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Nos Lecteurs ont la Parole - Georges TYAN

Remboursez !

Rigolo, ce mur de Berlin en plein centre-ville de Beyrouth. Heureusement que le Premier ministre a eu la présence d'esprit de le faire enlever, sinon imaginez un peu les murs du même genre qui auraient fleuri un peu partout autour des résidences principales, secondaires ou tertiaires de nos responsables pour qui le mot infatué va comme un gant.
Rigolos également, mais à une moindre échelle, ces manifestants qui ont commencé par les ordures ménagères, pour finir par vouloir jeter tout le personnel de la république dans les poubelles, ne comprenant pas que c'est peine perdue tant que la démocratie n'aura pas suivi son cours. Ces gens-là, messieurs, sont des durs à cuire, ils sont autorecyclables, vous les chassez par la porte, ils reviennent par les fenêtres.
Plus rigolo encore, l'étonnement de constater que des casseurs se sont joints aux manifestants, télécommandés ou œuvrant pour leur propre compte. Ces microbes sont parfaitement à leur place. Qu'il n'y ait pas de grabuge, la manifestation n'en serait pas une, d'autant plus qu'il faut donner aux politiciens matière à s'accuser mutuellement d'avoir lâché leurs chiens, comme le titrait péjorativement L'OLJ et que je n'ai pas aimé du tout, pour par la suite récupérer chacun en sa faveur ce mouvement populaire émanant à l'origine d'un ras-le-bol à tous les niveaux de la population.
Il faut avouer que nos dirigeants sont des gens intelligents, sinon comment expliquer leur longévité, du grand-père au fils, au petit-fils, à l'épouse, à la fille, avec, pour ne pas être taxé de partialité, les beaux-fils, toute la lignée y passe. C'est à se demander si, à part leur côté folklorique et les petits sous grappillés par quelques électeurs, les législatives ont encore d'une quelconque utilité.
Je me demande des fois comment, en ce XXIe siècle, des penseurs, des philosophes, des ingénieurs, des médecins, des juristes, des professeurs, des personnes qui lisent les journaux s'expriment en deux ou trois langues, suivent l'actualité locale et internationale, analysent les situations, donnent leur avis sur tout et n'importe quoi, ou tout simplement des êtres humains qui respirent, parlent, vivent, acceptent encore de faire allégeance à des gens, juste par féodalisme ou parce que l'aïeul fut un grand commis de l'État, ou qu'un membre de la famille fut ignominieusement tué pour que soi-disant je vive.
Je contemple dubitatif ces pères de famille qui s'endettent, vendent le petit lopin de terre hérité dans un coin perdu de la montagne, font deux ou trois métiers à la fois, ces mères qui se sacrifient à des tâches ménagères ingrates, triment du matin au soir pour assurer la scolarité de leurs enfants, la continuité de leur éducation universitaire au Liban ou à l'étranger, de manière à leur donner un avenir décent.
Je tire mon chapeau à tous ces jeunes qui servent dans les cafés et restaurants afin de mettre de côté quelques sous pour vivoter et régler des frais universitaires qui deviennent de plus en plus lourds, comme eux je refuse que l'éducation soit l'apanage des nantis.
C'est eux l'avenir du Liban, ces jeunes gens et jeunes filles qu'on spolie sans vergogne, qu'on envoie se faire tuer par-delà les frontières, qu'on ramasse à la pelle devant les missions étrangères tentant d'obtenir un visa vers un monde meilleur, pour justement que cette classe politique aveugle, imperméable à la souffrance, égoïste, sclérosée, garde les coudées franches et continue de mettre le pays sous sa coupe.
Ce sont en majorité ces personnes qui se sont retrouvées au centre-ville, criant leur ras-le-bol face à la gabegie, des passe-droits, du vol institutionnalisé, du manque d'eau et d'électricité, dénonçant la carence d'une classe politique qui sévit contre nous depuis des lustres, qui ne leur a servi que mensonge sur mensonge.
Il n'est pas dans mon intention de faire le procès de quiconque. Toutefois, comme tout le monde, j'ai des oreilles pour écouter même les ragots les plus perfides, et il n'y a pas de fumée sans feu. Et des yeux pour voir qui, du jour au lendemain, est passé du taudis miséreux au château des mille et une nuits, du véhicule, vieux tacot cabossé, au bolide rutilant dernier cri, et, pour madame, des fripes usées à la garde-robe haute couture, sachant qu'elle s'habillait à crédit à la mercerie du coin.
Il est vrai que le silence du peuple libanais donnait à penser qu'il est indigent ou tout simplement idiot. Ceux qui faisaient ami-ami et fricotaient avec l'occupant syrien avant de retourner leur veste tiraient de leur chapeau chaque jour un nouvel ennemi, un nouveau mobile, alimentant une situation délétère pour mieux le dépouiller de concert avec ceux-là mêmes que justement ils lui présentaient comme l'ogre qui veut l'avaler tout cru.
C'est dire combien les deux parties étaient et sont toujours de mèche pour se partager les richesses de notre pays et perdurer. C'est simpliste peut-être, mais grosso modo, c'est ainsi que cela se passe.
Certes, le chemin est ardu, le changement ne sera pas facile, déloger les profiteurs tiendra de la gageure, ils ont plus d'un tour dans leur sac. Les coups bas seront au menu, c'est leur survie dorée qu'ils vont défendre bec et ongles.
Et vous, jeunes de mon pays, battez-vous pour un avenir des plus prometteurs. Ce ne sont pas les moyens qui manquent, notre littoral regorge de richesses qui, si elles sont honnêtement et équitablement distribuées, vous permettront de faire du Liban un paradis.
Il est temps de crier tout haut ce que tout le monde murmure : Remboursez !

Rigolo, ce mur de Berlin en plein centre-ville de Beyrouth. Heureusement que le Premier ministre a eu la présence d'esprit de le faire enlever, sinon imaginez un peu les murs du même genre qui auraient fleuri un peu partout autour des résidences principales, secondaires ou tertiaires de nos responsables pour qui le mot infatué va comme un gant.Rigolos également, mais à une moindre échelle,...

commentaires (2)

"Il faut avouer que nos dirigeants sont des gens intelligents, sinon comment expliquer leur longévité." ! Très simple, äâïynéééh, la Bêtise de leur "électeur" libanais(h).

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

15 h 08, le 28 août 2015

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Commentaires (2)

  • "Il faut avouer que nos dirigeants sont des gens intelligents, sinon comment expliquer leur longévité." ! Très simple, äâïynéééh, la Bêtise de leur "électeur" libanais(h).

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    15 h 08, le 28 août 2015

  • Merci pour tellement de choses et cet article en particulier aujourd'hui hui. Joanna Rbeiz

    Geha bel Day3a

    08 h 05, le 28 août 2015

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