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Moyen Orient et Monde - Interview express

La zone préconisée par la Turquie commence-t-elle à prendre forme ?

Trois questions à... Élias Hanna, général libanais à la retraite, professeur de géostratégie à la NDU et l'AUB.

Des combattants de l’Armée de l’islam (Jaych el-islam) dans la province d’Alep. Zein el-Rifai/AFP

La prise ces derniers jours de plusieurs villages syriens frontaliers de la Turquie par l'État islamique (EI) a suscité nombre de commentaires et de réactions. Pour certains observateurs, ces villages (Sandaf, Dalha, Harjala et Harbal), ainsi que la ville de Marae, dans la province d'Alep, revêtent une importance particulière. Contrôlés au préalable par le Front al-Nosra, la branche syrienne d'el-Qaëda, ces villages ont été évacués par les combattants de cette organisation il y a quelques semaines lorsque la création d'une zone sécurisée (libérée de toute présence de l'EI) s'est précisée. La ville de Marae, outre son positionnement sur une route d'approvisionnement entre la Syrie et la Turquie, serait également le berceau de nombreuses figures majeures de l'opposition originelle de 2011. Mais ces localités sont-elles plus importantes que d'autres ?

 

En quoi la ville de Marae est stratégique ?
La ville de Marae n'est pas plus importante (que les autres villes frontalières), elles se valent toutes. Celle-ci par exemple sert de passage vers plusieurs villes-clés, dont Menbej et Alep. Elle se trouve en outre au cœur de la zone sécurisée que la Turquie cherche à établir. Lorsque les combattants d'al-Nosra se sont retirés de la région de Marae, ils ont laissé un vide (et l'EI en profite).


(Lire aussi : L'EI s'empare de deux quartiers dans la périphérie de Damas)

 

Pourquoi les combattants d'al-Nosra se sont-ils retirés dès l'annonce d'une volonté d'établir une zone débarrassée de l'EI, au lieu d'attendre sa mise en place ?
Le Front al-Nosra s'est retiré pour plusieurs raisons. D'abord, les forces qui vont entrer en jeu lors de la création de cette zone vont, elles, « s'occuper » de Daech (acronyme arabe de l'EI). Ensuite, les combattants qui se sont retirés deviennent ainsi un surplus d'effectifs qui peut être utilisé ailleurs, dans des zones où ils seront plus utiles. Cette région n'est pas la cible principale de l'aviation turque et/ou américaine. Plus encore, il y a en Syrie quelque 300 000 Turkmènes, qui se trouvent justement le long de ces régions frontalières (ainsi qu'à Azaz, Jarablus, etc.) sur une centaine de kilomètres, et plus de 30 km à l'intérieur du pays ; le plan américain est d'envoyer, sous l'égide turque, 5 000 hommes, majoritairement turkmènes, entraînés et équipés dans cette région.
Les derniers développements portent-ils préjudice à la création de cette zone ? Aux ambitions turques à la frontière, de manière plus générale ?
Pas du tout. Voyez le paradoxe : le but de la Turquie est d'empêcher les Kurdes d'avoir une zone autonome à sa frontière, et de combattre le régime (syrien de Bachar el-Assad). Celui des États-Unis est de se débarrasser de l'EI avant même de combattre le régime. Les priorités ne sont pas les mêmes partout. Ainsi, lorsque la Turquie se décidera à intervenir militairement, le problème ne sera pas l'EI, qui n'influe en rien sur les ambitions turques.

 

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