ». En publiant ses rêves, Freud nous donne un fantastique exemple de cette nécessité. D'autant plus qu'à l'époque, il fallait là aussi surmonter le mépris du monde scientifique qui ne pouvait que dédaigner le moindre intérêt pour le rêve, considéré – même encore aujourd'hui – comme « un sursaut ou un accident de la vie psychique par ailleurs endormie ». Par son intérêt pour le rêve, Freud renouait avec les traditions antiques, tout en rompant avec l'interprétation qu'elles en donnaient : la prédiction de l'avenir.
Comme le symptôme, le rêve est une formation de l'inconscient. L'intérêt de Freud pour le rêve est d'abord suscité par la place qu'il occupe dans les associations libres des patients. La méthode de l'association libre, nouvellement utilisée par Breuer et Freud comme le meilleur moyen d'accéder aux souvenirs oubliés, amenait invariablement les patients à parler de leurs rêves. Poussant ses patients à ne rien censurer de ce qui « s'imposait » à eux dans leurs associations libres, Freud s'est trouvé dans la nécessité de respecter comme eux le chemin que leur indiquaient ces associations. C'est ainsi que le rêve commença à prendre progressivement la même importance que les symptômes névrotiques. Il est aussi une formation de l'inconscient. Le fait d'avoir saisi que le rêve était aussi une formation de l'inconscient amena Freud à énoncer que « l'interprétation des rêves est la voie royale qui mène à l'inconscient ». Le rêve, bien plus que les autres formations de l'inconscient, permet d'accéder à l'inconscient, soit à notre mémoire oubliée depuis l'enfance. Chaque rêve contient une partie de cette mémoire oubliée. Chaque rêve est une part de libération, permettant au sujet de retrouver sa vérité refoulée.
Nous verrons la prochaine fois comment se fabrique un rêve, à partir de la différence entre le contenu manifeste et le contenu latent.

Chawki AZOURY

Le rêve nous mène en bateau, tout en nous disant la vérité.Comme nous l'avons vu la dernière fois avec le rêve exemplaire de cette femme, rêve où se révèle à elle qu'elle est le metteur en scène de son rêve, même si elle s'y donnait un rôle passif de victime poursuivie par un agresseur apparent, la signification des rêves se dévoila à Freud pendant sa longue psychanalyse...

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