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Économie - Commerce

La baisse du yuan aura-t-elle un impact sur l’économie libanaise ?

La dépréciation brutale du yuan par rapport au dollar pourrait faire diminuer le coût des importations libanaises en provenance de Chine. L'effet sur l'économie libanaise devrait néanmoins être marginal.

La baisse du yuan pourrait booster les importations de produits chinois. Archives AFP

Entre le 10 et le 13 août, la Banque centrale de Chine a pris ses homologues et les cambistes de cours en abaissant à trois reprises le taux de référence du yuan face au dollar, entraînant une dépréciation relative de 4,4 % de la monnaie chinoise. Sans doute destinée à relancer des exportations et une activité en berne, cette dévaluation de facto – la plus importante depuis celle qui, en 2005, avait conduit à la mise en place par Pékin du système de change actuel – a ravivé le spectre d'une guerre des monnaies et entraîné de sérieuses secousses sur la majorité des grandes places financières mondiales.

 

Hausse du déficit commercial ?
Si les conséquences à moyen et long terme de cette dépréciation sur des puissances économiques comme les États-Unis, le Japon et l'Union européenne (UE) restent à déterminer, la problématique se pose différemment au Liban. « Les banques libanaises ne se sont pas engagées sur les places financières chinoises et les transactions avec la Chine se font exclusivement en dollars, ce qui limite considérablement l'impact direct de la baisse de la monnaie chinoise sur le plan financier », affirme le directeur du département international à Fransabank, Georges Andraos. « Il n'y a pas de raisons de tirer la sonnette d'alarme pour la finance libanaise, d'autant que la valeur de la livre libanaise reste ancrée sur celle du dollar », renchérit de son côté Jassem Ajaka, conseiller économique au ministère libanais de l'Économie et du Commerce.
Indolore pour la finance libanaise, cette dépréciation pourrait néanmoins impacter le commerce extérieur du pays. « La baisse du yuan combinée à la chute des cours du pétrole, qui flirtent désormais avec la barre des 40 dollars, va alléger la facture des importations en provenance de Chine et sans doute pousser les opérateurs libanais à augmenter leur volumes », explique M. Ajaka. « Avec plus d'un milliard de dollars de produits importés, la Chine est le deuxième fournisseur du Liban au premier semestre 2015 ; derrière l'UE mais devant le premier des pays européens, l'Italie, qui plafonne à 629 millions de dollars », indique le chef du département de recherche de Byblos Bank, Nassib Ghobril, en se référant aux chiffres de l'administration des douanes libanaises. Il estime qu'il faudra attendre le bilan du second semestre de l'année en cours pour mesurer l'impact réel de la chute du yuan sur les importations. « La seule certitude, c'est que la dépréciation du yuan se traduira sans doute par un accroissement du déficit de la balance commerciale, car son impact sera sans doute marginal sur les exportations libanaises, qui plafonnent à un niveau extrêmement bas », estime M. Ajaka. Évaluées à 12 millions de dollars en 2014, ces dernières n'ont en effet même pas atteint la barre des 6 millions cette année.

 

Quid des consommateurs ?
Mais il n'est pas certain que la baisse de la facture des importations profite à l'industrie libanaise ou au consommateur. « La baisse du yuan est un phénomène ponctuel dont certains acteurs profiteront temporairement. Son impact sur l'industrie libanaise sera donc limité dans la mesure où il pourra difficilement contribuer à soutenir la croissance du secteur », souligne le président de l'Association des industriels libanais, Fadi Gemayel. Le Liban importe principalement de Chine des métaux ordinaires à usage industriel, du plastique et des biens de consommation (produits textiles et électroménagers). Même topo pour les ménages. « Il n'est absolument pas écrit que la baisse du coût des importations se traduira par une baisse des prix des biens de consommation », affirme de son côté M. Sarraf, le président de Businessmed, une organisation réunissant les hommes d'affaires de la Méditerranée. Il reconnaît en effet que certains importateurs « seront tentés de profiter de la baisse du yuan pour augmenter leurs marges ».


M. Ajaka rappelle enfin que le Liban devra jongler avec les conséquences d'une éventuelle « guerre des monnaies » au cas où les États-Unis, le Japon ou encore l'Union européenne décideraient de déprécier à leur tour leur monnaie pour contrer les effets de la baisse du yuan sur leurs économies respectives. « Si l'UE déprécie sa monnaie avant le dollar, cela aura les mêmes conséquences sur le coût des importations en provenance de la zone euro qu'avec la dévaluation du yuan. En revanche, si ce sont les États-Unis qui décident les premiers de procéder à une dépréciation du dollar, les produits libanais pourront sans doute bénéficier d'un gain de compétitivité par rapport à Europe », conclut-il.

 

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