À l'heure où l'étude des océans (...) et du dessalement de l'eau de mer est à l'ordre du jour dans le monde entier, il se produit, à quelques kilomètres du littoral libanais, un pillage systématique de la faune et des éponges sous-marines par des vedettes rapides des forbans modernes, venus de Grèce et du Japon.
Cet été, le CNRS a pris l'heureuse initiative de patronner des stages organisés par l'Association méditerranéenne de biologie maritime et d'océanographie. (...) Ces cours seront assurés par divers enseignants internationaux, dont Jean-Marie Pérès (...), directeur de la station marine et du Centre d'océanographie. (...)« Au large des côtes libanaises, nous a déclaré M. Pérès, on ignore ce qu'il y a. Les Japonais, eux, le savent. Ils ont écumé littéralement les côtes du Brésil et sont en train de le faire chez vous. Ils ne sont pas les seuls. Vous n'ignorez pas que les pêcheurs d'éponges grecs ont la presque totalité du « monopole » des éponges en Méditerranée, qu'ils se sont octroyés eux-mêmes. La faune et la flore aquatique sont arrachées méthodiquement. »
« (...) Le Liban produit annuellement 2 500 tonnes de poisson. Il en consomme en fait 5 000. (...) À raison de 3 livres le kilo, cela représente une dépense de 12 millions de livres. (...) Au point de vue social, il y a 4 000 pêcheurs. Leur revenu moyen est de 3 livres par jour au maximum pour faire vivre environ 20 000 Libanais. Il s'agit donc d'améliorer en même temps la pêche et le standing de vie de ces pêcheurs et de leurs familles. »
« Dès 1964, Israël a entrepris le dessalement de l'eau de mer. Le Liban doit dès à présent se préparer à résoudre ce qui sera la hantise de la fin du siècle : la pénurie d'eau. Il faut donc commencer par le commencement, a conclu le professeur Pérès : par l'étude de l'océanographie, du milieu des espèces, des populations si elles se renouvellent vite ou si elles sont stables. »
Propos recueillis par Edward George
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